The path we walk


Auteur: Sweetie
Feedback: Yes, please!
Archive/ distribution: Buffy & Angel Rock!
Résumé:
Lindsey a quitté L.A. après avoir récupéré sa main. Il repart chez lui, après avoir fait ses adieux à Angel. Sur la route, une étape imprévue va le faire rester à Los Angeles...
Chronologie: Se passe après l'épisode Dead End (#318 Ats)
Interdiction/classement: PG -13, comme la série
Disclaimer: Tous les personnages appartiennent à Joss Whedon…. C'est lui Dieu. Oh, et David Greenwalt a aussi son mot à dire ici :)
Note #1: La chanson que Lindsey chante s'intitule "Rattlesnake Smile" ; c'est une vraie chanson, du groupe Kane (dont Christian est le chanteur), que vous pouvez trouver sur leur album Kane. Pour plus d'informations, allez sur kanemusic.com
Note #2: La chanson de la fin est une oeuvre de George Sarah et Anthony Stewart Head, qui se nomme "Change". Vous pouvez la télécharger ici.


Angel regarda la voiture de Lindsey s'en aller, un demi-sourire aux lèvres. Bon débarras ! Il tourna les talons, songeant avec plaisir à la réaction qu'aurait Lindsey en voyant le panneau " Cops Suck " accroché à l'arrière de sa camionnette…
Les policiers qui l'avaient arrêté à la sortie de Los Angeles avaient beaucoup moins ri, bizarrement, manquant probablement d'humour. Il avait essayé d'expliquer qu'il n'y était pour rien, mais il n'avait réussi qu'à se monter encore plus contre lui des flics déjà très énervés.

Il se laissa donc emmener à l'arrière de la voiture de police, menotté , jusqu'au poste de police. Là, on lui signifia ses droits, ce qui le fit rager intérieurement, et on lui annonça qu'avant de le mettre en cellule pour la nuit et de le présenter au juge le matin, si ce dernier le souhaitait, on l'autorisait à passer un coup de fil. Hésitant un instant à appeler chez Wolfram & Hart pour se faire libérer immédiatement grâce à leur influence, il ne le fit finalement pas. Il avait voulu partir, complètement couper les ponts, ça n'était pas pour les appeler en cas de problème ! Même pour sortir plus tôt de prison !

Il se décida à appeler Angel Investigations. Après tout, il était là à cause d'Angel ! Et lui qui lui avait dit de ne pas être immature ! Qui se moquait de qui ? La moutarde commença à lui monter au nez. Il était pour une fois sous pression, entre sa main récupérée et son départ de Wolfram & Hart ; il sentait l'explosion trop longtemps contenue arriver. Après tout, il quittait la ville, il arrêtait tout, ça faisait à Angel un problème de moins sur les bras, et voilà comment il réagissait ? Très bien puisque c'était comme ça, il n'allait pas s'en sortir ! D'ailleurs, il n'avait qu'à payer la caution de Lindsey ! Elle ne devrait pas être bien chère, peut-être même n'y en aurait-il pas du tout, quand le juge verrait son métier, mais… ça ne serait que justice que ce soit Angel qui la paye ! Question de principe !

Il décrocha donc le combiné et composa le numéro. Le répondeur se mit en marche, avant d'être arrêté par une voix féminine qui prononça un " Allo ? ".

- "Je voudrais parler à Angel, immédiatement, s'il vous plaît," prononça rapidement Lindsey, la voix un peu tendue.

- "C'est à quel sujet ? Je peux vous aider ?" lui proposa-t-on gentiment.

- "Non, je veux parler à Angel, c'est tout. Il est là ?" demanda-t-il en essayant de se contrôler un peu.

- "Je suis désolée, en fait, non. Il est parti, euh, accompagner un ami qui partait," dit Cordélia en faisant des grimaces à l'autre bout du fil, se rappelant soudain qu'elle n'était pas censée donner d'informations précises sur les activités d'Angel…

- "C'est justement l' 'ami' en question!!" s'emporta Lindsey. "Comme je suis en prison à cause de votre patron, vous aurez la gentillesse de lui transmettre que c'est lui qui va payer ma caution pour sortir ?!"

- "Quoi ? Lindsey, c'est vous ? Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ?"

- "Angel s'amuse à mes dépens, il va payer pour ça !"

- "Mais on n'a pas d'argent ! Vous êtes malade ou quoi ? D'ailleurs, je suis toujours en train de me battre avec Angel pour qu'on se fasse payer, et... "

- "Ecoutez, je peux le joindre ? Je veux vraiment lui dire ma façon de penser, à ce guignol ! Il n'en a pas marre ? Le coup du panneau derrière ma voiture, il a trouvé ça drôle ?" hurla-t-il.

- "Je pense qu'il s'agit d'un malentendu, c'est pas du tout le genre d'Angel," dit Cordélia, défendant son patron, en retenant un éclat de rire en imaginant la scène.

Lindsey sentit le rire de Cordy, et cela ne fit qu'augmenter sa rage.

- "Et vous bossez pour lui ? Vous êtes malade ? Après tout, qui se ressemble s'assemble, alors…"

- "Eh !" le coupa Cordélia, n'ayant plus du tout envie de rire. "Vous, vous bossiez à Wolfram & Hart, alors je ne me moquerais pas, si j'étais vous !"

- "Bref, on s'en fiche. Je lui enverrai la note de la caution demain, il peut en être sûr ! Et dites-lui qu'il faudrait qu'il améliore son sens de l'humour !"

Il raccrocha, toujours frustré, et légèrement honteux. Qu'est-ce qui lui avait pris de hurler violemment, comme ça ? Il secoua la tête, plein de trop de colères contenues.

A l'autre bout du fil, Cordélia tenta un " Allo ? Allo ? ", avant de raccrocher à son tour. Il était malade ou quoi, ce type ? Ok, Angel avait parfois des réactions pas très adulte ; mais est-ce que ça valait le coup de s'énerver comme ça ? Elle n'y était pour rien, elle ! Elle soupira. C'était dommage, après tout, parce qu'il était quand même très beau, ce Lindsey MacDonald. Et qu'est-ce qu'il chantait bien ! Elle n'avait pas pu détacher ses yeux de lui, à Caritas, tout à l'heure. Il avait vraiment du talent. Elle haussa les épaules, et se décida à rentrer chez elle. Elle aurait déjà dû y être, mais elle avait oublié sa trousse à maquillage à l'agence. Elle en avait une de rechange chez elle, mais… elle préférait celle-là. Elle regretta de ne pas avoir laissé le répondeur en marche, plutôt que de répondre; pour se faire crier dessus comme ça, merci bien ! Elle haussa de nouveau les épaules, et rentra chez elle.

Le lendemain matin, Cordélia se prépara tranquillement à aller travailler. Elle réfléchissait à haute voix, improvisant un dialogue de série télé au cas où une opportunité se présenterait, quand le téléphone sonna.

- "Allo ?"

- "Allo, Cordélia ? C'est Wesley ! Tu vas bien?"

- "Euh… oui," hésita Cordy avant de répondre. Est-ce qu'elle avait oublié quelque chose d'important, pour que Wes l'appelle avant le bureau ?

- "Dis-moi, je viens d'avoir un coup de fil bizarre du bureau du procureur. Il semblerait qu'on ait déposé une plainte contre nous."

- "Quoi ?!! Mais qui ? Pourquoi ?"

- "Lindsey Mac Donald, suite à une plaisanterie que lui aurait fait Angel."

- "Le coup du panneau à l'arrière de la voiture ?"

- "Mais comment tu sais ça ?" interrogea Wesley.

- "En fait… il a appelé hier soir, au moment où je repassais à l'agence. Et il était furieux, parce qu'il allait passer la nuit en prison à cause de ça. On peut le comprendre, remarque bien!" s'exclama Cordélia.

- "Bon, je t'appelais parce que je me disais que tu pourrais peut-être aller le voir et le faire changer d'avis, à propos de la plainte…"
Wesley essayait de ne pas s'embrouiller. Il voulait garder l'agence ouverte, alors… L'affrontement avait été assez violent, pour une fois, entre Angel et Wesley. Angel voulait aller directement régler le problème avec Lindsey, avec un regard qui en disait long sur la technique violente qu'il comptait utiliser… Wesley s'y était opposé et avait fait valoir son rôle de chef. Mais que faire ? Angel avait suggéré l'air ironique qu'on n'avait qu'à lui envoyer la moins dangereuse du groupe, Cordélia, tant qu'à faire ! Après un instant de pause, il avait ri et dit que c'était parfait : pas de violence, que du charme ! On pouvait tenter le coup, non ? Il fallait donc faire ce qu'il fallait, comme le lui avait indiqué Angel pour le convaincre de téléphoner à Cordélia. Il cherchait à se rappeler les arguments donnés par Angel lors de leur petite conversation, au cas où, même si lui n'était pas du tout convaincu… Est-ce qu'on pouvait demander cela à une femme ? Ca ne lui paraissait vraiment pas convenable. Affronter Cordy pour lui demander cela, il n'aurait pas pu le faire face à face ; il avait un peu peur de sa réaction. D'où le recours au téléphone… Mais il sentait le regard perçant d'Angel sur sa nuque, et il tentait d'assurer au mieux son rôle de patron, mal à l'aise.

- "Tu veux que je vende mes charmes, c'est ça ? Que je me prostitue pour l'agence ? Que je cautionne l'attitude d'Angel ? Ok !" s'exclama-t-elle.

- "Tu es d'accord ?" prononça lentement un Wesley qui n'en revenait pas que ce soit si facile. "Tu es sûre de toi ?"

- "Oui, oui, bien sûr ! Mais vous me payez tous mes frais !"

- "Quoi ? T'es folle ? On n'a pas les moyens !"

- "Mais s'il gagne contre nous ! Et logiquement, ça devrait être lui.. Parce que c'est d'un puéril de la part d'Angel d'avoir fait ça ! Il va se justifier, d'ailleurs ? Et on aura à payer des dommages et intérêts importants. C'est pas mieux que je les dépense pour la bonne cause, non ?" sourit-elle largement.

Evidemment, présenté comme cela, comment résister aux arguments de Cordélia ? Wesley donna donc son accord et lui indiqua l'adresse de l'hôtel où Lindsey s'était installé pour quelques jours, en attendant de voir si sa plainte était recevable ou non par le juge. Avant de partir, elle se changea…

************

Un peu intimidée cependant, Cordélia hésita face à la chambre 314. Elle pesait le pour et le contre. Revoir le bel avocat une autre fois, c'était un point positif. Se refaire crier dessus parce qu'il la verrait venir de loin, et saurait pourquoi elle était là, plutôt du coté négatif. Mais il chantait bien, il était avocat, c'était positif. Mais il avait travaillé chez Wolfram & Hart ; négatif. Pfff ! Elle décida d'arrêter de réfléchir, et toqua à la porte ne affichant son plus beau sourire. Une voix sourde lui parvint :

- "Je suis pas là !"

- "Excusez-moi ? Lindsey ? Lindsey Mac Donald ? je viens de la part d'Angel Investigations. J'aurais voulu vous parler."

- "Qui ça ?"

- "Cordélia Chase ! De l'agence Angel Investigations !"

Un grand silence se fit. Puis, après quelques minutes, elle entendit le bruit du loquet qu'on ouvrait. Elle remis en place son sourire aimable, et attendit la suite, un peu inquiète.

