~~~~Part 42~~~~
- "Quoi?" fit Xander.
- "Amy!! Elle est revenue nous voir, enfin elle est venue me voir, et Tara
était là, et tout à coup elle s'est transformé et
elle a attaqué Tara!!"
- "Qu'est ce que tu racontes? Amy n'est plus une souris?" demanda
Cordelia. "Evidement, c'est encore moi qu'on prévient en dernier!
J'aurais eu l'air fine si j'avais croisé Amy! Ah mais ça, personne
n'y a pensé, hein!"
- "Tais-toi Cordelia. Et cours," répondit Xander en attrapant
une veste, une corde à la demande de Willow, et en se lançant
dans les escaliers pour rejoindre celle-ci.
En réalisant qu'ils étaient sur le point de la laisser en plan
à la cave, Cordelia bondit à son tour dans les escaliers.
- "Eh!! Vous comptiez pas me laisser toute seule dans ce trou à
rat j'espère!" s'exclama-t-elle en arrivant au rez-de-chaussée,
à la hauteur d'Alex, qui attendait qu'elle sorte pour fermer la porte.
- "Willow, où est ce que Tara est?" interrogea-t-il alors qu'ils
quittaient la maison.
- "Dans une petite allée juste là, on allait chez toi pour
te demander de l'aide," expliqua Willow alors qu'ils entamaient tous les
trois une course effréné, la petite rousse en tête.
- "Demander de l'aide? A Alex??" fit Cordelia, mais elle se résigna
rapidement à faire des commentaires, la course lui prenant tout son souffle.
Ils arrivèrent rapidement dans une petite ruelle sombre, et Willow s'arrêta
pour scruter l'obscurité. Derrière elle, Xander et Cordelia s'arrêtèrent
à leur tour, et si le souffle des trois jeunes n'avait pas été
aussi bruyant, ils auraient probablement perçu un sourd grognement.
- "Tara?" tenta Willow.
- "Je-je suis là," répondit une voix au fond de la
rue.
Willow se dirigea lentement vers le bruit de la voix.
- "Au fait, c'est... quel genre d'animal, qui attaquait Tara?" demanda
tout bas Xander à Willow.
A l'instant où il prononçait ses mots, un Rotteweiler apparut
dans l'ombre, se dirigeant vers eux. Il avait les babines retroussés
et ses crocs étincelaient de temps à autre; Xander recula brusquement,
de surprise, et Cordelia resta à l'entrée de la ruelle, d'où
elle n'avait pas bougé.
- "Xander, tu as la corde?" demandant Willow sans se retourner vers
son ami.
- "Quoi? Tu veux attacher ce chien??! Mais..."
- "C'est un monstre, il va te bouffer," finit Cordelia derrière.
- "Mais non," fit Willow. "Peut-être que si on a pas l'air
agressif... Tara, ça va?" demanda-t-elle, toujours les yeux sur
le chien énorme qui avançait lentement vers eux.
- "O-oui, ne... ne t'inquiètes pas."
- "Ne bouge pas, il se retournerait vers toi," continua Willow, en
attrapant d'une main tremblante la corde que Xander avait fini par lui tendre.
- "Will, ne fais pas n'importe quoi," lui murmura celui-ci.
- "Ne-ne t'inquiètes pas. Il suffit de..."
Au moment où Xander avait lâché la corde à Willow, le molosse avait brusquement levé les oreilles et tourné la tête vers le jeune garçon, qui s'était immobilisé de peur en réalisant que la bête avait l'attention porté sur lui. Le chien renifla un instant l'air, indécis, pendant que tous les humains retenaient leur souffle. Willow avait légèrement tendue sa corde, et s'apprêtait à s'approcher de la bête quand celle-ci s'élança vers Xander.
**********
Angel se releva du canapé, jeta un coup d'il à la cheminé.
Il pensa un instant à allumer un feu, puis se reprit mentalement. *On
est à la fin de l'été. Et en Californie.* Il se dirigea
alors vers la chambre, mais avant d'atteindre le porte, il revint sur sa décision
et retourna au canapé. Il s'assit, mais ne tint pas deux minutes, et
se dirigea vers la porte, jetant un coup d'il dehors pour constater avec
désespoir qu'il ne faisait pas encore tout à fait nuit. Ca aurait
été insensé de sortir si vite. Il se retourna et soupira,
avant de se résigner à s'en retourner de nouveau au canapé.
Ca faisait maintenant bien cinq heures qu'il naviguait ainsi d'un bout à
l'autre de la maison sans réellement jamais trouver un endroit où
s'installer définitivement.
La dispute avec Buffy le troublait. Il ne se disputait pas avec elle. Avec peu
de gens d'ailleurs. Il se contentait d'un bon combat pour régler le problème,
mais c'était pour ses ennemis. Entre lui et ses amis, ou plutôt
lui et les amis de Buffy, il n'y avait jamais eu de dispute. Des tensions, bien
sûr, surtout avec Xander, mais pas de dispute. Et avec Buffy, c'était...
inconcevable. Comment est ce qu'ils avaient pu en arriver là? Angel ne
comprenait pas surtout pas pourquoi Buffy s'était tellement énervée
quand il lui avait expliqué que Doyle allait devoir rester au manoir
quelques jours. Bien sûr lui aussi avait été légèrement
contrarié de penser qu'ils ne seraient plus tout à fait tranquilles
rien que Buffy et lui, mais la réaction de Buffy lui avait semblé
démesuré. En réalité, c'était surtout elle
qui avait crié, mais avec les quelques heures de recul, il s'en voulait
d'être resté passif et de l'avoir laissé partir en déclarant
qu'elle avait besoin de prendre l'air. Et une heure auparavant, le téléphone
avait sonné, mais il n'avait pas eu envie de répondre; à
la réflexion, c'était idiot d'avoir fait ça. Et si c'était
Buffy qui avait voulu lui parler?
*Et si elle ne revenait pas à cause de Doyle?* pensa-t-il un instant,
puis il se moqua de lui-même. *Qu'est ce que c'est que tes états
d'âmes d'ados? C'est ridicule.* Malgré ça, le malaise persistait.
Et surtout, il n'avait vraiment plus envie de voir revenir Doyle en même
temps que Buffy. Quand elle était arrivé après l'irlandais
ce matin-là, elle semblait avoir des choses à lui dire, et peu
importe ce que c'était, elle voudrait sans doute lui en parler sans Doyle
dans le coin. Il en était à se demander s'il n'aurait pas du essayer
d'appeler Buffy chez elle pour savoir si elle était rentré, et
peut-être demander à Joyce d'héberger Doyle à sa
place, quand la porte d'entrée s'ouvrit.
Buffy apparut, entra sans rien dire et referma doucement la porte derrière
elle. Angel s'était levé du canapé dès qu'il l'avait
entendu, mais il s'arrêta à mi-chemin, sans savoir comment réagir.
A voir la façon dont elle hésitait à avancer plus dans
la pièce, il devina qu'elle se posa les mêmes questions.
- "Je... tu... tu veux manger quelque chose?" Angel pesta contre lui-même.
