~~~~Part 46~~~~
Cordélia était sortie tôt ce matin à la recherche
d'une crème miracle dont elle avait vu la publicité la veille
à la télévision. " une application tous les soirs
pendant trois mois et votre visage rivalisera de fraîcheur avec ceux des
plus grandes stars, pour la modique somme de 75 dollars !! " Bon, elle
n'avait pas l'argent sous la main, mais avec un crédit
Dans le métro,
elle repensait à sa situation. Non qu'elle soit précaire, après
tout Doyle était assez crétin pour l'héberger indéfiniment
sans pour autant lui sauter dessus pour la violer à la nuit tombée.
Mais la colocation avec lui n'était pas exactement sa conception de la
vie à L.A.Quoiqu'il y avait des avantages : pas de frais de location
qui pompait tout le salaire du mois (à condition d'en avoir un), pas
de ménage à faire (de ce point de vue, Doyle était
à peu prés aussi soigneux qu'elle, bien que son bazar à
elle soit bien sûr moins sale que le sien) et l'assurance de ne pas se
retrouver seule en cas de situation grave comme pourrait l'être une invasion
de cafards. Mais quand même tout cela était bien loin des rêves
de gloires de lady Chase.
Doyle prenait son premier verre de whisky de la matinée en compagnie
d'Angel. Il avait lui-même amené la bouteille dans l'appartement
d'Angel afin d'être dur d'en avoir à portée de main pour
les réunions tardives ou matinales. Il était particulièrement
fier de cette idée, surtout ce matin-là.
- Encore un souci ? lui demanda Angel avec un soupçon de lassitude dans
la voix.- Hum, le quotidien, rien de plus. Tu sais quoi, t'as très bien
fait de refuser que Cordélia vive avec toi.
- Simple question de bon sens. Je n'aime pas le jus de carottes, et voir des
produits de beauté sur toutes les étagères m'horripile.
Sans parler du nombre de miroirs dont elle a besoin pour vérifier qu'aucune
de ses peintures faciale n'ait coulé, répondit Angel négligemment.
- Je te trouve dur avec elle, ce n'est qu'une gamine. Buffy aussi doit avoir
certains cotés comme ça.
- Je t'arrête tout de suite, Buffy n'a rien d'une Cordélia. Avant
peut être, mais le destin d'une Tueuse oblige à mûrir plus
vite.
- Mouais, l'amour rend aveugle
bougonna Doyle.
- Et Cordélia n'est plus une gamine. C'est une jeune femme qui n'a toujours pas le sens des responsabilités. Et tu peux parler, toi le vieux sage, rajouta Angel avec ironie.
- Ok je ne suis peut-être pas aussi âgé que toi monsieur
" moi je suis éternel ", mais j'ai déjà vécu
pas mal de trucs. Tout n'a pas été rose. J'étais pas alcoolique
à la naissance.
- Ah, tu reconnais avoir un problème avec l'alcool. On progresse, constata
Angel avec satisfaction.
- Tu connais les Irlandais, on boit autant par tradition que par plaisir, on
n'y peut rien, c'est dans notre sang. Mais j'avoue que j'y vais un peu plus
fort que la moyenne.
- Et tu ne veux pas m'en dire la raison ? lui demanda Angel.
- Non. C'est une autre histoire.
Voyant le visage de Doyle se refermer, Angel n'insista pas. Le principal est
qu'il avait la preuve que Doyle avait plus la tête sur les épaules
que ce qu'il avait pensé au début, et cela le rassurait pour la
suite des événements.
- Mais tu ne m'as pas dit pourquoi j'avais bien fait de ne pas héberger
Cordélia, reprit Angel.
- Hé mec, t'as vu comme elle est canon ?!! T'imagines pas le supplice
que c'est de dormir à côté d'elle !!
- Heu
non, mentit Angel. Mais c'était pour la bonne cause, car
révéler à Doyle son aventure n'aurait fait que compliquer
les choses. D'autant qu'il n'était pas très fier de cet épisode.
- Elle sent bon toute la journée et ça imprègne mes fringues
! C'est hallucinant, j'ai l'impression de vivre avec elle
sans vivre avec
elle
c'est vraiment une torture !
- Mets la dehors, proposa Angel.
- Mais t'es un monstre !! Je croyais que t'avais une âme ?? Ouh ouh, y
a quelqu'un là dedans ?? demanda Doyle en frappant de son index la tête
d'Angel.
- Arrête je suis sérieux. Elle n'a rien construit à L.A.
donc elle n'a rien à perdre. C'est une capricieuse qui a laissé
tomber ses études, tu lui rendras même service. Sans logement elle
repartira à Sunnydale et elle ira à l'université. Tu sauves
peut-être même son avenir ! rajouta Angel d'un ton faussement dramatique.
Doyle réfléchit un instant puis donna son verdict.
