~~~~Part 32~~~~


La nuit de Giles et de Joyce au casino semblait ne pas avoir de fin. Giles voulait tout oublier ce soir, essayer de ne pas penser à ce qui pourrait arriver, les problèmes avec les deux Tueuses en ville, leur problèmes relationnel, ceux de Faith avec le reste du gang, l'installation de Buffy avec Angel… Ce soir, c'était un break, et il comptait bien en profiter sans se poser de question! Joyce, elle aussi, voulait essayer d'oublier les conversations pénibles avec sa fille et son mari ; le choc de son remariage n'était pas encore surmonté, et Buffy qui voulait s'installer avec Angel… Encore des affrontements en perspective!
Bref, nos deux amis étaient décidés à vivre à fond cette nuit. Et ils le firent!! Joyce avait ramené une partie de ses économies, et traîna Giles jusqu'à la table de baccarat, où il lui fit une démonstration brillante. Ils allèrent ensuite tester la roulette, mais la chance ne leur sourit pas là! Giles, très galant, escorta Joyce jusqu'à la salle de danse, où ils tourbillonnèrent longtemps. Les éclats de rire étaient nombreux, et les coupes de champagne gracieusement offertes par la maison. Ils en profitèrent donc largement.

Le lendemain matin, Giles se leva en grimaçant.

- "Ouh! Je n'aurais peut-être pas dû tant boire, même si le champagne était offert… La fin de nuit a été agitée, je présume ; je ne me rappelle même plus comment être rentré!"

- "Moi non plus," lui répliqua une petite voix à côté de lui. "Ouh, ma tête! Qu'est-ce qui s'est passé? Où suis-je?"

Giles se retourna vivement, en essayant de retenir son envie de vomir.

- "Joyce!! Mais que faites-vous là??"

- "Aucune idée… Et ne parlez pas si fort, mon crâne est sur le point d'exploser!!"

- "Je crois qu'on a un problème…Et encore heureux qu'on n'ait pas été à Las Vegas, ça aurait pu finir comme Alex et Cordelia!"

**********

Angel se réveilla au claquement de doigts d'Eleanor. Il se sentait un peu bizarre, fatigué. La séance avait duré presque toute la nuit.

- "Alors?" ne put-il s'empêcher de demander.

- "En fait, je sais ce que vous vouliez savoir. C'était assez bizarre d'ailleurs…"

- "Dites-moi," parvint à articuler un Angel angoissé.

- "Voilà. J'ai compris que vous aviez été un petit garçon dans l'Iowa. Vous vous souveniez particulièrement de la fois où vous êtes allé dans un saloon chercher votre père, qui y dépensait sa paie de cow-boy régulièrement au lieu d'en faire profiter sa famille, votre mère et vos quatre frères et sœurs. Tout vous avait semblé démesuré, et vous avait fait peur. Cela a aussi créé un réflexe de vengeance, semble-t-il. Par contre, ce que je ne comprends pas, c'est que quand je vous ait demandé la date, vous m'avez dit 1886…" dit-elle d'un air perplexe. Je suppose que vous vouliez dire 1986, en fait, n'est-ce pas?"

- "Vous avez d'autres anecdotes?"

- "Oui, une histoire de duel, à Des Moines, pour une bête histoire de filles. Vous vouliez affronter un apprenti héros, qui s'est dégonflé et que vous avez envoyé la tête la première sur les rails du chemin de fer, prés du corral d'embarquement. Là aussi, la date m'a laissé perplexe… Vous m'avez dit que vous aviez 20 ans, et que vous étiez en 1896. Vous vous êtes encore trompé d'année, non? Et je ne crois pas qu'il y ait de reconstitution de cette sorte à Des Moines"

- "En fait…" commença Angel, avant de s'arrêter. "Vous m'avez dit que vous étiez considéré comme une mauvaise fille parce que vous vous intéressiez notamment à l'ésotérique. Il faudrait que je vous avoue quelque chose, mais je ne sais pas si vous êtes prête à l'entendre. Est-ce que vous croyez au surnaturel?"

- "Franchement? Je crois qu'il y a des forces qui nous dépassent, qui sont inexplicables rationnellement. Mais je ne vois pas bien le rapport…" continua-t-elle, toujours perplexe.