Parler de manger, c'était lamentable, dans une situation comme ça.
- "Angel, je m'excuse."
Elle leva les yeux sur lui, et il fut soulagé de ne plus y voir de colère.
- "Je... c'est moi qui m'excuse. Je veux dire, j'ai accepté d'accueillir
Doyle sans te demander ton avis, pardon. Je n'ai pas vraiment l'habitude de
vivre avec quelqu'un."
- "Non, c'est moi. Je veux dire, je me suis énervée pour
rien." Elle s'enveloppa de ses bras, et Angel eut envie de la prendre dans
les siens. Il se retint, conscient que ce n'était pas tout à fait
le moment. "Je... il s'est passé pas mal de choses, comme d'habitude
tu me diras, mais c'est vrai que j'étais un peu... j'avais eu ma dose
de nouvelle. Je voulais juste passer un midi et une après-midi tranquille
avec toi, et j'ai, j'ai réagi un peu trop vite à l'idée
que quelqu'un d'autre vienne déjà s'installer ici."
- "On peut essayer de trouver un autre endroit où le loger si tu
veux."
- "Non. Ne t'inquiètes pas, ça ira. Et puis, ce n'est pas
comme si c'était définitif. C'est juste quelques jours."
Elle baissa les yeux sur le sol, et pendant un instant le silence s'établit.
Puis elle releva les yeux sur lui, qui attendait un signe net de sa part pour
faire un geste. "Angel... je n'aime pas quand on se dispute." Il allait
ouvrir la bouche, mais le flot de parole de Buffy ne lui permit pas de parler.
"Je veux dire, on ne se dispute jamais. Et je ne pensais pas que ça
nous arriverait. C'est stupide, je sais, parce que, tu sais, tout le monde se
dispute, mais ça fait bizarre quand même. Et... je n'aime pas ça."
- "Moi non plus," trouva-t-il enfin le temps d'ajouter.
Un petit sourire illumina le visage de Buffy, et elle marcha jusqu'à
lui, pour se serrer contre lui. Il l'entoura de ses bras avec bonheur et un
fond de soulagement, et embrassa délicatement ses cheveux. Elle se laissa
faire, se blottissant contre lui les yeux fermés, toute au bien-être
d'être de retour dans ses bras.
- "Qu'est ce qui est arrivé?"
- "Hum?" fit-elle en ouvrant les yeux et en le regardant.
- "Tu as dit qu'il était arrivé beaucoup de choses ce matin."
- "Oh. Ce n'est pas vraiment important." Elle repensa à Wesley
qu'elle avait laissé évanoui à Giles. "Enfin, si,
peut-être. Wesley est de retour et évanoui. En fait il s'est évanoui
juste après qu'on lui ait ouvert la porte. Apparemment il a été
drogué, ou quelque chose comme ça, on ne sait pas vraiment. Mais
Giles s'en occupe. Et l'autre nouvelle, c'est totalement différent. Ma
mère défie les statistiques." En voyant qu'Angel fronçait
les sourcils, elle ajouta, "Elle est enceinte."
- "Ta mère est enceinte?" répéta Angel, toujours
perplexe.
- "Oui. J'avoue que ça m'a plutôt surpris, surtout que Giles
et Faith étaient au courant avant moi. Et puis, ça m'a aussi..."
Elle s'arrêta, comme si elle s'était rendu compte qu'elle allait
dire quelque chose qu'il ne fallait pas. "Je veux dire, c'est perturbant.
De penser que je vais avoir un frère ou une sur. Surtout de penser
que c'est Giles le père, en fait. Déjà que les imaginer
sur le capot d'une voiture..."
- "Giles?" Même Angel avait du mal à dissimuler sa surprise.
"Et... ta mère?"
- "Je n'en sais rien, en fait," soupira Buffy en haussant les épaules
et en reposant sa tête contre le torse d'Angel. "Je ne sais pas s'ils
sont vraiment ensemble, si c'est seulement l'histoire d'un soir -dans quel cas,
bonjour l'image parentale. Encore heureux que ma mère n'ait pas refusé
que je vienne habiter ici, tu n'es pas pire que Giles quand même. Bon,
d'accord, tu es beaucoup plus vieux. Mais au moins tu es mignon. Tu crois que
ma mère trouve Giles mignon?"
- "Je... je ne sais pas?" proposa Angel.
- "Ce serait bizarre. A vrai dire, je me demande ce que Giles va faire.
Je le vois assez mal ne pas s'occuper de son enfant. Mais c'est vrai que je
le vois assez mal avec un enfant. Et puis l'avoir tout le temps chez moi avec
ma mère? Encore plus bizarre. Surtout s'ils sont aussi discrets que Ted
et elle. Heureusement que je vis ici, ça m'évitera ce genre de
scène. Je veux dire, ça serait étrange de les voir ensemble.
En tout cas je pense que Giles va s'occuper de ma mère aussi. J'espère.
Il est un peu obligé remarque. Et puis... ça m'a donné
l'impression que j'avais loupé un épisode. Faith était
au courant avant moi! J'ai eu l'impression de, je ne sais pas, de ne pas avoir
été assez présente. Mais c'est normal, puisque je vis ici
maintenant. D'ailleurs, je n'étais même pas au courant que Wesley
avait appelé. Pourquoi est ce que Giles n'a pas appelé? Je veux
dire, on a le téléphone. Il aurait pu s'en servir, non?"
Angel sourit en écoutant Buffy parler, presque toute seule.
- "Peut-être qu'on pourrait aller voir tout à l'heure. Ce
que devient Wesley, surtout."
- "Oui..." Buffy s'arrêta un instant. "J'ai promis à
Faith de patrouiller avec elle ce soir. A 21 heures. Mais tu pourrais aller
voir Giles en attendant, je te rejoindrai là-bas. A quelle heure rentre
ton copain?"
- "Ce n'est pas vraiment mon copain."
- "Peu importe, le type bizarre qui va squatter chez nous. Doyle, c'est
ça? Entre nous, il devrait demander à Cordy de l'aider un peu
à s'habiller. Mais peu importe. A quelle heure il rentre, alors?"
- "Je ne sais pas. Je crois qu'il avait parlé de 20h30, 21h. A
moins que ce ne soit plus tard."
- "Oh."
Buffy n'ajouta rien, mais ils savaient parfaitement tous les deux ce que ça
voulait dire.
- "Est ce qu'on n'a pas une après-midi à rattraper?"
demanda Angel avec un sourire en coin.
Elle quitta sa poitrine où son cur ne battait pas; ses yeux scintillaient et un sourire lumineux se dessina sur ses lèvres. Elle caressa un instant sa joue, puis il se laissa aller et l'embrassa, d'abord doucement, jusqu'à ce qu'elle glisse sa langue dans sa bouche, joueuse et passionnée. *Si jamais Doyle arrive maintenant, je jure que je le fiche à la porte, mission ou pas.*
**********
Les yeux de Xander s'étaient agrandis de terreur quand le chien s'étaient
élançé vers lui, il était incapable de faire un
geste. Le molosse arriva à ses pieds et se mit à lui tourner autour,
et ce fut seulement à ce moment qu'il remarqua qu'il ne grognait plus,
et que sa queue battait même frénétiquement.