Lindsey passa la tête dans l'ouverture de la porte. Il n'était pas rasé, portait un jean et une chemise boutonnée de travers, et avait l'air d'avoir bu plus que nécessaire. Il n'avait apparemment vraiment pas apprécié la blague d'Angel et beaucoup bu pour se calmer ! Cordy se décida :

- "Je m'excuse de vous déranger," commença-t-elle, mais…

- "Non, en fait, c'est parfait," la coupa Lindsey, en ouvrant la porte en grand et en lui faisant signe de rentrer.

Celle-ci ne bougea pas un muscle.

- "Entrez, je vous en prie," insista Lindsey, en y ajoutant le geste du bras.

- "Pourquoi est-ce que c'est parfait ?" demanda Cordélia, méfiante, en plissant les yeux.

- "Entrez, je vais vous expliquer. Vous tenez à ce que l'étage entier suive notre conversation ?" dit-il en désignant le couple de personnes âgées qui passait à une vitesse plus que ralentie, faisant mine de se diriger vers l'ascenseur.

Cordélia rentra, et regarda autour d'elle. La chambre était impeccable, sauf au niveau de la chaise prés de la fenêtre. Là, deux bouteilles de whisky se battaient en duel avec une de vodka et une autre de gin. Un sac était resté dans l'entrée ; à côté reposait l'étui à guitare.

Se rappelant tout d'un coup qu'elle était là pour le séduire, elle s'assit sans façon sur le lit et arbora de nouveau son plus beau sourire communicatif. En retour, une amorce de sourire lui arriva de Lindsey.

Lindsey resta debout, mais fit un effort visible pour se détendre.

- "Ecoutez, c'est parfait si vous êtes là, je pensais vous téléphoner ou passer à l'agence pour m'excuser de la façon dont je vous ai parlé hier soir. "

- "Excuses acceptées ! Vous savez, je vous comprends ; moi aussi, parfois, j'ai du mal avec Angel !" lui glissa-t-elle en confidence, essayant déjà de le séduire.

Le sourire s'élargit de quelques centimètres.

- "Je suis désolé si je vous ai blessée. Ca n'était pas mon intention du tout."

- "Je ne vous en veux pas, vraiment. Mais pourquoi avoir déposé une plainte contre Angel, si votre colère est passée ?"

- "En fait, comme Angel s'est amusé un peu, je voudrais m'amuser aussi avant de rentrer chez moi. Maintenant que j'ai un peu digéré son humour, on va jouer avec le mien. On va voir s'il aime !"

- "Vous irez chanter de nouveau à Caritas, puisque vous ne partez pas?" ne put s'empêcher de demander Cordy. "C'est que vous étiez vraiment extraordinaire hier soir, tellement sexy et tout," s'exclama-t-elle. Elle mit soudain sa main devant sa bouche. "Oh, ce n'est pas ce que je voulais dire. Enfin si, mais pas comme ça," rit-elle.

- "Pas de problème. Les compliments sont toujours agréables à attendre. Et puis c'est peut-être une idée. Comme je dois rester quelques jours, histoire de faire mariner Angel… Ca occupera mon temps !"

- "Ca ne vous ennuie pas si je viens vous écouter?"

Lindsey avait réfléchi en quelques secondes. Il n'avait rien à faire de particulièrement intéressant dans les jours qui arrivaient, à part angoisser Angel et son équipe, et cette fille avait l'air mignonne, plutôt sympa, même si elle travaillait pour lui… Après tout, autant l'inviter à dîner, ça aiderait à faire passer le temps plus vite ! Et puis ça pourrait peut-être l'aider à améliorer sa vengeance. Il y mis cependant quelques formes.

- "Au contraire ! D'ailleurs, pour être sûr que je suis totalement excusé pour mon comportement, je vous propose de vous inviter à dîner avant. Ca vous tente ?"

- "Oui !" lança une Cordy aux anges.

- "Alors je passe vous prendre chez vous ce soir, vers sept heures ?"

- "C'est parfait," dit Cordélia en lui donnant son adresse.

**********

A son arrivée au bureau, Wesley l'assaillit de questions, l'air de rien :

- "Cordélia ? Tout va bien ?"

- "Eh oh, du calme, moussaillon ! J'ai la situation bien en main," répondit une Cordélia ravie d'accaparer l'attention. "Pour l'instant il reste et il garde la plainte. Mais j'ai rendez-vous avec lui ce soir," frétilla-t-elle.

- "Ah..." dit Wesley sans plus de commentaire.

Elle réfléchit toute la journée à ce qu'elle allait mettre, demandant même son avis à Wesley pour ne pas porter ces robes-là. Si Wesley aimait, ça n'était même pas la peine de la mettre, Lindsey n'aimerait pas. Après tout, il fallait qu'elle soit parfaite, pour que tout se passe bien et que Lindsey enlève sa plainte, non ? Cordélia se garda bien sûr de révéler à qui que ce soit que Lindsey n'irait pas jusqu'au bout sur le plan juridique ; pour le reste, elle espérait que…

A sept heures moins cinq, Cordélia était complètement affolée. Elle était partie après six heures suite à un coup de fil d'un client, avait juste eu le temps de passer sous la douche, mais pas celui de s'habiller et de se coiffer comme elle l'aurait souhaité. Elle referma son peignoir, réfléchit rapidement : la rouge ou la noire ? Laquelle lui allait le mieux ? Il lui fallait un avis.

- "Dennis ? Dis moi, tu préfère la noire ou la rouge ?" demanda-t-elle en mettant successivement devant elle les robes sur leur cintre.

La lumière se tamisa quand elle plaça la robe rouge devant elle.

- "La rouge ? Tu es sûr ?"

Un nouveau changement d'éclairage lui confirma le sentiment de son fantôme.

- "Merci Dennis ! Tu es un chou !"

Elle finissait de mettre le rouge à lèvres assorti à sa robe quand on frappa à la porte. Elle se dépêcha d'aller ouvrir, salua Lindsey et l'invita à entrer. Elle lui demanda quelques minutes supplémentaires pour finir de se préparer. Lindsey acquiesça gentiment. Dans sa chambre, elle prévint Dennis d'être gentil avec Lindsey, le menaçant du doigt.

Puis elle attrapa son sac à main rouge, vérifia que les objets essentiels s'y trouvaient : rouge à lèvres, poudre, glace, téléphone portable, mouchoirs… Elle réfléchit un instant, hésita à rajouter une bombe lacrymogène, puis renonça. Après tout, elle serait bien accompagnée ce soir… Elle sourit en coin, puis rejoint le salon.

Lindsey s'était placé sur le côté du canapé, regardant la vue de la grande fenêtre. Il admirait la ville qu'il allait quitter, sans vrai regret, mais avec cependant un pincement au cœur. C'est là qu'il était vraiment tombé amoureux, après tout… Il se retourna quand Cordy le rejoignit, et la complimenta sur sa tenue. Bizarrement, son regard resta un peu froid. Son sourire fit ensuite disparaître cette glace.
Cordélia fit un peu la grimace en voyant la camionnette dans lequel l'ex-avocat l'invitait à entrer, mais se raisonna. Après tout, il pouvait bien avoir quelques lubies, il n'en restait pas moins ce qu'il était ! Lindsey l'emmena manger californien, dans un bar typique de Los Angeles, avec une nourriture végétarienne et de la musique. La soirée commença très agréablement, en discutant de choses et d'autres. Puis Cordélia essaya de répondre à sa curiosité.

- "Dites-moi, Lindsey, comment est-ce que vous en êtes venu à travailler pour Wolfram & Hart ?"

- "En fait, ça s'est fait simplement. Comme d'autres grandes firmes, Wolfram & Hart recrute certains étudiants quand il n'en sont encore qu'à la fac. C'est ce qui m'est arrivé. J'étais en deuxième année à Hastings, et ils m'ont proposé de travailler pour eux. J'ai dit oui."

- "Vous saviez dès le départ qu'ils étaient… enfin.. vous voyez…"

- "Non, je ne le savais pas. Je ne l'ai su que quand j'ai commencé à vraiment travailler pour eux. Et encore pas tout de suite, parce que j'ai commencé au service du courrier, en dépouillant les lettres. Il regarda pensivement sa main, comme s'il pensait à autre chose ; puis il continua à parler : Mais j'ai rapidement fait comprendre à mes supérieurs que je serais plus intéressant pour eux en tant qu'avocat qu'en restant au courrier. C'est Holland, Holland Manners, qui m'a pris sous son aile et m'a fait gravir les échelons. Jusqu'aux projets spéciaux."

- "Ceux contre lesquels nous luttons."

- "Oui. Je ne sais pas si je peux être fier de ma carrière, mais… Il y a des points positifs : j'ai été junior partner chez Wolfram & Hart, j'y ai survécu, je les ai quitté et je suis toujours vivant."

- "Qu'est-ce que vous allez faire, en rentrant chez vous ?"

- "Je reste un avocat, alors…" Il haussa les épaules. "De toutes façons, j'ai besoin de prendre du recul, de quitter cette ville. Je n'y ai jamais été heureux. Maintenant que j'ai réussi, que j'ai de l'argent, je peux rentrer chez moi en Oklahoma."

- "Pourquoi c'est si important que ça, pour vous ?"

Cordy était curieuse : elle avait rarement rencontré des personnes chez qui la réussite sociale était aussi importante que pour elle.
Lindsey hésita un instant, haussa encore les épaules, puis se lança.

- "Je peux bien vous le dire, après tout. J'ai eu une enfance, disons, difficile. On ne mangeait pas tous les jours, il fallait travailler dur. La misère noire… Dés que j'ai pu, je suis parti. Mon objectif dans la vie, c'était de réussir. A tout prix. Maintenant, je ne suis plus si sûr. J'ai besoin d'y voir clair, de faire un peu le point sur ce que je suis et ce que je veux être."

- "Et qu'est-ce que vous voulez être ?"

- "Je ne sais pas. Je suis heureux d'avoir retrouvé ma main, mais… je ne sais pas. Je verrais. J'improviserais !"

- "Rester ici, ça ne vous dit vraiment pas ?" tenta une Cordélia de plus en plus intéressée après ces confidences.

- "Non. Je n'aime pas Los Angeles."

- "Dommage ! On aurait pu vous employer. Un avocat, c'est toujours utile ! Quand on a des plaintes ou des trucs comme ça…"

- "Je ne bosserais jamais pour lui, ça vous pouvez en être sûre ! Et puis je vous ai dit que c'était pour inquiéter Angel !" sourit-il. "Je ne mènerai pas la procédure à son terme."

- "En fait," dit Cordélia, en baissant les yeux et en rectifiant un faux pli de la nappe, "c'est plutôt Wesley qui est inquiet. Angel a l'air plutôt détendu."

- "Ah ? Il va falloir y aller plus fort, alors ?"

- "Non, ce n'est pas ce que je voulais dire," essaya de se rattraper Cordélia. "Il doit être inquiet. C'est juste que… il ne montre pas ses émotions, en réalité. Comme vous," tenta-t-elle en remontant les yeux.

Lindsey baissa les siens. Après un instant, il regarda sa montre.

- Il est peut-être temps d'aller au karaoké-bar ?