- "Ce ne sont pas vraiment mes souvenirs que je voudrais retrouver. En fait, on m'a transféré les souvenirs d'une autre personne, et ce sont eux que je voudrais connaître. Parce qu'ils ont tendance à remonter à la surface sans que je puisse les contrôler. Et cette personne avait probablement plus de cent ans…" Eleanore le regarda, l'air de se demander s'il était devenu fou. "Non," sourit-il, "je ne suis pas fou. Le soir où je vous ai rencontré, vous avez bien vu que des choses bizarres se passaient. Ce qui m'est arrivé est bizarre aussi. Mais j'ai vraiment besoin de votre aide, parce que je ne sais plus comment faire. Ces visions me viennent tout particulièrement quand je suis sur la colline qui surplombe la ville. Et je cherche une explication."

Eleanore passa de l'inquiétude à l'intérêt.

- "Effectivement, je souhaite vous aider, pour vous remercier d'être venu à mon secours. Mais… je ne suis pas sûre d'avoir les compétences pour le faire."

- "Il vous suffit de m'expliquer pourquoi ces visions me viennent, et pourquoi à cet endroit."

- "D'accord. Votre vision, c'est quoi?"

- "C'est la plaine couverte de maïs, sous le soleil, et du bétail sacrifié."

- "Cela faisait partie des questions que j'ai posées?! Vous y avez répondu, d'un air sarcastique, d'ailleurs, si je puis me permettre! Plus sérieusement, il semble que la plaine couverte de maïs date de 1900, au moment où vous… l'homme dont vous avez les souvenirs, je veux dire… aviez votre propre exploitation. Vous… l'homme dont vous avez les souvenirs… aviez choisi le maïs, plutôt que le bétail, en réaction contre votre père. Mais je ne veux pas vous psychanalyser," s'exclama-t-elle en riant. "Et les massacres sont dans la même veine, à mon avis, toujours pour protester contre votre cow-boy de père."

- "Est-ce que… Ca va vous sembler bizarre, mais… est-ce que le bétail dont j'ai parlé avait des marques particulières? Est-ce que ça se passait la nuit? Qu'est-ce que je vous ai dit?"

- "Euh… Pas au départ, il me semble, mais ensuite, c'est vrai, vous m'avez dit que la nuit était devenue votre domaine. Pourquoi?"

Esquivant la question, Angel reprit :

- "Croyez-vous que ces souvenirs vont disparaître?"

- "Je n'en sais rien. Il faudrait que vous alliez voir un vrai spécialiste."

- "Écoutez, je vais partir maintenant. Merci de votre aide, merci pour tout."

- "Ne vous enfuyez pas comme ça! Je ne peux peut-être rien pour vous aujourd'hui, mais si vous voulez revenir, n'hésitez pas. Je ferai mon possible."

**********

Xander attendait Cordélia. Elle l'avait appelé aux aurores, ce qui avait déclenché la fureur paternelle : son père ne se levait jamais avant neuf heures du matin, en temps normal, alors sept heures!! Mais il avait paru rassuré de voir que c'était encore une fille, ce qui sous-entendait que son fils n'était peut-être pas perdu pour les filles, finalement! Avec la petite brune en bas, ça faisait quand même deux en moins de vingt-quatre heures.

Xander s'était excusé auprès de Faith de la quitter ainsi :

- "Tu sais, il faut que je règle l'histoire de notre mariage avec Cordy, elle m'attend."

- "Ah bon, vous vous êtes mariés ? J'aurais jamais cru en vous voyant cette année. Elle n'a pas résisté à ton charme?" dit-elle en souriant à demi.

- "C'est un peu plus compliqué que ça, en fait. On avait trop bu, et on s'est marié à Las Vegas."

- "Ca me rappelle Ross et Rachel… Tu sais qu'ils le voulaient vraiment tous les deux ce mariage? C'est leur inconscient qui s'était exprimé!"

- "Ben c'était pas notre cas à nous! Enfin, je ne crois pas," continua-t-il plus doucement. "En fait, je ne me souviens pas de grand chose. Mais il faut vraiment que je te laisse! Apparemment, elle a trouvé un avocat qui pourrait nous faire ça très vite, parce que c'est un autre ami de son père!"

- "Pourquoi un autre?"

- "Parce qu'on en a déjà vu un hier, mais il nous demandait mille dollars pour ne rien faire!! Tu te rends compte? Celui-là ne pourra pas être pire!"