- "Eh, Xan, il t'aime bien!" s'exclama Willow.
- "Euh..." répondit seulement Alex, toujours pas très
rassuré par la présence du gros chien si près de lui.
Tout à coup la bête se ramassa sur elle-même devant Xander,
qui jeta un coup d'il vers Willow.
- "Will, Will! Qu'est ce qu'il fait??"
- "C'est rien, je crois qu'il veut juste jouer, tu-"
Le chien avait bondi sur Xander, faisant trébucher et tomber ce dernier
en arrière.
- "Ah!!!!!!!!!" s'était écrié Cordelia derrière,
plus par peur que le Rottweiler s'attaque ensuite à elle que pour Xander.
- "Aouch," fit Xander les yeux fermés, une fois à terre.
Le chien avait posé ses deux grosses pattes avant sur le torse d'Alex,
et regardait maintenant le garçon en penchant légèrement
la tête. "Mon dieu, c'est qu'elle est lourde, cette sale bête,"
soupira Xander en ouvrant les yeux, constatant qu'il allait être dur de
se relever. "Will, je fais quoi?"
- "Tu n'as qu'à lui mettre la corde autour du cou."
- "Tu veux vraiment qu'il me bouffe?"
- "Tu vois bien qu'il t'aime bien! Allez, vas-y," fit Willow en lui
tendant la corde d'assez loin. "Je vais voir comment va Tara."
Laissant là Xander et son molosse, elle se dirigea vers le fond de la
ruelle, où elle découvrit rapidement Tara recroquevillée
sur le large rebord d'une fenêtre. Celle-ci sourit en voyant Willow arriver.
- "Willow. C-coucou."
- "Tara! Ca va?" Elle tendit une main vers son amie, et l'aida à
descendre. Tara tituba un instant, et Willow la tint pour l'empêcher de
tomber. "Je n'aurais pas du te laisser avec ce chien."
- "Si-si. Ne t'inquiètes pas pour moi, ç-ça va. Je
suis juste un peu... j'éviterai de trop m'approcher d'un gros chien maintenant."
Willow sourit et Tara aussi, un peu faiblement, en pensant rapidement que d'habitude,
elle se rapprochait des gens dans d'autres circonstances, puis elles se tournèrent
pour voir comment Xander se débrouillait. Il avait réussi à
se lever et à passer la corde autour du cou du chien, créant ainsi
une laisse de fortune, et il essayait maintenant de voir si le chien le suivait.
Quand le résultat s'avéra positif, un grand sourire se dessina
sur son visage, et il se dirigea vers Cordelia qui n'éprouvait toujours
pas une grande tendresse pour la bête qui, quelques dix minutes auparavant,
montrait ses crocs.
- "Ahhh!! N'approche pas cette chose de moi!! Alex!"
Etrangement, quand Xander passa à coté de Cordelia, le chien
se remit à grogner avec vivacité, faisant sauter en arrière
la Reine de Mai, et faisant éclater de rire Xander, qui s'éloigna
tout de même. Il se tourna vers Willow et Tara qui n'étaient plus
qu'à une dizaine de mètres, un grand sourire toujours aux lèvres.
- "Eh, vous avez vu!! Il n'est pas si bête que ça, ce molosse!
Ou peut-être qu'on doit dire elle?" A la vue de Tara, le chien s'était
remis à grogner. "Tiens, c'est bizarre, on dirait que toi non plus
il ne t'aime pas," remarqua le garçon en ramenant la bête
plus à ses pieds. Faire peur à Cordelia était amusant,
mais Tara semblait déjà assez faible pour ne pas en rajouter.
- "Garde le près de toi, Xan," fit Willow qui soutenait toujours
un peu Tara.
- "En tout cas, loin de moi," ajouta Cordelia. "D'ailleurs,
je ne vois pas pourquoi je reste. Je ne compte pas finir mes jours dévorer
par un chien affreux qui adore Alex."
- "D'ailleurs, pourquoi tu es revenue? Tu n'as rien trouvé à
Los Angeles?" interrogea Willow.
- "Tu rigoles! J'ai la plus belle villa de mon quartier!!" s'exclama
Cordelia en évitant de mentionner le fait que son père allait
bientôt l'obliger à la quitter.
- "Elle venait juste me dire qu'elle va encore essayer de me soutirer
du fric," expliqua Alex.
- "Et d'ailleurs, maintenant que c'est fait, je m'en vais!" déclara
Cordelia. "Salut, bonne chance avec votre Amy monstre!"
Sur ces mots, elle s'éloigna sous les regards incrédules des trois
autres jeunes adultes.
- "Ca alors, c'est bien Cordelia," finit par remarquer Xander. "Elle
n'a pas l'impression qu'elle aurait pu nous aider??"
- "C'est pas grave," répondit Willow. "Je crois qu'on
a besoin que de trois personne pour faire le sort."
- "Oui, c'est ça," confirma Tara.
- "Ah bon, on va faire un sort?" demanda Alex en se retournant.
- "Un sort de stabilisation, oui," expliqua Willow. "Quand Amy
est venue nous voir, elle nous a donné un sort qu'elle avait trouvé,
elle avait besoin de nous pour le faire avec elle. Le problème c'est
qu'elle s'est transformé en ce chien sur le chemin vers chez toi."
- "Pourquoi tu n'as pas appelé Buffy?"
- "C'est ce que j'ai fait, mais ça ne répondait pas chez
Angel... Je n'ai pas vraiment insisté. Tu sais."
- "Hum. Et donc on va le faire maintenant, ce sort?"
- "N-non. Il-il nous manque certains ingrédients," fit Tara.
- "Ils sont dans ma chambre. Je pensais qu'on pourrait peut-être
enfermer le chien avec Oz, en attendant d'aller les chercher," exposa Willow.
"C'est la pleine lune ce soir, Oz est au cimetière St David dans
sa cage. Il y en a une autre à coté. Mais remarque, si ce chien
t'aime bien, tu pourrais aussi le garder avec toi."
- "Bah, je ne sais pas... Je l'aime bien, moi, finalement, ce toutou!"
nota Xander en caressant vigoureusement la tête du Rotteweiler, qui tirait
maintenant la langue. "On ne pourrait pas stabiliser ses molécules
comme ça, d'ailleurs? C'est pas que je n'aime pas Amy, mais je garderais
bien le chien! Peut-être que mes parents me respecteraient un peu plus
avec une bête comme ça. A moins qu'au contraire ils ne me mettent
définitivement dehors à cause de lui."
- "Je crois qu'on va plutôt redonner à Amy sa forme humaine,
désolée."
- "Bon, tant pis alors. On fait ça où? Sans prévenir
Giles?"
- "Si, on va passer chez lui, et on ira faire ça chez moi. A l'université, je veux dire."
**********
Quand Wesley ouvrit les yeux la première fois, il fut incapable de dire
où il se trouvait, tant la lumière de la lampe était éblouissante.