Cordélia acquiesça. Chacun plongea dans ses pensées pendant le trajet vers Caritas. Cordélia regrettait de n'avoir pas pu faire durer plus longtemps le tête à tête ; elle ne s'était pas rendu compte que Lindsey s'était beaucoup plus dévoilé qu'il n'avait l'habitude de le faire, probablement parce que tant de choses étaient arrivées si vite. Il avait été au bord de l'explosion à certains moments de ces dernières vingt-quatre heures, un peu comme Lilah lors de cette dernière réunion. Lindsey s'autorisa un sourire à ce souvenir. Il revoyait la tête de Lilah à ce moment-là, énervée, angoissée et ravie à la fois… Il lui souhaita mentalement bonne chance, dans cet univers d'hommes et de requins. Mais il savait qu'elle avait des ressources ; ne serait-ce que ses dossiers bien cachés sur tous les membres des projets spéciaux…

En arrivant à Caritas, Lindsey ouvrit galamment la porte à Cordélia, puis attrapa sa guitare. Ce soir, pas besoin de chanter pour que The Host lui dise ce qu'il voulait savoir. Ce serait un vrai karaoké ! Ou alors il interprèterait une de ses chansons ? Il posa la question à Cordélia, après qu'ils aient salué Lorne.

- "Dites-moi, Cordélia, qu'aimeriez-vous que je chante ?"

- "Mmm," réfléchit-elle un instant. "Celle de la dernière fois était très, euh, expressive… C'est vous qui l'aviez écrite ?"

- "Oui, j'en ai composé quelques unes, avant que…" finit-il en regardant sa main droite et en pliant les doigts plusieurs fois de suite.

- "Ah ! Alors chantez-en une à vous ! Je vous fait confiance pour en choisir une !"

Il attrapa donc sa guitare et partit en direction de la scène. Après quelques mots d'explications à The Host, il saisit une chaise et monta sur la scène. Quelques accords avant de commencer, puis il attaqua un air très rapide, les yeux baissés, concentré.
C'est le moment que choisit Gunn pour venir parler à Cordélia.

- "Salut, Cordy !"

- "Gunn. Qu'est-ce que tu fais là ?"

- "Je venais voir ce que ça donnait. Le boss s'inquiète…"

- "Qui ? Angel ou Wesley ?"

- "Devine !" grimaça Gunn.

- "Chut, attend ! Tais-toi !"

Lindsey avait commencé à chanter. Cordélia était charmée par les paroles, apparemment nettement autobiographiques : "I used to have a soft southern glowing face / I used to lead my heartaches away on the chase / well that's how you get a rattlesnake smile".
[traduction]

Gunn reprit la parole, couvrant la chanson :

- "Ecoute, je ne veux pas m'attarder. Après tout, c'est ton rancart. Mais si tu as du nouveau… tiens-nous au courant !"

Il s'éloigna discrètement, complètement oublié par Cordélia dés qu'il eut tourné les talons, lui permettant enfin d'écouter encore : "I sit alone and try to ched this skin that I live in / trying to clear my vision once again / hah well I ain't no good to no one no how not right now / cause I forgot to run myself and got run down / do I look like someone you can put in a fucking cage ?"
[traduction]

La musique se termina crescendo, de plus en plus rapide. Quand elle s'arrêta, c'est un Lindsey essoufflé qui quitta la scène. Cordélia l'applaudissait à tout rompre. Elle le félicita vivement quand il la rejoignit.

- "Vraiment, elle était… ouah !! Vous étiez, vous étiez…"

- "Merci Cordélia," sourit-il. "Ca vous a plu ?" rajouta-t-il pour la taquiner, à sa grande surprise.

- "Enormément ! Vous l'avez composé il y a longtemps ?"

- "Oui, et non. J'en ai écrit une partie, plus jeune, après mon départ de l'Oklahoma. Mais je n'arrivais pas à la finir. Je ne l'ai fait que récemment, en fait."

- "En tout cas, félicitations !"

- "Vous n'allez pas aller chanter, vous aussi ?" proposa Lindsey.

- "Moi ?" dit-elle en pointant son index vers sa poitrine. "Moi ? Vous plaisantez ? Une casserole chanterait mieux que moi !"

Lindsey rit. Il s'arrêta, surpris. Ca faisait tellement longtemps que ça ne lui était pas arrivé… Cordélia le regardait ; elle haussa les sourcils.

- "Vous n'aviez pas ri comme ça depuis un bon moment, je parie, hein ?"

- "C'est vrai."

- "Ca, bossant chez Wolfram & Hart, je veux bien croire qu'on rigole pas tous les jours !"

- "Vous êtes surprenante, Cordélia, vous savez ?!"

- "Je sais ! On me le dit souvent. Et on a raison," sourit-elle.

- "Je m'en aperçois, et c'est un grand plaisir."

Le regard de Lindsey sur Cordélia commença à changer. Il l'avait invité au départ pour passer le temps, voire attraper au vol quelques informations, mais elle se révélait beaucoup plus intéressante que prévu, à tous les niveaux. Et si une femme blonde occupait son esprit, quoiqu'il fasse, même à son corps défendant, il la trouvait… disons, intéressante.

- "Quoi !" s'offusqua gentiment Cordélia. "Vous m'avez invité uniquement à cause de mon physique ? Et vous osez me l'avouer ? Quelle honte !"

- "Vous êtes incroyable !" sourit Lindsey.

- "Eh oui, je suis comme ça."

Entre badinage et chansons, la soirée se continua plus qu'agréablement pour les deux jeunes gens. Quand Lindsey proposa à Cordélia de la ramener, il était déjà plus de minuit et demi. La soirée avait filé comme l'éclair. Devant chez elle, Cordélia proposa un dernier verre ou un café à Lindsey, qui accepta le café.

En entrant dans l'appartement, les lumières s'allumèrent automatiquement grâce aux bons soins de Dennis. Laissant Lindsey devant la baie vitrée, encore, Cordélia alla préparer les cafés dans la cuisine. Passant devant le téléphone, elle vit le voyant rouge du répondeur clignoter. Bah ! Ca attendrait bien quelques minutes de plus ! Une fois les cafés prêts, elle les amena dans le salon. Elle les posa sur la table basse, et s'assit dans un des fauteuils.

- "Alors ? Toujours pas de regrets de quitter la Cité des Anges ?"

- "Moi ? Non, pas du tout. Je crois vraiment que j'ai fait le tour de ce que j'avais à y faire," lui répondit Lindsey.

Ce n'était pas la réponse que Cordélia souhaitait. Elle opta donc pour une autre approche.

- "Combien de temps va durer l'histoire de la plainte ?"

- "Quelques jours, pas plus, je pense."

- "Et vous allez rester là pendant ce temps ?"

- "Oui."

- "Vous êtes libre demain soir ?"

- "Pardon ?" fit Lindsey en se retournant brusquement vers elle.

- "Oui, si vous restez quelques jours encore. Vous êtes libre demain soir ?"

- "Je vous vois venir, vous savez… Vous êtes chargée de me surveiller ? De me faire changer d'avis sur la plainte ? Mais je vous ai dit que ce n'était pas sérieux !"

- "Moi, je le sais, mais pas les autres. En fait, je dois vous l'avouer… vous m'intéressez."

Lindsey observa le silence pendant quelques instants, baissa les yeux, les releva, et répondit enfin en la regardant.

- "Vous êtes très franche, pour une femme. Plus que la plupart que celles que je connais."

- "Je pense quelque chose, je le dis, c'est ma façon d'être. Et puis je ne suis pas avocate," rajouta-t-elle avec le sourire.

- "Je suis libre demain soir… enfin plus maintenant," dit Lindsey en se tournant de nouveau vers la ville éclairée.

Laissant le silence s'installer calmement, Cordélia l'observa en buvant tranquillement son café. On aurait dit un chat guettant une souris, et ronronnant de plaisir à l'avance…

Lindsey se retourna enfin, lui sourit, et vint s'asseoir sur le canapé. Il but son café, échangeant quelques mots avec Cordy sur le programme de leur future soirée. Puis il partit.

**********

Le lendemain matin, en allant déjeuner, Cordélia vit de nouveau le répondeur clignoter. Zut ! Elle l'avait oublié, celui-là ! Elle pressa le bouton de lecture, et écouta d'une oreille en attrapant un bol et du lait.

- "Vous avez un nouveau message. Jeudi, à 19 h 30. 'Allo ? Cordélia ? Tu es déjà partie ? Ecoute, c'était Wesley. C'est pour te dire qu'on a été contacté après six heures par le tribunal, et ça a l'air plus que sérieux cette histoire de plainte. Mais on peut pas passer au tribunal, on n'a même pas de vraie licence, et comment on ferait pour Angel ? Bref, tu dois absolument faire quelque chose ! On compte tous sur toi ! On est tous avec toi ! Tu m'appelle en rentrant, pour me donner des nouvelles ?'"

Le bip qui suivit le message permit à Cordélia de souffler longuement. Qu'il était pénible, des fois, ce Wesley. Il n'arrêtait jamais de paniquer ! Elle décida de le faire attendre encore. Après tout, elle, elle savait que ce n'était pas grave, cette plainte, alors… Ca lui permettait de jouer sur les deux tableaux, de se faire rembourser ses frais… Tiens, d'ailleurs, à la pause déjeuner, elle irait s'acheter une nouvelle robe ! Elle était censée travailler pour la bonne cause, non ? Personne ne pourrait rien lui dire ! Elle sourit à cette perspective, avant d'effacer le message et de retourner déjeuner.

***********

A l'agence, Wesley faisait nerveusement les cent pas quand Cordélia montra enfin le bout de son nez. Les sourcils froncés, il la regarda. Elle hésita un instant, puis s'avança vaillamment vers son bureau. Wesley ne la lâchait pas des yeux.

- "Cordélia ?" l'interrompit-il soudain dans sa progression.

- "Wesley ? Oui ?" dit-elle en se retournant vers lui.

- "Tu ne devais pas m'appeler hier soir ?"

- "Ah ! En fait, tu sais, je n'ai eu ton message que ce matin. Mais tu sais, ça n'est pas la peine de t'inquiéter autant. J'ai la situation bien en main. Comment va Angel ?" dit-elle pour changer de sujet.

- "Bien. Il ne le montre pas, mais il est très inquiet pour cette plainte. Il redoute que Lindsey veuille aller jusqu'au bout."

- "Ca se comprendrait, non ? C'était particulièrement débile ! Mais tout est sous contrôle, on se voit de nouveau ce soir. Tiens, d'ailleurs, j'aurais besoin d'un chèque en blanc à midi, pour aller faire quelques courses."

- "Quoi ?!"

L'air stupéfait et inquiet de Wesley valait le coup d'œil. Gunn qui arrivait aux nouvelles lui jeta d'ailleurs un regard interrogatif, fronça un sourcil en direction de Cordy, qui lui répondit par une grimace, un haussement d'épaules et des mains largement ouvertes.

- "Allez, Wesley ! C'est pour la bonne cause, tu le sais !"

- "Oui, et je sais aussi que tu vas acheter la robe la plus chère, avec chaussures assorties, sac assorti et rouge à lèvres assorti ! Tu réalise pleinement ce que tu me demande?" tempêta Wesley.

- "Je sais, je sais. Mais je tentais le coup… Juste la robe, c'est ok, non ?"

Wesley soupira, regarda Gunn, et lui annonça :

- "Gunn, je te charge d'une mission de confiance : tu accompagneras Cordy pour acheter sa robe. Et je te préviens, la somme devra rester raisonnable !"