Alex se retrouvait donc en train d'attendre Cordélia, devant le grand immeuble précédé d'une volée de marches. C'est bizarre, il ne se souvenait pas d'avoir déjà vu l'enseigne… Wolfram and Hart… Ca devait être un cabinet récemment arrivé en ville. Enfin, Cordélia arriva. Ce coup-ci, c'est lui qui la sermonna, et il s'en fit un plaisir :

- "Alors? Trop occupée à enfiler ta robe pour vérifier l'heure? Tu m'avais dit huit heures!"

- "Je sais, en fait c'est huit heures et demie, mais je voulais être sûre que tu serais à l'heure, cette fois-ci..."

- "Tiens, pendant qu'on y est, on demandera à cet avocat si le meurtre de sa femme est autorisé par la loi, parce que je vais vraiment finir par craquer, moi!!!"

- "Tu es vraiment puéril. Vivement que le divorce soit prononcé!"

L'avocat les attendait au cinquième étage.

- "Bonjour, je suis Lee Mercer. Votre père m'a vivement demandé de m'occuper de votre cas, très urgent," paraît-il.

- "Oui, il s'agit d'une annulation de mariage, contracté à Las Vegas alors que nous n'étions pas en pleine possession de nos moyens," expliqua Cordélia.

- "Ouah!! Mais tu t'es entraînée toute la nuit ou quoi, pour arriver à parler aussi bien?? En fait, nous avions bu, et on nous a marié alors que nous n'étions pas d'accord. Enfin, nous n'aurions pas été d'accord si nous avions eu conscience de ce que nous faisions!" corrigea Xander.

- "D'accord. J'ai une question essentielle à vous poser à tous les deux," reprit l'avocat. "Ce mariage a-t-il été consommé?"

- "Oui, mais pas avec moi!!" ne put s'empêcher de s'exclamer Xander. "Cette obsédée a pas trouvé mieux que de coucher avec le petit ami d'une amie juste après qu'on soit marié!"

- "Eh oh! Ce n'était plus vraiment son petit ami, et Angel était complètement consentant!"

- "Peut-être, mais on venait de se marier!!"

- "Et où est le problème? On ne voulait pas se marier, de toute façon, non?"

- "Oui, mais ce n'est pas une raison pour me tromper comme ça!!"

- "Tu peux parler de tromper l'autre!! Et Willow, alors!??"

- "On arrête là les règlements de compte s'il vous plait," s'interposa Lee. "Une seule chose m'intéresse… euh non, deux : voulez-vous divorcer? Et avez-vous couché ensemble?"

- "OUI, et non!!" répondirent en chœur nos deux mariés.

- "Très bien. Je m'en occupe tout de suite. Vu les circonstances, l'annulation me semble plus que probable. Avec un peu de chance, j'ai même tous les documents à signer pour régler le problème! Attendez que je vérifie…"

Pendant que Maître Mercer fouillait dans ses tiroirs, Xander se pencha vers Cordy :

- "Au fait, comment ton père l'a connu? Il a l'air d'être plus efficace que l'autre!"

- "En fait, le cabinet s'occupe de négocier le paiement des dettes de mon père au fisc. Avec un peu de chance, on ne s'en sortira pas si mal!"

- "C'est marrant, j'avais jamais vu qu'il y avait des avocats par ici."

- "Mon père m'a dit qu'ils venaient d'arriver en ville. Ils traitent des affaires avec des personnalités!!"

L'avocat les interrompit :

- "Ca y est : il faudrait me signer en plus une décharge, que je puisse vous représenter devant le juge. Ca sera très rapide : comparution dans une semaine devant le juge, où vous n'avez même pas besoin de venir, et tout sera fini. Voilà la demande d'annulation, le formulaire à remplir pour expliquer les circonstances… et ce sera tout!" Alex et Cordy s'exécutèrent, prenant bien soin de rédiger la même version des faits. Ils remercièrent ensuite plus que chaleureusement l'avocat, lui exprimant toute leur reconnaissance. Alex s'enquit cependant des frais, et s'attira cette réponse sibylline: "Quand nous représentons un client, nous lui sommes loyaux jusqu'au bout, comme il doit l'être avec nous. Les personnes de sa famille ont droit à la même garantie. Donc ne vous inquiétez de rien!"

Ils quittèrent donc l'immeuble. Cordélia était ravie! Avant de s'éloigner, elle jeta à Xander :

- Et tu sais le plus beau? Je pars à L.A. dés que possible, pour commencer ma carrière dans le cinéma!! Que la vie est belle!!"