La deuxième fois, il constata que Giles se trouvait debout devant lui,
et malgré la douleur qu'il ressentait au fond de ses globes oculaires,
il se força à garder les yeux ouverts.
- "Wesley ?"
- "Mr. Giles ?" fut la réponse brumeuse de Wesley.
- "Oui, c'est moi. Comment vous sentez vous ?"
- "J'ai connu mieux," répliqua Wesley doucement.
Il s'assit sur le canapé, au prix d'une vive douleur dans le cou. Il
porta aussitôt ses mains à sa nuque, et la massa en rouvrant les
yeux sur Giles. L'image devenait un peu plus nette. Il était chez Buffy,
visiblement. Ah oui, il se souvenait être venu jusqu'à Revello
Drive quand il n'avait trouvé personne chez Giles.
- "On vous a envoyé une fléchette dans le cou, je pense
que c'est pour ça que vous avez mal," expliqua Giles. "Vous
êtes sûrs que vous ne préférez pas rester allongé?"
- "Non, non, ça ira, merci. Une fléchette empoisonnée?"
- "Oui, dans le cou. Autant vous dire que c'est assez étrange."
- "Bien sûr. Ca doit être eux. Ils ont réussi à
envoyer quelqu'un, j'ai été suivi."
- "Qui, eux ? Wesley, je pense qu'il serait plus profitable pour tout
le monde que vous repreniez tout depuis le début. Pourquoi est ce que
vous êtes parti d'Angleterre sans prévenir ?"
- "Je-"
- "Rupert ? Est ce que tu pourrais m'amener un oreiller de plus s'il te
plait ? Je ne me sens vraiment pas bien," demanda Joyce depuis le premier.
Giles avait levé la tête en direction de l'escalier, puis retourna
à Wesley, en soupirant mentalement. Mon Dieu, mais comment est ce qu'il
allait tenir 8 mois comme ça?
- "Excusez-moi," fit Giles. "J'ai... je me suis découvert
de nouveaux devoirs aujourd'hui. Je reviens."
- "De nouveaux devoirs?" répéta Wesley sans comprendre, mais Giles avait déjà quitté la pièce.
**********
Lindsey avait gentiment viré Malthus et Faith en leur expliquant qu'il
avait ses bagages à faire, et ceux-ci étaient parti sans faire
d'histoire. Dans le silence de la pièce, Lindsey se laissa s'effondrer
sur le lit et resta quelques minutes sans bouger comme ça. Non seulement
ça faisait beaucoup de choses nouvelles en très peu de temps,
il venait en moins d'une heure de faire la connaissance de son père et
de sa sur, mais en plus la conversation lui avait laissé un sentiment
de frustration. Parce qu'il n'avait pas compris tout ce que son père
sous-entendait, et parce qu'il avait été arrêté dans
son élan avec Faith. Il était impensable maintenant qu'ils reprennent
la scène là où ils s'étaient arrêtés,
n'empêche que c'était frustrant. Il rouvrit les yeux, et se leva
pour commencer à rassembler ses affaires.
En bas, Faith et Malthus étaient sortis dans la rue, et marchait maintenant
en silence. Dans l'escalier, Faith avait jeté un coup d'il à
sa montre, et en constatant qu'il était à peine 19h30, elle en
avait conclu qu'elle avait encore un bon bout de temps avant d'aller rejoindre
Buffy. Il n'était pas question de débarquer au manoir en avance,
surtout vu comment ses propres plans de la nuit avaient été modifiés.
- "Tu n'es pas une grand bavarde, hein?" fit Malthus.
- "Pas avec les gens que je connais pas," répondit Faith.
Elle n'aurait pas vraiment été capable d'expliquer ce qui l'avait
fait se refermer. Ce Malthus avait une tête plutôt sympathique,
des cheveux bruns courts et légèrement ondulés comme ceux
de Lindsey, et des grands yeux noirs comme elle. Il n'était pas très
grand, un peu plus que Lindsey, et surtout il était loin d'être
aussi costaud qu'Angel. *Plutôt comme Xander,* pensa-t-elle rapidement,
et elle esquiva un sourire. Elle n'avait pas pu voir Xander ce soir... Elle
se promit de l'appeler dès qu'elle serait chez elle. Et peut-être
même qu'elle pourrait le voir, qui sait, si cette abrutie ne leur traînait
pas encore dans les pattes....
- "Je vois que tu as hérité du bon caractère de ta
mère," fit Malthus sans s'énerver. "Je sais bien que
la situation est un peu étrange pour toi, et j'aurais voulu que les choses
se passent autrement, crois-moi. Mais j'imagine qu'il faut faire avec ce qu'on
a... surtout en ce moment."
- "Je m'en fiche. Tu n'as même pas essayé de savoir réellement
qui j'étais. Je veux dire, tu savais que j'existais depuis quelques temps,
et tu ne savais même pas quelle tête j'avais. Tu es venu ici pour
Lindsey, mais je suis habituée. Je suis toujours dans l'ombre de quelqu'un."
- "Bien sûr que non. Je comptais te chercher après, mais
c'est vrai que j'ai abordé Lindsey en premier parce que j'avais plus
d'informations sur lui. Comment est ce que j'aurais pu connaître ton visage?"
- "Je croyais que tu avais des pouvoirs." Faith s'était de
nouveau renfrognée.
- "Pas celui de connaître le visage d'un de mes enfants dont je
n'avais jamais entendu parler auparavant. Tu as un peu de temps, Faith?"
- "Pour quoi?"
- "Pour que je m'explique un peu. Pour qu'on s'explique, peut-être."
- "Je préfèrerais qu'on s'intéresse à ce que
je vais devenir. On ne peut pas changer le passé."
- "Ce que tu vas devenir, en tant que Tueuse? Si tu veux. Je ne suis pas sûr de pouvoir répondre à toutes tes questions, mais je veux bien essayer."
**********
- "Je ne comprends pas. Où est ce que peut être Giles un jeudi
soir, à part chez lui?" fit Willow en finissant de descendre les
escaliers qui menaient à la porte d'entrée de l'ex-bibliothécaire,
et en entamant la montée d'Oakpark Street, Tara à ses cotés
et Xander un peu éloigné, le chien toujours en laisse.
- "Oui, surtout que Buffy et Faith patrouillent ensemble ce soir. Je doute
qu'elles aient besoin de l'aide de Giles."
- "Giles, c'est bien votre ami qui s'occupait de la bibliothèque
de votre lycée?" vérifia Tara.
- "Oui, celle qui a explosé. Il est anglais et adulte, mais à
part ça très vivable," expliqua Xander. "Bon, qu'est
ce qu'on fait alors?"
- "On a qu'à aller à ma chambre. Tant pis, Giles n'a pas
besoin d'être au courant de tous les sorts qu'on fait, on se débrouille,
quand même."
Ils atteignirent rapidement Stevenson Hall, et montèrent aussi discrètement
que possible jusqu'à la chambre de Willow, qui fut heureuse ce soir là
de ne pas avoir de colocataire. Quelques élèves leur jetèrent
un coup d'il étonné en les voyant avec un énorme
chien, dans un bâtiment où même les souris n'étaient
pas acceptés, mais personne ne sembla vraiment y prêter d'attention.