Les " NON ! " de Cordy et Gunn résonnèrent fort sous le hall d'entrée. Un Angel échevelé et mal habillé finit par sortir de sa tanière, se demandant ce qui pouvait bien se passer… Il tomba sur une scène qui le laissa perplexe : Cordy et Gunn, chacun d'un côté de Wesley, essayaient de le convaincre de quelque chose. Quoi ? Il ne distinguait pas bien, chacun essayant de couvrir la voix de l'autre. Au milieu, Wesley restait stoïque et impénétrable, l'air fermé. Angel se demanda s'il devait intervenir ou pas… Quel que soit le sujet, ça serait peut-être bien d'empêcher Gunn et Cordy de tuer Wesley. D'un autre côté, Wesley était maintenant le boss, c'était à lui de gérer les situations de crise. Angel esquissa un sourire, souhaita bonne chance à Wesley, et retourna se coucher.
Wesley campant sur ses positions, Gunn se résigna à accompagner Cordélia. Mais il décréta que, pour son image de marque, ça serait mieux de le faire immédiatement ; si on le croisait, il n'aurait plus aucune chance d'intimider personne !

Ils partirent donc tous les deux, Cordélia annonçant à Gunn qu'il pouvait éviter d'aller avec elle, ça ne la dérangeait pas du tout ! Gunn lui répliqua que s'il ne contrôlait pas ce qu'elle allait faire, il serait probablement exclu des prochaines rencontres avec des démons divers et variés, et que ça l'ennuierait vraiment parce qu'il adorait ça ! Cordélia s'arrêta, le regarda fixement, soupira et repartit en hochant la tête de droite à gauche. Elle était vraiment entourée de mecs pas normaux !

Après les courses, Cordy décida de prendre le reste de sa journée. Il fallait être belle ce soir !

En rentrant dans l'appartement, elle s'assit dans le grand canapé et réfléchit. Lindsey n'avait pas l'air d'être réellement attiré par elle… Comment allait-elle faire ce soir ?… Elle hésita à appeler Aura… Après tout, pourquoi pas ? Elle passa donc une grande partie de son temps au téléphone.

A sept heures, elle était prête. Quand Lindsey toqua à la porte, elle demanda quelques secondes de plus, pour ne pas montrer qu'elle attendait. Puis elle se dirigea tranquillement vers la porte, et l'ouvrit.

- "Bonsoir."

- "Bonsoir ! Cordélia, vous êtes magnifique."

Cordélia, malgré ses courses variées, avait finalement opté pour la robe brillante gris foncé qu'elle avait porté pour le bal de la promo. Elle savait qu'elle y était très à son avantage. Elle sourit donc au compliment, mérité elle le savait. Elle l'invita à entrer et lui proposa de s'asseoir un instant.

- "C'est pour vous expliquer ce que je vais vous faire faire ce soir."

Lindsey haussa un sourcil interrogatif.

- "Oui, je vais vous emmener manger chinois. J'ai découvert un restaurant extra, à quelques blocs d'ici. Ca vous dit ?"

- "Pourquoi pas. En principe, je me faisais plutôt livrer, mais…"

- "Vous verrez, ça vous changera. L'ambiance est très agréable ! Nous y allons ?" fit-elle en se levant.

Un peu sceptique au départ, pas très adepte des restaurants exotiques, Lindsey finit par reconnaître que c'était très agréable. Il s'ouvrit un peu plus lors de la soirée, parlant encore de lui et de sa passion pour la musique.

- "Vous comprenez, c'est quelque chose de fondamental dans ma vie. C'est ce qui me permets de rester équilibré. Depuis que je suis petit, j'écris. Et ça ne m'a jamais lâché. Ne pas pouvoir jouer, ça a été … difficile pour moi. Je vivais des choses assez violentes à cette époque là, pour ne rien arranger. J'ai écrit. Ca m'a fait tenir le choc."

- "Des problèmes ? L'agence ?"

- "Oui. Principalement."

Lindsey ne voulait pas parler de Darla. Pas encore. Il soupçonnait que la réaction de Cordélia serait peut-être excessive. Après tout, c'est lui qui avait géré ce projet spécial, et les relations qui avaient suivies entre Angel et son équipe avaient alors été plutôt violentes. Cordélia avait fait un instant de silence en entendant ça, l'air ennuyée.

Lindsey se repris donc.

- "Ca ne doit pas vous intéresser ! Et puis, c'est terminé, c'est derrière moi. Parlons d'autre chose, si vous le voulez bien. Je vous disais l'importance de la musique, ce qui va naturellement nous amener à Caritas. Je pense que ça doit être l'heure !"

Dans le pickup, Lindsey avait allumé la radio et avait tourné la mollette jusqu'à trouver une radio country. Il battait la mesure du doigt sur le volant. Cordy ne disait rien, se demandant combien de temps elle pourrait dissimuler aux autres qu'elle savait que Lindsey n'était pas sérieux au sujet de la plainte. Wesley risquait de vraiment mal le prendre ! Quoique, ça ne lui faisait pas de mal, en fait, songea Cordy. Peut-être que ça le rendrait plus cool, moins anglais.

Lindsey avait stoppé à un feu rouge quand une petite fille s'approcha de la portière de la voiture en demandant de l'aide à Cordy. Spontanément, elle ouvrit sa portière et commença à descendre. Elle sentit à peine la main de Lindsey qui essayait de la retenir, sentant un mauvais coup. Sur le trottoir, à la suite de la petite fille qui avait commencé à s'éloigner, elle se fit soudain happer par un grand costaud qui chercha à lui prendre son sac. Elle s'y raccrocha plus fermement, et commençait à hurler quand Lindsey surgit et plaqua le malabar. Enfin, essaya de le plaquer serait un terme plus juste. D'un coup d'épaule, l'autre l'envoya bouler plus loin. Cela n'empêcha pas Lindsey de se relever rapidement et de lui foncer dessus ! Cordélia serrait son sac contre elle et regardait la bagarre ; elle ne vit donc pas la petite fille revenir et la pousser des deux mains contre le sol. Tombant lourdement, Cordélia lâcha enfin son sac, que la petite fille attrapa en commençant à courir et en lançant un grand cri. Ce devait être le signal : le malabar s'enfuit soudain à grandes enjambées et tourna le coin du pâté de maison à grande vitesse.

Cordélia souffla.

- "C'est vraiment pas de chance ! Je l'aimais bien, ce sac… C'était celui qui allait le mieux avec ma robe."

Lindsey la regarda, curieux. Elle était vraiment bizarre, cette fille ! Tout cela aurait pu mal se finir, et elle regrettait son sac…

- "Enfin, tu as été brillant, dit-elle en se tournant vers lui. J'aurais jamais cru que tu pouvais te battre. Physiquement, je veux dire. Je te voyais plutôt gratte papier, en fait !"

Devant les sourcils froncés de Lindsey, elle essaya de se rattraper :

- "Mais c'était positif, ce que je viens de dire ! Ca veux dire que tu as plusieurs cordes à ton arc, et que tu n'es… aaaahhhhh !"

L'air fâché de Lindsey s'évanouit quand il vit Cordélia porter ses deux mains à sa tête, l'air de souffrir atrocement. Elle se balança en arrière, et serait tombée s'il ne l'avait pas rattrapée. Il ne nota même pas le passage au tutoiement.

- "Cordélia ? Ca va ? Qu'est-ce qui se passe ?"

Cordélia prit quelques secondes, savourant le moment malgré la douleur qui continuait à lui vriller les tempes.

- "Aahh… Je viens d'avoir une vision. Un homme… il veut se tuer. Il faut l'en empêcher, c'est important !"

- "Hein ?"

- "Je t'expliquerait tout plus tard, les visions et tout. Mais il faut absolument que je l'en empêche."

Elle essaya d'attraper son sac à main, se rappela qu'on venait de le lui voler. Zut ! Comment contacter les autres ? Elle commençait à essayer de souvenir du numéro de l'Hyperion quand Lindsey reprit, incrédule :

- "Où est-il, ce type ?"

- "Je ne sais pas exactement ! Attends… Une rue pas loin d'ici. Prés du Lodge Bar."

- "Où ?"

- "Et tu vis à L. A. ?" demanda une Cordélia choquée qu'il ne connaisse pas l'endroit, repaire potentiel de stars en tous genres. "C'est prés de la 14e et de la Grand rue !"

- "Ah ! Bon, on est effectivement tout prêts. On y va !"

Cordélia avait sauté sur se pieds et monta dans la voiture le plus rapidement possible.

- "Vite ! Je ne sais pas quand il va se suicider."

- "Parce qu'on te donne une vision, mais t'as pas de précisions ?"

- "Non, sinon ça serait trop facile, tu comprends," ironisa Cordy. "Dépêche-toi, je sais pas pourquoi, je sens que c'est important, il faut l'empêcher de sauter."

- "De sauter ?" se retourna Lindsey. "Eh oh, c'est quoi ce truc ? J'y vais pas ! je t'emmène, mais c'est tout !"

- "Ne sois pas ridicule. S'il veut vraiment sauter, je ne pourrais jamais l'attraper avec mes petits bras musclés. Et toit, tu as prouvé tout à l'heure que t'avais du muscle. Aide-moi, sers-t-en ! Plus de questions, tu m'aides, et je t'explique tout après."

La Grand rue défila à tout allure. Soudain, Cordy cria :

- "C'est là ! C'est là ! Il est sur le toit !"

Elle attendit à peine que le pick-up s'arrête pour sortir de la voiture et s'engouffrer dans l'immeuble. Lindsey hésita un instant, puis pensa qu'il pourrait quand même être utile. Il se mit donc à courir et suivit Cordy jusqu'en haut.

Essoufflée, Cordy arriva enfin jusqu'au toit. Là, elle s'arrêta une demi-seconde, cherchant à faire coller la réalité avec ce qu'elle avait vu dans sa vision. A droite ! C'était là, elle en aurait mis sa main à couper ! Elle prit une grande respiration et entama le sauvetage avec un :

- "Salut !"

De stupeur, l'homme sursauta et se tourna vers elle. Petit, l'air hagard, il ne s'attendait pas à ce que quelqu'un surgisse ainsi derrière lui.

- "Ecoutez, je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais… à votre place, je ne sauterai pas."

L'homme ne réagit pas. Il se retourna vers le vide, et regarda vers le bas.

- "Ca ne résoudra rien, vous savez. Vos problèmes, quels qu'ils soient, c'est en vous que vous les gardez ; sauter n'arrangera rien."

Il se retourna vers elle, lui jeta un long regard, de haut en bas, puis se remit à sa position initiale.

- "Je continue de penser que si vous en parlez, tout ira mieux. Se tuer n'est jamais une solution ! Et je peux vous en parler, j'ai connu ça plus que je ne l'aurait voulu. Un de mes amis est mort pour sauver des gens. Moi, j'ai failli me faire mordre par des vampires un nombre de fois incalculable, ou dévorer par des monstres divers et variés, et je suis même tombée enceinte d'un monstre ! Oui, oui ! Et vous savez comment s'est passé ma remise de diplôme ? Il a fallu tuer le Maire de la ville qui était devenu un énorme serpent qui voulait nous détruire ! Et une de mes copines y est même restée. Enfin, elle est devenue une vampire, et ça n'a pas été une réussite pour elle, enfin physiquement oui, mais pour le reste… bon, je m'égare. Mais c'était pour vous dire que vous n'êtes pas tout seul ! On est nombreux à avoir des problèmes, et c'est pas toujours facile à gérer ! Mais il faut les affronter ! En parler ! Les assumer, quoi !"