- "T'as raison, la vie est magnifique aujourd'hui! Plus de mariage, et plus de Cordy dans les parages!! C'est mieux que ces vacances pourries qu'on vient de finir!"

- "Profites-en, zéro pointé, parce que tu n'en auras plus l'occasion avant très, très longtemps!"

- "Oui, mais je n'hésiterai pas à me manifester quand tu deviendras une star!! Quoique non, à la réflexion, ça n'arrivera jamais!!"

Et il planta Cordélia. Sur le chemin de chez lui, il se sentit un peu ennuyé d'avoir été si méchant. C'est vrai, Cordy lui tapait sur les nerfs, mais il y avait des moments qu'il se rappelait avec beaucoup de plaisir. Et c'était une membre à part entière des Scoobies. Peut-être qu'ils pourraient organiser un truc au Bronze, pour se retrouver tous avant son départ… Il arriva chez lui en se proposant d'en parler à tout le monde. Il comptait retrouver Faith, mais sa mère lui apprit que 'la petite jeune fille' était rentrée chez elle.

**********

Faith était partie à la poste. Elle hésita à passer chez Buffy, parce qu'elle aurait bien parlé avec quelqu'un, mais elle supposa que les Summers avaient d'autres choses à régler. Arrivée au comptoir d'accueil, elle demanda un téléphone.

- "C'est pour où?"

- "Le Nevada. Je voudrais la réserve des Indiens Hopis."

Le type la regarda d'un drôle d'œil.

- "Vous fréquentez des Indiens? Ah ouais…" Tentée d'argumenter, Faith laissa tomber. Après tout, quelle importance? Qu'il en pense ce qu'il voulait, c'était à Iwachi qu'elle voulait parler. "Comment vous allez payer?"

Elle sortit des billets de sa poche.. Sans un mot, le type lui indiqua la cabine 3. Faith attendit, et au bout de quelques minute, le téléphone se mit à sonner. Elle décrocha, et entendit :

- "Ne quittez pas, je vous passe votre correspondant."

- "Allo?"

- "Allo… Iwachi ?"

- "Ah, non, c'est Anna! Qui est-ce?"

- "C'est … c'est Faith. Je voudrais parler à Iwachi."

- "En fait, ça va être difficile. Elle est partie pour méditer dans sa grotte, et c'est difficile de la déranger dans ces moments-là. Mais je peux, si tu le souhaite vraiment," rajouta-t-elle après un temps d'hésitation.

- "C'est juste que… en fait, c'était pour lui dire que ça se passait bien. Et que tout n'ira que de mieux en mieux."

- "C'est vrai? C'est fabuleux! Elle va être très contente pour toi! Tu veux qu'elle te rappelle? Tu as un numéro?"

Faith le lui laissa, et raccrocha. Elle aurait peut-être du mentionner ses cauchemars, finalement. Mais si Iwachi la rappelait, elle le ferait. Cet homme en noir et blanc, c'était bizarre…

**********

La sonnerie du téléphone permit à Giles d'éviter de répondre à Joyce.

- "Allo?"

- "Allo? M. Giles? C'est Wesley! Il fallait absolument que je vous parle!"

- "Ne hurlez pas, Wesley, je ne suis pas sourd. Et j'ai très mal à la tête!"

- "Ah?! Mais c'est très important! J'ai vu le Conseil tout à l'heure, et j'ai parlé avec Nigel, et des événements très importants se préparent."

- "Allez-y, Wesley. C'est encore votre prophétie?"

- "NON!!!" hurla Wesley. "C'est beaucoup plus important que ça. Les Tueuses vont disparaître, et il semblerait que les Mages noirs prennent la suite sous les ordres du Conseil!!" Un long blanc suivit. "Allo ? Vous êtes toujours là?"

- "Oui, Wesley. Merci pour l'information. Dés que vous en savez plus, rappelez-moi."

- "Oui, oui. Je vous tiens au courant !"

Giles se retourna vers Joyce :

- "Il faut absolument que je vois votre fille, et Faith. Savez-vous où elles sont?"

- "Buffy doit être à la maison, et Faith à l'hôtel. Qu'est-ce que qui se passe?"

- "Réunion de crise immédiate. Il faut que j'appelle tout le monde."