Pendant que Xander maintenait la bête loin de Tara, ce qui consista surtout
à jouer avec lui, les deux apprenties sorcières rassemblèrent
les ingrédients et se préparèrent à faire le sort.
- "Il va falloir que le chien reste au centre," expliqua Willow.
"On va tous les trois s'installer sur le cercle que je viens de dessiner,
et normalement on devrait pouvoir rendre sa forme à Amy et stabiliser
ses molécules sous la forme humaine en même temps."
Le chien mit quelques minutes à se laisser faire et à se laisser
asseoir au milieu du cercle sans se retourner en permanence vers Tara pour grogner,
mais bientôt ils furent tous prêt. Tara et Willow récitèrent
ensemble l'incantation, et au bout de quatre phrases latines, une fumée
enveloppa le chien, faisant apparaître Amy. Une corde de lumière
l'entoura pendant une minute, puis s'évapora, laissant une Amy grelottante
au milieu du cercle, malgré les habits avec lesquels elle était
revenue.
- "C'est bon?" demanda Xander.
- "J-je crois que oui," fit Tara, qui sourit en voyant que Willow
rayonnait d'avoir réussi à venir à bout d'un sortilège.
- "Amy?? Ca va?" demanda Xander en se levant.
- "Oui," murmura la concernée. "Je pense que le problème
est réglé, mais je me sens bizarre."
- "Peut-être parce que ça fait longtemps que tes molécules
n'ont pas été habitué à se maintenir sous une forme
précise," fit Willow.
- "C'est possible," approuva Amy, qui ne grelottait plus et qui avait
quitté le milieu du cercle. "Je... je crois que je vais rentrer
chez moi. Ah non, c'est vrai, je ne peux pas."
- "Tu veux rester dormir ici?" proposa Willow.
- "Je ne voudrais pas t'embêter."
- "Non, c'est rien. Oh, c'est juste que j'ai cours à 8h demain,
je risque de te réveiller."
- "J'ai c-cours à 8 heures aussi," dit Tara comme pour s'excuser.
- "Oh!!" s'exclama Willow avec enthousiasme. "Tu n'as qu'à
dormir ici, Tara! Et Amy dans ta chambre! Comme ça on ne réveille
personne. Sauf si tu ne veux pas qu'Amy aille dans ta chambre, bien sûr,"
ajouta-t-elle précipitamment.
- "Oh, non, pas du tout. C'est une très bonne i-idée,"
fit Tara en essayant de ne pas laisser trop transparaître sa joie. "Si
ça va à Amy, bien sûr."
- "Oh, oui, c'est parfait. Tu me montres où c'est?" répondit
l'intéressée.
- "Bon, si ça ne vous gêne pas, je vais vous laisser à
vos problèmes de dortoir et aller trouver un endroit où manger,
j'ai loupé le repas chez moi," fit Xander. "On se voit demain
avec Buffy chez Giles, Will?"
- "D'accord. A demain, Xan!!"
- "Salut à toutes, bonne soirée!" lança Xander
en quittant la chambre.
Il allait peut-être pouvoir trouver Faith... en essayant de ne pas tomber sur Anya. Vraiment, c'était trop bête de ne plus avoir le chien. Avec un peu de chance, il aurait fait peur à l'ex-démon!
**********
Giles était redescendu voir Wesley une dizaine de minutes après
être monté, mais Wesley demanda à pouvoir se doucher et
se changer avant d'expliquer la totalité de l'histoire, ce que Joyce
lui accorda sans problème. En attendant, Giles était parti faire
un peu de thé, et quand il fut prêt, il en monta une tasse à
Joyce.
- "Merci beaucoup," fit-elle en prenant la tasse. "Je le pense
vraiment. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi aujourd'hui, les douleurs
n'avaient jamais été aussi grandes."
- "De rien," répondit doucement Giles en s'asseyant sur un
fauteuil à coté du lit. "J'espère juste que ça
va s'arranger. Tu devrais prendre rendez-vous chez le médecin."
- "Oui, je pensais appeler demain matin." Elle s'arrêta un
instant pour boire une gorgée de thé, et Giles fit de même.
"Je... je ne t'ai même pas demandé ton avis. A propos de garder
cet enfant ou pas," remarqua tout à coup Joyce.
Giles leva les yeux sur elle, mais ne dit rien.
- "Ca ne... je veux dire, tu n'y vois pas trop d'objection?" reprit-elle.
"Je suis désolée si oui, je crois que je ne serais vraiment
pas capable d'avorter. Peut-être que tu n'es pas obligé de..."
- "Ne t'inquiètes pas, Joyce. C'est... un peu étrange de
penser à toute cette histoire." Il enleva ses lunettes, avant de
les remettre. "Pas uniquement pour moi, je pense aussi à Buffy.
Mais je comprends parfaitement."
Joyce sourit un court instant, avant de retourner à sa tasse de thé,
quelque part soulagée. Avec toute sa pudeur d'anglais, Giles venait de
lui assurer qu'il serait là pour elle.
Wesley frappa à ce moment à la porte, et Giles se leva aussitôt
en lui annonçant qu'il le rejoignait en bas. Il se tourna vers Joyce
une dernière fois.
- "Je pense qu'il faut que tu essayes de dormir, c'est le mieux à
faire pour l'instant. Si tu as besoin de quoique ce soit, je suis en bas."
- "Ca ne te gêne pas de rester cette nuit?"
- "Non. Je crains de ne pas pouvoir beaucoup dormir de toute façon,
avec l'histoire de Wesley." Il s'approcha du lit et posa sa main sur celle
de Joyce. "Bonne nuit."
- "Bonne nuit."
Il quitta rapidement la chambre, et alla rejoindre Wesley qui l'attendait en
bas, à la table de la salle à manger.
- "Mrs Summers va bien? De quoi souffre-t-elle?"
- "Rien de très grave, j'ose espérer," répondit
simplement Giles en s'asseyant à son tour autour de la table, tasse toujours
en main. "Si vous m'expliquiez plutôt comment vous êtes arrivés
ici dans cet état?" proposa-t-il pour changer de sujet. Discuter
de sa futur paternité -rien que d'y penser lui paraissait saugrenu- avec
Wesley n'avait rien de tentant.
Heureusement, son collègue n'était pas compliqué, et il
accepta de ne pas avoir plus de détails.
- "En fait, c'est une longue histoire. Je vous avais dit que j'attendais
le verdict de mon entrevue avec le Conseil pour le futur de Faith. Eh bien,
il y a une semaine, j'ai été convoqué devant le Cour de
nouveau. On m'a annoncé officiellement que les Tueuses allaient bientôt
devoir faire face à un changement et qu'ils pensaient que, pour le peu
de temps qu'il restait aux Tueuses à devoir maintenir un équilibre
entre le Bien et le Mal, il était inutile d'attribuer un Observateur
à Faith. J'ai fait remarqué que nous étions tous les deux
volontaires pour le faire, et ils ont en quelque sorte dit qu'ils vous accorderaient
la garde de Faith. Etrangement, ils avaient l'air de n'y trouver vraiment aucun
intérêt, on aurait dit que je les ennuyais plus qu'autre chose
et qu'ils ne disaient ça que pour que j'arrête d'en parler. Ils
ont promis de vous prévenir rapidement par téléphone."