Tranquillement, sans en donner l'air, elle s'était rapproché de lui.

- "C'est quoi, votre nom ? Laissez moi deviner… Victor ? C'est ça ? Ah, non, à la réflexion, ça ne vous va pas… Pourquoi pas Cole ? Neal ? Malcolm ? John ? Aidez-moi un peu, comment vous voulez que j'y arrive?"

Spontanément, sans pouvoir s'empêcher de réagir au ton de Cordy, l'homme répondit d'une voix morne :

- "Sean."

- "Ah ! J'aurais du y penser. Ca vous va très bien ! Bref, Sean, venez à côté de moi, on va discuter. Et ne commettez pas quelque chose que vous regretterez plus tard ! D'ailleurs, vous auriez du mal à le regretter si vous sautiez, ajouta-t-elle après une seconde de réflexion, mais je m'égare, hein ? Ecoutez, ça fait toujours du bien de parler à quelqu'un. C'est ce qui manque aujourd'hui, des gens qui écoutent. Venez…"

Elle s'assit par terre du mieux qu'elle pu avec sa robe et tapota à côté d'elle d'un air engageant. L'homme se retourna vers elle, commença à descendre du muret, mais aperçut soudain Lindsey qui se tenait en retrait. Il eut un mouvement de recul qui le ramena prés du muret, et pointa un doigt vers l'avocat. Cordy se retourna, vit Lindsey, et signala à Sean :

- "Lui ? Ne vous inquiétez pas, c'est un ami ! C'est lui qui m'a conduit jusqu'ici. Je savais que vous n'alliez pas bien, alors je suis venue vous voir, Sean."

Le regard de Sean passa de l'un à l'autre, puis il s'avança lentement vers Cordélia. Soudain, il se retourna et commença à courir dans l'intention de sauter. Lindsey avait anticipé et s'était précipité. II attrapa l'homme à bras le corps juste avant qu'il s'élance en l'air, et le tira violemment vers lui. Ils tombèrent lourdement sur le sol dur, et Lindsey heurta le muret de la tête. Cordélia retint un cri, les mains devant sa bouche. Il ne lâcha pourtant pas Sean qui se débattait. Mais celui-ci remuait tellement que Lindsey dut desserrer un peu sa prise. Sean en profita et tenta de se relever. Il y était presque parvenu quand Lindsey le fit tomber de nouveau par terre en lui attrapant le pantalon. Les deux hommes se remirent debout en même temps, Lindsey cherchant à couper l'accès vers le vide. L'homme se mit soudain à hurler de rage :

- "Mais qu'est-ce que vous voulez ? Me sauvez ? Pourquoi ? Pourquoi vous vous occuperiez de moi ? Tout le monde s'en fiche ! Je suis personne ! Je ne suis rien !"

Il se jeta sur Lindsey pour le frapper, encore et encore. Celui-ci se défendait, se jurant qu'il allait demander des explications à Cordy sur l'organisation de ses soirées, pas très au point à son goût…La rage de Sean cessa d'un coup, et il tomba en pleurs sur l'épaule de Lindsey, qui lança un SOS du regard à Cordélia. L'avocat était totalement désemparé…

Cordélia attrapa Sean, le câlina un peu et lui parla doucement, lui expliquant que si tout allait mal pour l'instant, ça ne pourrait pas être pire. Tout irait mieux d'ici un peu de temps, elle en était sûre ! Après quelques minutes, Sean se calma un peu.

- "Je suis… Je suis vraiment désolé… Je ne sais pas ce qui m'est arrivé. Mais je me sentais si mal… Je ne pouvais plus le supporter…"

- "Je comprends très bien. Mais vous savez quoi, Sean ? J'ai été envoyée ici pour vous sauver. Quelqu'un quelque part ne veut pas que vous mouriez. Vous devez avoir quelque chose d'important à faire. Vous n'êtes pas personne, vous êtes quelqu'un d'important, au contraire. Soyez-en persuadé. On en serait pas là si ça n'avait pas été le cas, hein, Lindsey ?" demanda-t-elle en cherchant du regard son soutien.

- "Oui, bien sûr," dit-il. "Nous sommes venus à cause de vous."

- "Maintenant, on va pouvoir vous raccompagner ? Tout ira bien ?" demanda Cordy à Sean qui se levait.

- "Oui, merci, je me sens mieux."

- "Et si vous voulez parler, je serais toujours là. Je vais vous laisser mon numéro, pour que vous puissiez me joindre, si vous en avez besoin. D'ailleurs, je repasse demain matin. Et vous avez intérêt à être encore là ! Sinon je me fâcherais !"

Ils redescendirent les escaliers jusqu'au second étage, et suivirent Sean jusqu'à son appartement. Après s'être assurés que tout allait bien, et refusant ses propositions de rester plus longtemps, les deux jeunes gens repartirent. Cordélia proposa à Lindsey de passer par chez elle, pour soigner les bleus et surtout l'œil eu beurre noir qui commençait à violacer…

***********

Arrivés à l'appartement, Lindsey se laissa tomber dans le canapé. Il souffla un peu, et s'exclama :

- "Eh bien, Cordélia, quand tu m'as proposé de sortir avec toi, je pensais pas que ce serait aussi agité ! Et aussi physique !"

- "Et encore, t'as rien eu d'exceptionnel ! En principe, c'est des sales monstres qu'il faut tuer à coup de hache ou d'épée… Heureusement que c'était pas ça, ce soir. Je me demande comment on aurait fait…"

Cordélia se releva de son fauteuil et désigna les bleus visibles et l'œil violacé de Lindsey.

- "Je vais te chercher de quoi te soigner. Ne bouge pas !"

- "Aucun problème ! Je sens les courbatures qui arrivent…"

- "Tu vois, tu devrais faire ça plus souvent. C'est excellent pour la forme," lui lança Cordy de la salle de bain.

Elle revint avec de la crème anti-douleur, des pansements et de la gaze.

- "On commence par où ?"

- "La tête ? Et je verrais pour le reste après."

Cordélia lui mit donc de la crème autour de l'œil, et regarda si le crâne avait été touché par sa chute. Heureusement, l'avocat avait la tête solide (" On me l'a toujours dit ! ", plaisanta-t-il), et il n'y avait rien d'apparent.

Cordélia le laissa donc vérifier ses autres blessures de guerre et alla préparer un café bien fort, pour se remettre des émotions de la soirée. Rien ne s'était déroulé comme prévu ! Elle s'assit sur un tabouret, songeuse… Elle avait quand même eu peur, toute seule, ce soir. Elle ne s'était pas rendue compte qu'elle était si dépendante des hommes avec qui elle travaillait. Ils savaient quoi faire, à chaque fois. Mais elle était fière d'elle. Elle se redressa avec un petit sourire aux lèvres : après tout, elle avait su dire les mots qu'il fallait, puisque Sean ne s'était pas suicidé. Elle avait réussi à mener à bien la mission que les PTB lui avaient envoyé. C'était pas si mal que ça, comme bilan d'une soirée !

Lindsey l'appela soudain.

- "Cordélia ? J'ai besoin de ton aide, tu peux venir ?"

- "J'arrive !"

Elle laissa le café passer tout seul, et se dirigea vers le salon. Elle s'arrêta soudain devant le spectacle qui s'offrait à ses yeux. Devant une ville éclairée par mille lumières, Lindsey se tenait torse nu. Mais ce n'était pas ça qui avait fait s'arrêter Cordy ; c'était les longs traits qui commençaient à violacer sur son torse… Elle en avait mal pour lui !

- "Ca va ?" tenta-t-elle.

- "En fait, oui. A ma grande surprise, ça ne fait pas si mal que ça. Tu as raison, je devrais me battre plus souvent ! J'ai perdu l'habitude !"

- "C'est Sean qui t'as fait ça ? Bon sang, il avait pas l'air aussi costaud !"

- "Comme quoi… petit mais costaud ! Je n'arrive pas à mettre de la crème sur mon dos, tu peux m'aider ?"

Cordélia acquiesça, et un profita un peu. Mais peu, étant donné l'occasion. Même s'il ne souffrait apparemment pas beaucoup, autant attendre un peu !

Quand Cordélia se leva pour aller chercher le café, Lindsey la suivit dans la cuisine, toujours torse nu.

- "Ah ! Ca fait du bien ! Je me sens dans une forme terrible, en fait !" dit Lindsey.

- "Ah oui ? Ca t'as pas suffit pour la soirée ? Tu veux qu'on sorte pour trouver un type à tabasser ?" plaisanta Cordy.

- "Non, quand même pas ! Quoique… à la réflexion…" plaisanta-t-il.

- "Assieds-toi et bois ton café, au lieu de raconter des bêtises !" sourit Cordélia en versant le café dans deux tasses.

Lindsey s'assit et regarda son café. Il releva soudain les yeux pour la regarder fixement, puis tendrement.

- "Je me sens… terriblement bien, soudain."

- "Hein ?"

Lindsey se leva et se rapprocha lentement. A quelques centimètres d'elle, il s'arrêta et lui prit la main. Il remonta lentement sa main sur son bras. Cordélia ne respirait plus. Elle n'aurait jamais cru que Lindsey pourrait prendre l'initiative ! Sa main remonta jusqu'à son menton, et l'attira vers lui. Cordélia ferma les yeux et ressentit… (ceci étant un moment privé, je ne m'étendrai pas sur le sujet… ni sur aucun meuble utilisé…)

************

Un rayon de soleil arriva enfin à atteindre l'œil de Lindsey. Il remua un peu, cherchant à l'éviter, et s'arrêta quand ses courbatures de la veille se réveillèrent soudain. Une voix retentit prés de son oreille :

- "Lindsey ? Tu te réveilles ?"

- "Mmmm ?" arriva-t-il à prononcer.

- "Ecoute, il faut que j'aille au boulot. Il est déjà tard, et si je ne m'y montre pas, Wesley va encore avoir une crise. Ou il risque même de débarquer ici, et je n'y tiens pas. Comment je pourrai lui expliquer ce que tu fais dans mon lit ? Ne parlons pas d'Angel, qui va encore rire comme un fou… à la réflexion, ça lui ferait du bien en ce moment, mais c'est pas une raison ! Ou alors il serait fou de rage ? Enfin bref ! Moi quand j'ai une vie privée, elle est privée, voilà ! Je tiens pas à partager leur amitié de mecs et tout ! Et puis en plus il faut que je repasse voir si Sean va bien ! Alors j'ai intérêt à me bouger !"

Lindsey réussit à ouvrir un œil et se décala du rayon de soleil qui le gênait. Il vit une Cordélia magnifique, habillée de pied en cap, assise sur le lit, qui lui souriait.

- "Qu'est-ce que tu as prévu de faire, aujourd'hui ? Moi je serais de retour vers six heures, peut-être avant. Enfin j'espère, mais les gens ont le chic pour appeler juste au moment où je pars, ces temps-ci, et Wesley et Angel crisent si je ne réponds pas. On a besoin de résoudre des cas en ce moment, parce qu'on n'est pas très en fonds, alors je le fais, mais… qu'est-ce que les gens sont mal éduqués ! Franchement, appeler à six heures, c'est une honte, non ?"