- "Je ne les ai jamais eu au téléphone."
- "Je m'en doutais. Je vous l'ai dit, je réalise maintenant que
c'était un moyen de me faire passer à autre chose. Donc. Ils m'ont
ensuite annoncé que j'allais réintégrer le corps du Conseil.
Complètement. Je serais de nouveau un membre à part entière...
Vous imaginez mon enthousiasme. J'ai voulu vous téléphoner le
lendemain matin, mais on m'a empêché de le faire. Je dois avouer
que j'ai oublié pourquoi, mais j'étais tellement enthousiaste
que je n'y ai pas prêté attention. J'ai passé la journée
suivante à remplir des papiers, et je dois admettre que vous téléphoner
m'est un peu sorti de l'esprit -je pensais que vous aviez été
prévenu que Faith vous était attribué par les hauts rangs
du Conseil. Un soir enfin, on m'a dit qu'il y avait une réunion plénière
le lendemain matin. Je m'y suis donc rendu, et c'est là que j'ai réalisé
que quelque chose était étrange. Ils ont donc commencé
à parler des Mages Noirs, et du problème de la passation de pouvoir.
Par ailleurs, ils ont besoin d'une tête de file parmi les Mages, et ils
ignoraient la meilleure façon de désigner ce leader. Certains
des Membres n'ont pas hésité à proposer l'idée de
voir lequel arriverait à tuer une des Tueuses pour le nommer meneur.
Bien sûr, j'ai protesté, mais on m'a prié de ne pas m'animer
pour rien."
- "On vous a fait quitter la réunion?"
- "Pas cette fois-là. Mais le lendemain, une nouvelle réunion
a eu lieu. Je n'y étais pas convié, mais je m'y suis présenté
quand même. Dans la foule des Membres, j'ai pu passé inaperçu,
ce qui m'a permit d'assister au début de la séance. Puis votre
cas a été soulevé."
- "Mon cas? Je ne fais plus parti du Conseil," fit remarquer Giles.
- "Non, mais vous leur posez tout de même problème. A cause
de votre affection pour Buffy. Ils ont peur que vous vous mettiez en travers
de leur chemin, et ils ont même fini par parler ouvertement de votre élimination.
Je me suis forcé à rester muet, sachant qu'il valait mieux ne
pas me faire remarquer, et puis ils en sont arrivés à l'idée
que Faith était importante dans la passation de pouvoir puisqu'elle possède
les sangs des deux races dans ses veines, mais le cas Buffy les laissait plus
perplexe. Ils ont appris qu'elle vit maintenant avec Angel, et ils ne savent
pas quoi faire de cette information. Ils ont de nouveau parlé de faire
de Buffy une sorte d'épreuve à passer pour les Mages Noirs, à
son insu bien sûr. Un des membres a objecté que le rôle de
Buffy était trop important pour qu'on puisse s'en servir comme simple
épreuve, et je me suis à mon tour énervé. Evidement
quand ils ont remarqué ma présence, j'ai été prié
de sortir, ce que j'ai du me résigner à faire. Après ça,
les choses n'ont fait qu'empirer... J'ai fini par me demander s'ils ne cherchaient
pas à se débarrasser de moi. Il n'était plus jamais possible
de téléphoner à l'étranger, mon téléphone
portable avait subitement disparu, j'ai même du faire face à l'impossibilité
de quitter le terrain du Conseil."
- "Vous avez essayé de comprendre pourquoi?"
- "Evidement. Je passais mes journées à essayer de récolter
des informations en tout genre, mais on se méfiait de moi. Je ne comprends
toujours pas pourquoi je suis resté entre deux eaux si longtemps. C'était
comme s'il ne voulait plus de moi, mais qu'ils ne voulaient pas me renvoyer
non plus. Et puis un soir, j'ai pu assisté de loin à un rassemblement
qui a eu lieu dans la grande salle des Procès. Il y avait un grand homme
blanc habillé tout de noir et un grand homme noir habillé de blanc
qui dirigeait l'assemblé avec le Directeur Adjoint du Conseil, deux hommes
que je n'avais jamais vu. Je pense que ce sont deux Mages Noirs... ils parlaient
d'un émissaire déjà envoyé sur Sunnydale, mais je
n'ai pas pu rester là tout le temps. Cette nuit là, je suis sorti
pour voir si on m'empêcherait aussi de partir une fois le soleil couché,
et je suis tombé sur un groupe de personnes habillés uniquement
en blanc et noir, probablement des Mages eux aussi. Je n'ai pas tout à
fait compris ce qu'ils disaient, mais ils n'avaient pas l'air pacifistes du
tout. Je me suis alarmé, j'ai essayé d'en parler à Quentin
le lendemain. Quand plus tard dans la journée j'ai recroisé le
grand homme blanc habillé de noir et qu'il m'a suivi du regard, j'ai
compris que l'information -j'avais assisté à la réunion
des Mages la veille au soir- lui était arrivé, et qu'il valait
mieux pour moi ne pas rester là-bas."
- "Et vous avez réussi à partir?"
- "La nuit suivante, oui. Ca n'a pas été simple, mais le
garde n'est pas méchant, et j'y suis arrivé. J'ai aussitôt
été à l'aéroport, mais je pense que j'ai été
suivi. Je suis monté dans le premier vol pour New York, et je pensais
être en sécurité en Amérique, mais apparemment c'est
faux. J'imagine que cette fléchette n'ait pas arrivée dans mon
cou toute seule."
- "C'est évident. Vous pensez donc que les Mages Noirs sont en
réalité mal intentionnés, et que le Conseil le sait?"
- "Peut-être pas. Peut-être que le Conseil ne s'en rend pas
compte, et peut-être c'est uniquement une partie des Mages Noirs. Le Conseil
n'est pas le seul à décider dans cette histoire, je ne comprends
pas pourquoi les pouvoirs supérieurs auraient prévu de faire remplacer
les Tueuses si les Mages Noirs ne se battent pas du même coté."
Le silence s'établit plusieurs minutes entre les deux hommes, Wesley
par fatigue, et Giles par réflexion. L'histoire s'éclaircissait
beaucoup moins vite qu'elle ne se compliquait.
- "Je crois que le mieux pour ce soir est de se reposer. Vous en avez
besoin," fit Giles, "ma journée a aussi été agitée
en nouvelle, et je ne sais pas où joindre Buffy et Faith tout de suite.
J'ai prévu une réunion avec elles et les autres demain matin chez
moi, nous en reparlerons à ce moment là, qu'est ce que vous en
pensez?"
- "Oui, ça paraît une bonne idée. Mais... est ce que
je pourrais vous demander de dormir chez vous? Ca ne me semble pas prudent de
parcourir la ville seul cette nuit, si quelqu'un m'a réellement suivi
jusque ici."