- "Euh…. oui…" tenta un Lindsey pas très réveillé et abasourdi par le flot de paroles.

- "Alors ? Ton programme de la journée ? C'est pour savoir si je te laisse les clés, en fait. Bon, écoute, je te les laisse, au cas où. Je les mets sur la table du salon."

- "Euh… okay…"

- "Au fait, tu as été fabuleux, cette nuit. J'ai même cru que le lit volait, c'est dire ! Ah, non, si ça se trouve c'était Dennis."

- "Qui ?"

- "Dennis, mon fantôme."

- "Hein ? Euh… okay…" dit un Lindsey sonné par le verbiage de Cordélia au réveil et ne voulant pas approfondir la question d'un fantôme potentiel habitant ici.

- "Par contre, dans la cuisine, je suis sure que c'était toi, et … l'idée de la table de cuisine, c'était…je crois que incroyable est encore en dessous de la vérité, pour moi, dit-elle en baissant les yeux. J'espère en tout cas que je ne t'ai pas fait mal !"
Lindsey sourit. Il s'en souvenait aussi, et… c'est vrai que ça avait été fantastique !

Cordélia se leva et partit en se dépêchant. Elle lança un " A ce soir ! " à Lindsey, qui se retrouva seul pour la journée.

**********

Les questions indirectes de Wesley ne reçurent aucune réponse. Il eu beau essayer de savoir comment se passaient les rendez-vous de Cordélia avec l'avocat, si elle arriverait à le convaincre de retirer sa plainte avant l'examen par le juge, Cordélia lui adressait son plus beau sourire en disant : " Je contrôle la situation ".

Par contre, elle lui raconta sa vision. Elle s'attendait à des félicitations, mais…

- "Quoi ? Tu as eu une vision ? C'était pour quoi ?"

- "Un type qui voulait se suicider. Mais j'ai contrôlé la situation, ne t'inquiète pas. Et j'ai vérifié ce matin avant de venir, c'est pour ça que j'étais un peu en retard, en fait (pas seulement, songea-t-elle, mais l'autre raison, ils n'avaient pas besoin d'être au courant !), et il n'a pas fait d'autre tentative de suicide. Il se sent beaucoup mieux !"

- "Et tu ne m'as même pas appelé ?"

- "Sans portable, c'était plus difficile, tu sais…"

- "Certes," lui répliqua Wes, "mais ton avocat en avait peut-être un, non ?"

- "Mais sans ton numéro en mémoire ! Et sans mon sac, j'avais pas de numéro sur mon calepin !"

- "Comment ça, sans ton sac ? Tu ne l'avais pas pris ?"

- "En fait, si, mais…"

- "Cordy ? Tu t'es fait braquer ? Je le crois pas," se mit à rire Gunn. "Qui t'a fait ça, que j'aille leur botter les fesses ?"

- "Aucune idée ! Une petite fille et un gros malabar, c'est tout ce que je peux dire. C'était prés de la 14e et de la Grand rue.

- "Je m'en occupe. A plus !" lança Gunn en tournant les talons.

- "Mais tu es inconsciente ou quoi ? Tu te rends compte du danger que tu as couru ?" continua de râler Wesley.

- "Mais j'ai réussi à arranger la situation, c'est le plus important, non ? Et arrête de crier, tu me casse les oreilles ! J'ai fait ce que j'ai pensé être le mieux, c'est tout ! Et j'avais pas vraiment le temps de partir à ta recherche n'importe où, monsieur-je-sors-tout-le-temps-le-soir-avec-mon-pote-Gunn !"

- "Elle marque un point, là, Wesley," ironisa Angel qui écoutait la conversation.

Wesley se retourna et lui lança un regard glacé.

- "Et je crois que tu devrais la féliciter, elle a fait ce qu'elle avait à faire, et elle s'en est très bien sorti. C'est le principal, non ?"

- "Effectivement," reconnut de mauvaise grâce Wesley, avant de partir s'enfermer dans son bureau en réclamant un thé sans lait ni crème à Angel d'un air impératif.

Angel et Cordy le regardèrent s'enfermer en souriant, et Cordy remercia Angel de son soutien. Le reste de la journée se passa classiquement, entre coups de fil et rangement. Cordy appréhendait une nouvelle vision, mais rien ne vint. A six heures, elle tournait le verrou de la porte de son appartement.

***********

Malheureusement, la porte ne s'ouvrit pas… Un peu surprise, Cordélia fronça les sourcils et essaya de nouveau. Rien. Elle appela donc Dennis au secours, lui demandant d'ouvrir, ce qu'il fit immédiatement. Elle se débarrassa de son sac dans l'entrée et se dirigea vers la cuisine. Elle boirait bien quelque chose ! Elle ouvrit la porte du réfrigérateur pour sortir une bouteille de vin blanc et attrapa un verre, puis retourna s'installer confortablement sur le canapé. Elle dégustait l'alcool à petites gorgées quand la porte s'ouvrit. Elle tourna la tête et lança un regard interrogateur à Lindsey qui arrivait. Il eu le bon goût de paraître ennuyé qu'elle soit rentrée avant lui.

- "Hé, Cordélia !"

- "Alors ? Ta journée s'est bien passé ?"

- "Oui, j'avais quelques trucs à régler."

Le silence s'installa quelques instants. C'est Cordélia qui reprit la parole, supposant que l'avocat ne voulait pas en dire plus.

- "Tu te joins à moi ?"

- "Avec plaisir," sourit-il.

Il attrapa une verre dans la cuisine, et vint s'asseoir à côté d'elle.

- "Tu sais," commença-t-il en se versant un fond de vin, tu m'as impressionné hier soir…

- "Ah ! J'étais si bien que ça ?" rosit Cordy.

- "Tu a été fabuleuse."

- "Moi aussi, je t'ai trouvé extraordinaire, tu sais ! Je te pensais un peu coincé, style avocat quoi, même si tu étais vraiment sexy, mais là, ouah ! Je vais devoir changer d'opinion sur les avocats !" blagua-t-elle.

Lindsey la regarda fixement, sourit, puis dit :

- "En fait, je parlais d'hier soir… le sauvetage du type qui voulait se suicider, tu te rappelles ?"

- "Oh mon Dieu ! Pardon, je crois que … Laisse tomber, oublie ce que je viens de dire, et… euh, merci pour le compliment !"

Lindsey la laissa s'empêtrer quelques instants, puis reprit la parole.

- "J'ai beaucoup admiré la façon dont tu lui as parlé, et ce que tu lui as dit pour le convaincre de ne pas sauter."

- "En fait, c'est venu comme ça. Mais j'étais pas très rassurée !"

- "On aurait dit que si, pourtant. Mais il a quelque chose que je ne comprends pas : pourquoi tu voulais l'aider ? Tu ne le connaissais même pas !"

Cordélia soupira, reposa le pot de glace sur la table basse et se carra mieux dans le canapé, ramenant ses jambes sous elle et se tournant de côté pour être face à Lindsey.

- "Ah… La question piège… Bon, je vais essayer de t'expliquer. Tout n'est pas très clair pour moi, encore, mais bon…" Elle haussa les épaules.

- "Voilà. Au départ, je suis une fille comme les autres, populaire, riche, avec plein d'amis. Et quand je suis arrivée à Los Angeles, il y a deux ans, pour devenir actrice, j'ai commencé à travailler avec Angel et Doyle. Doyle était… Doyle était un demi-démon qui avait des visions, et ses vision servaient à indiquer à Angel qui avait besoin de son aide. Quand Doyle est mort, il… il m'a transmis sa capacité à recevoir des visions. Je te passe les détails, mais depuis c'est moi qui reçoit les visions. Ca m'ennuyait beaucoup, à la base ; j'en voulais pas, de son don ! Et puis je me suis rendue compte de la misère des gens. Pas la misère au niveau de l'argent, non, de la misère morale, du peu d'espoir qu'ils ont. Je l'ai ressentie physiquement, pendant un temps, et ça m'a conduite à l'hôpital ; j'ai failli devenir folle ! Mais depuis, je me sens concernée. Parce qu'ils ont besoin d'aide, tous, et que je suis là pour les aider. C'est pas forcément facile ; pour un que tu aides, il y en a d'autres pour lesquels tu ne peux rien faire. Et ces visions me bousillent le cerveau, ça fait de plus en plus mal… mais je ne changerait ça pour rien au monde. Parce que c'est important d'être là quand des gens ont besoin de moi, ou de nous avec le reste de l'équipe. Ils souffrent tellement, on ne peut pas rester juste là, les bras croisés!"

Lindsey avait écouté avec attention.

- "Mais pourquoi tu te sens concernée ? Pourquoi tu te sens impliquée ? Ca serait pas plus facile de laisser tomber ? De faire autre chose ?"

- "Tu crois que j'ai le choix ? Je ne sais pas pourquoi c'est moi qui ai ces visions, mais je ne peux rien faire pour les enlever de ma tête, quelle que soit la douleur que ça me cause. Et Dieu sait que des fois j'aimerais mieux l'éviter. Doyle buvait pour éviter ça," sourit-elle. "Moi, j'ai pas trouvé ma solution. Mais… c'est la vie ! C'est ma vie, en tout cas."

Lindsey ne comprenait pas.

- "Pourquoi tu ne pars pas ? Ces visions, elles partiraient aussi, non ?"

- "J'ai pas le mode d'emploi, je ne sais pas. Mais ce que je sais, c'est que je me sens impliquée à chaque fois. Ces démons qu'on tue, ces personnes qu'on sauve, chacune est importante. Pour quelle raison, je ne sais pas, les PTB ne me disent rien. Mais elles le sont, c'est clair pour chacun d'entre nous."

- "Mais pourquoi les aider ? Ils ne demandent rien !"

- "Peut-être que non. Mais même si tu ne demandes pas d'aide, cela ne veut pas dire que tu n'en as pas besoin. Regarde, toi, tu es intervenu plusieurs fois contre ce que faisait Wolfram & Hart. Pourtant, c'est là que tu travaille…"

- "Travaillais," l'interrompit Lindsey.

- "Si tu veux. Mais ce sont eux qui te payaient, eux qui te donnaient du pouvoir sur les autres. Pourtant, tu as aidé ces enfants, l'an dernier, tu as fait entrer Angel dans ta boite, et tu viens de lutter contre leur trafic d'organe. Pourquoi ? Est-ce que tu pourrais me le dire ?"

- "Pas vraiment, en fait. J'ai juste senti que c'est ce que je devais faire, à ce moment là."

- "C'est aussi ce que je ressens, quand j'aide quelqu'un ou que je combats un monstre. Mais comment tu l'expliques ?"

- "J'ai trouvé ça monstrueux. Je ne pouvais pas laisser faire ça sans réagir, c'est tout."

Cordy sourit.

- "Tu aurais donc un peu de sens moral, finalement ?"

- "Eh, c'est pas parce que…"

- "Ecoute, Lindsey. Tu as quand même accepté de faire à peu prés tout et n'importe quoi pour Wolfram & Hart, pendant plusieurs année, sans te préoccuper vraiment des conséquences. Sauver des coupables et des monstres, ça ne te posait pas de problème. Faux ?"

- "Non, c'est vrai, mais… J'étais payé pour ça, c'était mon boulot !"

- "Et tu crois que tout le monde aurait trouvé normal de le faire, même si c'était leur boulot ?"