- "Vous avez tout à fait raison. Je vais essayer de m'arranger
pour ce soir, je reste dormir ici."
- "Je..." Wesley fronça les sourcils, perplexe. "Est
ce qu'il y aurait une étape que j'ai loupé pendant mon absence?"
**********
Malthus et Faith s'étaient assis l'un en face de l'autre à une
terrasse de café sur Main Street, et ils avaient tous les deux commandés
des cafés.
- "Qu'est ce que tu veux savoir, alors, Faith?" finit par demander
Malthus, en voyant que sa fille ne prendrait pas l'initiative des questions.
- "Qu'est ce que Buffy et moi on va devenir si les Mages font notre boulot?"
demanda Faith en levant les yeux de sa tasse.
- "C'est difficile à dire. On va traverser une période d'incertitude,
et votre futur à toutes les deux va dépendre de vos choix. Il
faudra peut-être abandonner des choses qui vous sont chères, mais
on ne perd jamais les choses que pour mieux les retrouver après."
- "Si tu parles toujours comme ça, on est pas rendu."
- "Je ne peux pas être précis avec le futur puisqu'il n'est
pas encore écrit. Seulement avec le passé."
- "T'as quel âge?" A la réflexion, Faith se sentait
plus intéressée par ce père qu'elle ne l'avait laissé
croire.
- "160 ans," répondit-il sans faire de réflexion sur
la question qui ne portait pas vraiment sur l'avenir des Tueuse. "A vrai
dire, c'est jeune pour un Mage Noir. Disons que ça me ferait environ
vingt cinq ans."
- "Moi aussi je vais vieillir lentement?"
- "Non. Tu es comme Lindsey, ton développement correspond à
celui d'un humain normal. Mais tu as bien sûr plus de possibilités
que lui, puisque tu es une Tueuse."
Faith resta quelques instants silencieuse.
- "Pourquoi est ce que tu savais que Lindsey existait et moi pas?"
- "L'histoire entre la mère de Lindsey et moi est très compliqué,
je ne voudrais pas t'ennuyer avec ça ce soir. Et je pense qu'il a le
droit de l'apprendre en premier. C'est vrai que je n'ai pas grand chose à
dire en ce qui concerne le paternalisme et comment élever ses enfants,
mais... autant ne pas continuer sur le mauvais chemin, hein?"
- "Mais moi alors? Pourquoi tu ne savais même pas que j'existais?"
- "Ca date d'il y a 17 ans bientôt... Tu vois, vieillir lentement,
ça devient très intéressant quand on atteint sa majorité.
Avant, ça t'expose plutôt à des moqueries multiples et variées.
Peu importe. J'ai toujours été quelqu'un de plutôt sensible,
un désespoir pour mon père qui tentait de m'inculquer des valeurs
du Middle West. Quand j'ai rencontré Guilia -la mère de Lindsey-
j'avais seulement 131 ans, je l'aimais de tout mon cur, je croyais encore
en Roméo et Juliette, ce genre de chose, tu vois? Quand j'ai... du passé
à autre chose, disons le comme ça, ça m'a détruit.
C'est peu de temps après ça que ta mère à toi est
arrivé. J'avais besoin d'être aimé à nouveau, ça
m'a complètement aveuglé. Samia savait que j'étais un Mage
Noir, quelqu'un d'important en tout cas. Je... je n'ai pas vraiment réalisé
qu'elle cherchait à obtenir du pouvoir."
- "Elle n'avait pas de pouvoir quand elle m'a élevé. Juste
celui de ne pas savoir bien le faire -m'élever."
- "Non, c'est vrai. Au fil de nos conversations, elle a vite compris que
je ne pouvais pas lui donner de pouvoir; je la tenais loin de mes histoires
de magie, bien sûr. Alors elle s'est mis en tête d'avoir un enfant
de moi, en pensant que cet enfant hériterait lui de mes pouvoirs, et
qu'elle pourrait s'en servir. Bien sûr, j'ai compris tout ça après..."
ajouta Malthus en baissant les yeux. "Avec le recul, je pense qu'elle était
déjà enceinte de toi quand j'ai retrouvé la trace de Lindsey
la première fois. Je pensais qu'elle serait heureuse de rencontrer mon
enfant, alors je lui ai présenté Lindsey. Il avait à peine
9 ans à l'époque, j'imagine qu'il ne se souvient de rien... elle
n'a pas vraiment mal réagi devant lui, mais je réalise qu'elle
a du être très irritée de voir qu'il n'était qu'un
petit garçon normal -ce que je n'arrêtais pas de répéter
tellement je trouvais ça magnifique."
- "Alors tu as vu Lindsey à deux ans, et tu as réussi à
le reperdre après ça? Un gamin de deux ans? C'est une impression,
ou on est vraiment mal, avec des Mages Noirs pour se battre contre le Mal?"
- "C'est une autre histoire," répondit calmement Malthus.
"Que j'expliquerais plus tard."
- "Et moi alors? Qu'est ce qui est arrivé après?"
- "Samia est devenue insupportable. J'avais remarqué qu'elle ne
paraissait pas en forme depuis quelques temps -probablement la grossesse- mais
je ne comprenais pas sa réaction. Je crois que je n'ai jamais autant
regretté de ne pas pouvoir lire les sentiments des gens par rapport à
moi qu'à cette époque. Et puis un jour, on s'est très violemment
disputé, ça ne m'était jamais arrivé et c'était
surtout la faute de Samia. Elle est partie, en pleurs, en hurlant qu'elle ne
voulait plus jamais me revoir. J'ai essayé de la retrouver mais j'y n'y
suis pas arrivé. Je suis retourné voir le Sage, un Mage Noir très
important, pour qu'il m'aide, mais il a refusé. Il trouvait que mes histoires
de curs m'empêchait de me concentrer sur mon statut de Mage Noir.
Et puis le temps a passé, je n'ai jamais eu de nouvelles de Samia, je
n'ai jamais su que tu étais née, et je dois avouer, finalement
Samia ne m'a pas vraiment manqué. J'ai réalisé avec le
temps qu'elle ne m'avait rien apporté, et que j'avais des gens qui tenaient
plus à moi qu'elle autour de moi." Il s'arrêta un instant.
"Je suis désolée de te dire ça."
- "Non. En ce qui concerne ma mère, je comprends. Je veux dire,
je ne suis même pas sûr d'avoir l'amour d'une fille pour elle, parce
que je ne crois pas qu'elle ait jamais eu d'amour maternel pour moi. Mais pourquoi
est ce que je suis née?"
- "Tu veux dire, pourquoi est ce que ta mère n'a pas avorté?
Je n'en ai aucune idée, et je dois dire que maintenant que je t'ai en
face de moi, je suis plutôt content qu'elle ne l'ait pas fait. Samia était
quelqu'un de très conservateur, peut-être que l'idée de
l'avortement n'était pas un seul instant envisageable pour elle."
- "Elle a préférée me battre une fois que j'étais
née. Génial."
Faith replongea son nez dans le café, qu'elle remuait avec une petite
cuillère.
- "Je suis vraiment désolé de savoir qu'elle s'est si mal
occupé de toi que ça."
- "Hum. N'en reparlons pas, d'accord? Ca fait assez de mauvais souvenirs
comme ça pour qu'on n'ait pas besoin en plus de se les remémorer."
- "Il y a quelque chose d'autre que tu voudrais savoir?"
- "Non. Non, je ne crois pas. Est ce que tu vas rester?"
- "Oui. Je t'ai dit, je suis ici pour vous guider, Lindsey et toi."
- "Où est ce que tu habites?"
- "Pas besoin de le savoir. Il suffit que tu m'appelles et je viendrais."
- "Que je t'appelle?"
- "Oui. Comme si j'étais dans la pièce à coté.
Comme, 'Malthus, viens', et je viendrais."
- "C'est un pouvoir de Mage Noir? Un de ceux que je n'ai pas?"
- "Je crois," fit Malthus en souriant. "Mais je suis sûr
que l'on va vous découvrir des possibilités, à Lindsey
et à toi. Je sais déjà que tu as hérité de
la sensibilité sentimentale d'un Mage."
- "Quoi? La sensibilité sentimentale?"
- "Oui, c'est comme ça qu'on l'appelle entre nous. C'est la possibilité
d'être plus sensible qu'une personne normale aux sentiments des autres."
Faith se rappela la fête où elle avait senti que quelque chose
passait entre Giles et Joyce, et du regard de Tara sur Willow qu'elle avait
remarqué. "Mais ce sont seulement les sentiments des autres par
rapport aux autres. Ce pouvoir ne te permet pas de mieux comprendre ce que les
autres ressentent pour toi."
- "Oui, je crois que j'ai déjà subi ça." Elle
jeta un coup d'il à sa montre, et constata qu'il était 21h30.
"Oh, mince. J'ai... je dois retrouver Buffy ce soir," expliqua-t-elle
en levant les yeux sur Malthus. "Je dois y aller."
- "Vas-y, c'est ton devoir qui t'attend. Et ton amie."
Faith se leva et prit sa veste sur le dossier de la chaise, sous le regard
et le sourire protecteur de Malthus, avant de lancer un dernier regard à
celui-ci, et de commencer à s'éloigner.
- "A... à plus tard alors."
**********
Doyle entra dans le manoir sans penser à frapper, même s'il avait
tout de même pris à l'extérieur la précaution d'écouter
quelques instants ce qui se passait à l'intérieur, histoire d'éviter
de retomber face à la Tueuse. Si elle était encore de mauvaise
humeur et qu'il lui prenait l'envie de cogner quelqu'un, mieux valait laisser
Angel régler ça en douceur et éviter de la croiser. Il
pénétra donc dans le grand salon, mains dans les poches, et découvrit
avec soulagement Angel seul en train de lire sur la canapé.
- "Salut. Tu n'as pas peur de faire une overdose de culture, des fois?"
Angel se retourna, légèrement surpris, et abandonna son livre
sur la table basse pour s'avancer vers Doyle.
- "Bonsoir."
- "Pas très causant on dirait, hein? Bon, ça tombe bien,
comme ça je vais pouvoir essayer de te convaincre."
- "Me convaincre?" répéta Angel en levant un sourcil.
- "Oui. La Tueuse n'est pas dans le coin, si?"
- "Non, elle est parti patrouiller, mais je dois la retrouver tout à
l'heure."
- "Il y a encore du chemin à faire... Ecoute, je sais que ça
peut paraître un peu brusque, ou un peu sans cur, et crois moi je
voudrais bien faire autrement, mais je pense qu'il va falloir envisager une
petit séparation." Angel lui jeta un coup d'il, légèrement
ennuyé par la persistance de l'irlandais. "Je sais, je t'embête
avec mes histoires. Mais il va se passer des trucs importants ici, tu vas comprendre
après. Des trucs qui ne te concernent pas vraiment."
- "La passation de pouvoir entre les Tueuses et les Mages Noirs? Ca me
concerne. Ce qui concerne Buffy me concerne aussi."
- "Non, tu vois, c'est là que tu te trompes. Tu te souviens de cette
idée de rédemption qui te trottait dans la tête pendant
ces quelques temps où tu étais tout seul à L.A? En juin?
C'est un truc qui te concerne toi seul, Buffy n'a pas besoin de rédemption.
Ben là c'est un peu pareil, tu vois. Même si tu pourrais t'impliquer
dans tout ça, il va falloir que les Tueuses se débrouillent un
peu toutes seules."
- "Et dans ton plan, je me contente de les regarder en les encourageant
et en espérant que c'est comme ça que j'obtiendrais la rédemption?"
- "Bien sûr que non. On se fait un tour des alcools aux Etats-Unis,
puis on revient quand tout est terminé, et hop, tu peux retrouver ta
copine!" En voyant l'air septique qu'Angel affichait, Doyle redevint sérieux.
"Honnêtement, vieux, ne t'inquiètes pas. Les mecs là-haut
ont prévu plein de trucs pour toi, tu seras loin de t'ennuyer. On appelle
ça une mission, de temps en temps."
- "Une mission à remplir?"
- "Oui. A Los Angeles pour commencer. C'est une ville parfaite pour ça,
les désespérés grouillent, pire que les cafards dans mon
ancien appartement." Angel avait baissé les yeux, et froncé
les sourcils. Ce Doyle était étrange, et au fond est ce qu'il
avait tort? Mais se séparer de Buffy, ça, c'était impensable.
Comment est ce qu'il pourrait se refaire à une vie où il ne pourrait
pas la voir? "Tu ne t'ai jamais posé des questions sur toi?"
reprit Doyle. "Sur ce que tu ais maintenant, sur ton but dans la vie? Je
suppose que 'être le petit copain de Buffy' ne constitue pas un but pour
toi, tu es légèrement plus exigeant que moi sur ce genre de chose."
- "J'aide à combattre le mal."
- "Oui, bien sûr. Mais qu'est ce que tu es? Une sorte d'humain loupé,
parce que ton cur ne bat pas? Crois-moi, ce genre de questions ça
me connaît."
- "Ah oui?" fit Angel en levant un sourcil moqueur.
- "Je sais, je passe surtout pour un alcolo, mais il y a d'autres facettes
à ma personnalité." Il secoua un instant la tête, se
transformant en un démon vert à piques bleues, sous le regard
surpris d'Angel. "Tu vois?" Il secoua de nouveau la tête, revenant
à son visage d'humain habituel. "Tu me diras, mon cas est vraiment
désespéré, alcolo et à moitié démon,
quoi de pire pour repousser une femme. Mais comme qui dirait, je continue d'espérer."
- "Pourquoi tu me racontes tout ça?"
- "J'ai eu une vision. On va avoir besoin de nous -de toi surtout, en
fait- à Los Angeles, bientôt. Je voulais juste te montrer qu'on
est pas si différents tout les deux, et essayer de te faire comprendre
qu'il va bien falloir finir par me suivre."
Angel jeta un coup d'il sur le coté, comme s'il cherchait inconsciemment à esquiver la suite du face à face, puis il releva les yeux sur Doyle qui attendait visiblement une réaction de sa part.