- "Je ne sais pas."

- "Je peux te dire que non. J'ai peut-être été très superficielle, et je le suis peut-être encore, mais il y a des choses que je ne pourrais pas faire. Parce qu'avec ce que j'ai vécu, je ne le pourrais simplement pas."

- "Tu as découvert la différence entre le bien et le mal ?" tenta d'ironiser Lindsey.

- "Appelle ça comme tu veux, rigole si tu veux, mais j'ai ça en moi. Et faire ton boulot, je n'aurais jamais pu. Même pour l'argent."

- "Et pour le pouvoir que ça te donnerait ?"

- "C'est ça qui te faisait courir ? Non. Mon rêve, c'est d'être actrice. Et je ferais beaucoup de chose pour ça. Mais pas pour le pouvoir. Pour avoir des dizaines de milliers de fans qui m'admirent et veulent copier tout ce que je fais ! Et avoir enfin assez d'argent pour acheter toutes les fringues que je veux !" rit-elle.

- "Mais j'ai quitté Wolfram & Hart. Je ne veux plus bosser pour eux."

- "Parce que tu as changé ! En fait, ta lutte contre nous, ça t'a fait du bien. Parce que ça t'as permis de remettre les choses en perspective. De faire revenir ce qui était important pour toi. Mon Dieu, voilà que je philosophe et que je deviens quelqu'un de profond ! Ca restera entre nous, juré ? Je ne voudrais pas casser mon image !"

Lindsey et Cordélia rirent franchement.

- "On arrête là les discussions sérieuses pour ce soir ? On commande une pizza et on reste là ?"

- "C'est ok pour moi," lui répondit Lindsey.

Le reste de la soirée s'écoula paisiblement, devant un vieux film trouvé sur une chaîne du câble que Cordy ne se souvenait même pas d'avoir jamais eue. Lindsey ne proposa pas d'aller dormir à son hôtel ; il resta.

**********

La nuit ayant été mouvementée, Cordy eut du mal à se lever le lendemain matin. C'est grâce à Dennis, qui augmenta régulièrement le niveau de sa radio à partir de 9 heures, qu'elle arriva avant dix heures et demi à l'agence. Elle était sur un petit nuage, heureuse du soleil qui brillait et des lunettes de soleil qu'elle avait pu poser sur son nez.

Son " Bonjour ! " retentissant surpris les gars en plein complot sur la stratégie pour lui tirer les vers du nez. Gunn proposait une attaque directe, Wesley une discussion tout en douceur, et Angel hésitait à proposer une activité shopping, au cours de laquelle elle serait plus détendue, et où on pourrait tout savoir.

Cordélia se planta devant eux, et les regarda chacun leur tour avec un large sourire malicieux.

- "Alors ? Qui veut savoir ?"

Ils se regardèrent nerveusement pour déterminer qui allait oser répondre.

- "Allez, sois sympa, dis-nous. Wesley m'a cassé les pieds tout hier soir pour savoir où tu en étais," lança Gunn.

- "Quoi ? Moi ? Mais pas du tout, enfin," se récria Wesley. "Je sais très bien qu'on peut avoir complètement confiance en Cordélia, et… Bon, oui, d'accord, je suis inquiet," reconnut-il après le regard que Gunn, sourcil froncés, lui adressa.

- "Eh bien, puisque vous voulez tant le savoir, je ne dirais rien ! Ca vous apprendra à avoir plus confiance en moi ! Je contrôle la situation, je vous l'ai déjà dit !"

- "Oui, mais hier soir on t'as cherché à Caritas, et on a fait plusieurs restos dans tes préférés, et on ne t'a pas vue. On se posait des questions, c'est tout," continua Wesley.

- "On ne voudrait pas qu'il t'arrive encore quelque chose," le soutint Angel.

- "Comme une vision avec un gros monstre ?" proposa Cordélia.

- "Oui, par exemple. Tiens, d'ailleurs, je t'ai racheté un portable, au cas où…"

- "Eh ! Wesley, je t'avais dit que je m'en occupais !" râla Gunn. "Je les ai presque retrouvé, ceux qui t'ont braqué, Cordy. Et tu devrais récupérer tes affaires dans la journée."

- "Merci beaucoup, Gunn ! J'y tiens, à ce sac. Sur ce, on a du boulot, non ?"

La journée défila rapidement, plusieurs personnes ayant téléphoné. Rien de surprenant par rapport à la routine habituelle, quelques monstres hideux dans les égouts ainsi qu'un enchanteur qui voulait détruire son ex-femme avec l'aide de forces maléfiques.

Cordélia était heureuse de rentrer chez elle. Elle avait senti le regard des autres membres de l'équipe sur elle pendant toute la journée. Elle n'avait du coup pas mentionné le mal de tête qui l'avait pris après le repas, suite à la vision de l'enchanteur destructeur, heureusement assez détaillée pour que l'intervention soit rapide et facile (si l'on peut dire, Wesley s'étant étouffé de rire sur la formule quand il avait aperçu le costume façon Merlin l'enchanteur de Walt Disney du bonhomme, ce qui avait obligé Angel à tout reprendre au début). Elle se massa les tempes avant de pousser la porte. Lindsey l'attendait.

- "Salut !"

- "Salut ! Quoi de neuf ?"

- "J'ai paressé au lit, et puis je me suis baladé et j'ai réfléchi. A ce qu'on avait dit hier soir."

Cordy retint une grimace. Zut ! Ca tombait plutôt mal ! Elle ne se sentait pas vraiment le cœur à discuter sérieusement maintenant.

- "Ca t'ennuie pas si je prends un bain d'abord ? Ca a été plutôt agité, et puis j'ai un peu mal à la tête. Ca va me détendre."

- "Je m'en charge, si tu veux," proposa-t-il gentiment.

- "Non, en fait, Dennis a l'habitude. Dennis ? Tu t'en occupes, s'il te plait ? Merci, tu es un chou," dit-elle en entendant l'eau commencer à couler.

- "Alors il y a vraiment un fantôme chez toi ? Je croyais que tu avais blagué !" prononça un Lindsey stupéfait.

- "Ben oui, j'ai un fantôme. Ca ne devrais pas t'étonner tant que ça, t'as vu des trucs plus que bizarre à Wolfram & Hart, non ? Ecoute, je te laisse, je reviens tout à l'heure."

Une demi heure plus tard, Cordélia n'avait toujours pas réapparu. Un peu inquiet, Lindsey alla frapper doucement à la porte de la salle de bain. Elle ne répondit pas. Il ouvrit tout doucement la porte, et aperçut Cordélia endormie, la tête posée sur l'arrière de la baignoire. Il la regarda, se demandant ce qu'il allait faire. Finalement, il l'attrapa doucement, l'enroula dans une grande serviette et alla la porter sur le lit. Là, il l'allongea et la recouvrit d'une couverture. Puis il s'assit à côté d'elle, attendant qu'elle se réveille.

**********

Plusieurs heures plus tard, Cordélia se réveilla enfin. Elle trouva Lindsey en train de jouer doucement de la guitare à côté d'elle. Elle le regarda avec surprise, puis lui sourit.

- "Je suis vraiment désolée, je t'ai laissée tomber, ce soir."

- "Est-ce qu'Angel sait, pour tes maux de tête ?"

- "Oui et non. Ils savent que mes visions se prolongent et me font de plus en plus mal. Mais je ne leur ait pas dit où ça en était. Je ne veux pas les inquiéter."

- "Tu devrais, tu sais. Tu n'avais pas l'air d'aller bien."

- "C'est que j'en ai eu des assez rapprochées, ce qui arrive peu, en principe. C'est fatiguant."

- "Je vois ça. Mais je ferais quelque chose contre ça, si j'étais toi…"

- "Laisse tomber, je gère… Qu'est-ce que tu faisais, pendant que je dormais ?"

Lindsey sourit.

- "Je ne voulais pas t'abandonner, alors je suis allé chercher ma guitare dans le salon et je composais. C'est moi qui t'ai réveillé ?"

- "Non. C'est que ça devait aller mieux ! C'était sur quoi ?"

- "En fait, j'avais pas de chanson précise. Je plaquais des accords, ça m'aidait à réfléchir."

- "Ah. J'ose demander sur quoi ?"

- "Couvre-toi d'abord si tu veux que je te réponde sérieusement," plaisanta Lindsey.

- "Tu vas visiblement mieux, tu développe un sens de l'humour," rit Cordy.

- "Ca n'était pas réellement de l'humour, tu sais…" glissa-t-il avec un coup d'œil coquin.

- "C'est toi qui voit si tu veux me répondre ou pas, tu sais… Mais tu peux dévier la conversation aussi !"

Ce que Lindsey préféra faire, au moins pour le moment.

Il devait être une heure du matin quand Cordy se réveilla de nouveau. Lindsey la tenait serrée au creux de son épaule, et la regardait. Son expression n'était pas vraiment tendre, pas dure non plus. Plutôt un mélange d'interrogation et de réflexion à la fois. Cordy cligna plusieurs fois des yeux. Décidément, Lindsey la surprenait encore. Elle se rendait compte qu'elle aussi n'avait aperçu jusque là que la face superficielle de l'avocat. Elle ne se serait pas doutée qu'il ait pu être tendre à ce point, comme il l'avait été. Toujours et partout, les gens ont la capacité de vous surprendre. Elle recula un peu, hésitante.

- "J'ai un petit creux, en fait… Toi aussi ?" demanda Lindsey, restant neutre.

- "Mmm… Oui, c'est vrai ! Je finirais bien le vin."

- "Je m'en occupe," fit Lindsey en se levant. "Autre chose ?"

- "Je te fais confiance, amène ce que tu veux… Et du chocolat ! C'est pas calorique !" lança-t-elle à Lindsey sorti de la pièce.

- "Et c'est aphrodisiaque, en plus," sourit-il.

Lindsey revint avec un stock varié de glaces, du chocolat et du vin. Il se réinstalla au chaud dans le lit, s'adossa correctement sur l'oreiller, et tendit à Cordy une cuillère. Elle la prit mais la posa aussitôt pour ouvrir le paquet de chocolat, en coupa un carré, et le plongea dans le pot de glace. Elle savoura sa bouchée en prenant des mines extatiques, ce qui fit rire Lindsey.

- "Eh bien ! Je ne te voyais pas aimer autant le chocolat !"

- "Mais tu ne sais pas tout de moi, encore, jeune homme ! Ce n'est pas parce que tu t'es égaré dans mon lit suite à une bagarre que tu me connais."

- "Je suis désolé, mais je n'ai pas eu l'impression que ça t'était désagréable ! Et si je t'ai sauté dessus, c'était probablement dû à l'excitation du combat, je n'ai pas l'habitude."

- "Mais ça ne m'a pas gêné ! J'en ai donné l'impression ? C'est pas ce que je voulais faire ! En fait, tu m'intéressais… Mais tu as du t'en rendre compte, non ?"

- "Quand tu m'as invité seulement. Avant… pas vraiment."

- "C'est de t'avoir revu à Caritas. Je n'aurais jamais pensé que tu étais aussi sexy sur scène !"

Lindsey rit et tendit une barre de chocolat à Cordélia pour qu'elle morde dedans. Quand elle essaya d'y croquer, il la retira, puis lui tendit de nouveau. Cordy plissa les yeux, faisant mine d'être fâchée, puis finit par attraper son chocolat. Elle mordit dedans sauvagement, ce qui fit rire Lindsey.

- "Merci encore pour le compliment. Il n'y a donc que mon physique qui t'intéressait ?" fit-il, faussement outré.

- "Si je dis oui, tu te fâcheras ?"

- "Mmmm… Laisse moi réfléchir aux représailles possibles… Oui, je me fâcherai et je serai obligé de te faire taire !"

- "Terrible ! Je ne sais pas ce que je vais faire ! Et je te rappelle au passage que tu m'as avoué ne m'avoir invitée que parce que j'étais jolie, alors… On est quitte, non ?"

- "On peut dire ça !"

Lindsey l'attrapa, la renversa sur le lit, faisant tomber les l glaces par terre. Cordélia l'attira vers elle et l'embrassa. Elle l'arrêta cependant quelques instants plus tard.

- "Tu ne voulais pas qu'on discute plus sérieusement, ce soir ?"

- "Tu veux ?"

- "En fait… non. Je posais juste la question…"

- "Oublie les questions, on verra demain…"

Cordy eut le temps de demander à Dennis de remettre la glace dans le congélateur avant d'oublier tout le reste.

***********

Cette fois, Lindsey se réveilla le premier. Il descendit du lit et tenta d'attraper son jean. Ce faisant, il piétina les paquets de gâteaux à moitié vides, faisant un raffut énorme. Il fit une grimace. Oups ! Cordélia bougea et entrouvrit les yeux.

- "Mmmm. C'est l'heure ?"

- "Euh… ça dépend. Tu veux arriver à quelle heure au bureau ?"

- "M'est égal, en fait. C'est juste pour pas me faire trop réprimander…" dit-elle d'une voix ensommeillée.

- "Il est huit heures. Qu'est-ce que tu fais ?"

- "Pfff… Je vais aller prendre ma douche. Dans cinq minutes. Quand je serais plus réveillée. Plus tard, quoi," conclut-elle en se retournant de l'autre côté.

Lindsey sourit et se dirigea vers la salle de bain. Ragaillardi par la douche, il se prépara du café. C'est l'odeur qui fit émerger Cordélia, qui apparut les cheveux en bataille et l'œil dans le vague sur le seuil de sa cuisine, retenant son peignoir entrouvert comme elle y arrivait. Lindsey rit et lui offrit son bol. Elle s'en empara et lui vida d'un coup.

- "Ah ! Je me sens mieux ! Je vais filer sous la douche, ce coup-ci."

- "Tu veux que je t'aide ?"

- "Eh, mais tu deviendrais accro à mon corps superbe ? Je te comprends, remarque, mais… J'ai des responsabilités, moi, monsieur, je dois aller travailler !" fit Cordélia en prenant une pose de héros.

- "Et je pourrais te perturber ? C'est trop d'honneur que vous me faites, mademoiselle," fit Lindsey en s'approchant d'elle.

- "Stop ! Je fuis !" répondit Cordy qui s'enfuit dans la salle de bain qu'elle ferma à clé.

Elle en ressortit habillé de pied en cap et prête à partir. Lindsey s'était lui aussi habillé, avait rangé les paquets de gâteaux, et lui souhaita une bonne journée.

Une fois qu'elle fut partie, il regarda l'heure. Neuf heures et quart. Un peu tôt, mais cela lui permettrait de prendre son temps… Il attrapa donc les clés de l'appartement laissées par Cordélia et sortit.

Quand Cordélia rentra, il l'attendait dans le canapé. Il lui sourit.

- "Alors ? Pas de vision, aujourd'hui ? Pas de mal de tête ?"

- "Non, tout va bien. Et Gunn m'a même récupéré mon sac," dit-elle en le montrant fièrement.

- "Drôlement efficace !"

- "Il connaît du monde partout, et il leur fait peur, c'est plus facile ! Et toi, qu'est-ce que tu as fait ?"

- "J'ai été retirer ma plainte du tribunal, avant qu'elle soit examinée. Donc il n'y a plus rien qui pèse sur Angel Investigations."

- "J'en connais qui vont me sauter au cou quand je vais leur dire… Officiellement, je veux dire !"

Un ange passa. Cordélia regardait Lindsey, se demandant si elle allait poser la question. Elle se décida.

- "Alors ? Tu restes encore un peu ou tu t'en vas bientôt ?"

- "Je ne sais pas… Ca dépend un peu de toi, en fait."

- "De moi ?" dit-elle prudemment.

- "Oui. Si tu es d'accord pour que je reste un peu plus ou pas."

- "En fait… j'avais cru comprendre que tu voulais qu'on discute encore…"

- "Et je te demande si je peux rester un peu à cause de ça, entre autres."

- "Entre autres quoi ?"

- "J'apprécie beaucoup ta compagnie, et je voudrais en profiter un peu avant de partir. Parce que je vais repartir bientôt, j'ai besoin de rentrer chez moi. Mais tu peux m'aider..."

- "Laisse moi réfléchir… C'est oui !"

Elle vint s'asseoir prés de lui dans le canapé.

- "Alors ? Qu'est-ce que tu voulais savoir ?"

- "En fait, il y a toujours des trucs que je ne comprends pas. Aider les gens, ça vous apporte quoi, à vous ?"

Cordélia réfléchit.

- "A chaque fois, chaque nouvelle affaire, c'est un appel à l'aide contre des trucs que les gens ne comprennent pas, contre lesquels ils sont démunis. Mais nous, on ne l'est pas. On sait comment les affronter. C'est pour ça que notre boulot est important."

- "Oui, mais concrètement ?"

- "L'argent, tu veux dire ? On n'en a pas beaucoup. On fait payer certains services, c'est vrai. On arrive à s'en sortir. Et puis David, David Nabitt, nous aide, des fois. Mais c'est pas pour ça qu'on le fait. Vraiment pas. C'est parce qu'on sait que c'est juste, profondément."

- "Et comment tu le sais ?"

- "On le sait. C'est tout. Tu vois, quand Angel est devenu fou à cause de l'histoire avec Darla, on aurait pu laisser tomber. Mais on savait qu'il ne fallait pas. Parce qu'on a un rôle à jouer. Il est peut-être tout petit, c'est peut-être pas grand-chose contre le mal, mais c'est ce qu'on veut faire. Et ce qu'on sait faire."

- "Et tu crois que moi j'ai changé ? Que j'ai senti ça ?"

- "Ca explique ta réaction contre l'aveugle, non ? Le fait que tu aies sauvé les enfants. Et que tu aies voulu quitter Wolfram & Hart."

- "J'aurais plutôt dit que j'étais fatigué de l'ambiance. Des complots, des traîtrises, des magouilles. Et des risques permanents."

- "Mais ça ne t'as pas gêné, avant ?"

- "Non, c'est vrai. Ou pas suffisamment pour que je veuille partir."

- "Il s'est donc passé quelque chose qui t'as fait changer. Qui t'a fait comprendre que posséder le monde ne te suffisait pas, en fait."

- "Mmmm," approuva-t-il, l'œil dans le vague. "C'est toujours pas clair. Où est mon intérêt là dedans ?"

- "Il n'y en a pas ! C'est ça qu'il faut comprendre. On n'est que des pions, on n'est peut-être pas important par rapport à la totalité de l'univers, mais on fait ce qu'on peut, en y croyant, en croyant que c'est ça qu'on doit faire."

- "Il va falloir que j'y réfléchisse encore."

*************

[Sweetie vous conseille de mettre en route la chanson Change à partir d'ici.
Si ce n'est pas fait, vous pouvez la télécharger ici]

Lindsey resta deux jours de plus. Les discussions étaient entrecoupées d'intermèdes plus physiques, chacun profitant de la présence de l'autre. Leurs rapports étaient très détendus. Cordélia avait demandé un jour ou deux de repos à Wesley, après avoir annoncé à l'équipe la bonne nouvelle pour le retrait de la plainte. Wesley n'avait pu refuser…

Lindsey discuta avec Cordélia, cherchant à comprendre, à évoluer. Ce que disait Cordélia contredisait ce que la vie lui avait appris. Il fallait être dur, centré sur soi, savoir prendre des risques calculés, et faire attention ses arrières. Si on était mené par la morale, on ne pouvait pas réussir. Jamais. Or, Cordélia n'avait pas réussi, mais avait l'air de complètement s'en ficher… Elle avait l'air heureuse d'aider les autres, sans contrepartie réelle pourtant. Et même sa volonté de devenir actrice semblait faible à côté. Cela le laissait perplexe. C'est vrai qu'il avait eu des doutes sur ce qu'on lui faisait faire quand il avait fallu s'attaquer à des enfants, et puis plus tard avec sa main tueuse. Mais changer aussi radicalement sa façon de penser…

Il avait besoin de faire le point, de réfléchir hors du contexte de L. A. et de l'influence de Wolfram & Hart. Il savait que sa vie ne le satisfaisait plus, mais pensait que c'était Darla qui l'avait changé. Peut-être n'avait-elle été qu'un moyen, un catalyseur, en fait. Un message des PTB dont Cordélia lui avait parlé ? Pourquoi lui, alors ? Il n'en savait rien… Aurait-il un rôle à jouer ? Quelque chose d'important à faire ? Il en doutait, mais… c'était à lui de construire son futur, de le choisir, et il verrait bien.

Il décida de rentrer en Oklahoma pour avoir le calme et de tranquillité dont il avait besoin pour se retrouver et comprendre ce qui l'avait poussé à agir ainsi. Avant de partir, il fit une dernière soirée à Caritas, où il dit au revoir à Lorne.

Il partit le lendemain matin. Les adieux furent calmes et faciles, sans larme et sans cri.

- "Ca m'a fait plaisir que tu sois là, un peu," osa Cordélia.

- "Et ça m'a fait plaisir que tu sois là quand j'en avais besoin. J'ai peut-être plus foi en l'homme, grâce à toi. Ou une moins mauvaise opinion !"

- "Merci. C'est… c'est le moment de partir, non ?"

- "Oui. Mais j'espère qu'un jour, nos chemins se croiseront de nouveau."

- "J'aimerais assez… Plus tard, quand ce sera vraiment possible."

En regardant Lindsey partir, Cordélia réfléchissait. Elle était heureuse d'avoir été là pour l'aider à changer, et qu'il ait été là pour qu'elle puisse préciser tout ce qu'elle ressentait et analyser un peu ses sentiments. Remontant dans son appartement, elle entendit le téléphone sonner et se précipita. C'était son agent, qui l'avertissait d'un rendez-vous pour une audition pour une pub. Cordy répondit qu'elle irait, et haussa les épaules. C'était la vie…

Dans son pick up, Lindsey chercha une station de radio. Bougeant la molette, il finit par s'arrêter sur une chanson qui le cloua sur place. On aurait dit qu'elle avait écrite pour lui : " If there ever was a moment in your life when you turned to take a look at yourself / A long hard cold stare at the person you are / It doesn't matter what brought you here, to this point in time / But now is the moment, now is your chance, now is the beginning of a new / Dance / Change / It's scary as hell, but let go of the rope / Let go of the behaviour that you think holds you up / Because it ties you down, it only holds you back / Don't stop yourself from being all you can be / To measure up to all he's expected to achieve / A man must do more than he's capable of / Man is what he believes ". [traduction]

*l ne me reste donc plus qu'à trouver ce en quoi je crois*, songea Lindsey.