- Non, je ne peux pas faire ça. C'est vrai qu'elle est insupportable,
mais elle a un bon fond. Et puis je ne suis pas un briseur de rêves, moi,
fit-il à l'intention d'Angel.
- Je sais que c'est une fille bien, elle ne veut tout simplement pas le montrer.
Tu crois que je n'ai pas vu que toute cette superficialité est une protection
contre la solitude ? je ne suis pas si aveugle, j'ai un peu pratiqué
la nature humaine après toutes ces années, avec ou sans âme
d'ailleurs. Le jour où Cordélia se décidera à abandonner
ses grands airs, elle sera quelqu'un de bien. Mais en attendant
- Chapeau monsieur le détective. Tu cernes plutôt bien les gens
c'est vrai. D'où mon idée d'agence de détective privé,
s'empressa d'ajouter Doyle.
- Ce n'est pas la première fois que tu fais allusion à cette agence,
qu'est-ce que tu veux dire par là au juste ?
- C'est une idée comme une autre. Mais si on doit aider les gens en danger,
peut-être que ce serait chouette pour eux de pouvoir nous trouver en cas
de besoin. C'est ma théorie. Et accessoirement un rêve de gosse.
- J'ai accepté de venir ici avec toi pour me racheter et parce que j'y
était plus ou moins forcé. Mais je n'ai lu nulle part dans le
contrat qu'il faudrait monter une agence de détective. Je te dis non
Doyle. Il n'en est pas question, trancha Angel avec autorité.
- Mais pourquoi ? OK tu n'y avais pas pensé, mais c'est pour le bien
des innocents. Imagine le nombre de personnes que tu pourrais sauver
lui
répondit Doyle avec
des larmes dans la voix.
- Arrête ron cinéma, j'ai dit non. On s'occupera seulement des
personnes de tes visions et entre chacune d'elles je retournerait à Sunnydale.
Ma vie est avec Buffy.
En disant cette dernière phrase Angel repensait au rêve étrange
dans lequel il avait eu l'impression d'avoir communiqué avec la jeune
fille. Cela s'était même terminé par un délicieux
baiser
- C'est toujours pareil avec les amoureux. Jamais l'un sans l'autre, ronchonna
Doyle.
- Excuse-moi ? l'arréta Angel. On ne parlait pas à l'instant d'une
certaine Cordélia que tu ne pouvais pas mettre à la porte ?? lui
rappela-t-il perfidement.
- Gagné. Et d'ailleurs, où est-elle ?
**********
- 85 dollars ? Vous vous fichez de moi, la réclame annonçait
75, s'insurgea Cordélia.
- Sans les taxes et plus les frais de mise à disposition. Et comptez
5 dollars de plus si vous la voulez avant 48 h, lui expliqua posément
la vendeuse.
- Mais c'est du vol ! Ne vous attendez pas à ce que je fasse de la publicité
à votre magasin!!
Visiblement ceci était bien le dernier des soucis de cette prestigieuse
enseigne de cosmétiques. La vendeuse parfaitement poudrée et engoncée
dans un tailleur Chanel conservait un sourire impassible masquant à peine
un dédain profond. Cordélia se rappelait l'époque où
des femmes comme elle lui léchaient les bottes pour lui faire plaisir.
Comme elle regrettait ce temps-là, au moins pour se venger de l'hypocrisie
de cette bonne femme.
- Un problème Emma ? demanda une voix masculine émanant de derrière
son dos.
- Non monsieur, tout va bien, mademoiselle n'a tout simplement pas trouvé
son bonheur, répliqua la vendeuse avec son éternel sourire.
- Vous pouvez le dire, vous savez combien
L'énervement de Cordélia fut coupé net par à la
vue de l'homme qui se tenait devant elle. Grand, séduisant, tout juste
trentenaire, une voix enivrante.
- Bonjour mademoiselle, je suis navré que notre gamme de produits ne
parvienne pas à satisfaire vos envies, lui annonça-t-il en la
fixant du regard.
- N-non, ce n'est pas grave, c'est surtout ma mère qui va être
déçue, elle a de telles exigences
se rattrapa Cordélia.
- Arthur Colins, directeur de ce magasin, lui dit-il en lui tendant la main.
Et riche en plus, l'homme idéal !!
- Cordélia Chase,
assistante de recherche en passe de devenir une
grande actrice, trouva-t-elle au dernier moment alors qu'ils se serraient la
main.
- Enchanté mademoiselle Chase, vous êtes charmante. Me permettez-vous
de vous inviter à dîner pour me faire pardonner ?
- Mais de quoi, vous n'y êtes pour rien. D'accord pour le dîner,
rajouta-t-elle avec son plus beau sourire.
- Je passe vous prendre ce soir à votre domicile si vous n'aviez rien
de prévu. Un de mes rendez vous s'est décommandé à
la dernière minute, c'est finalement plutôt une bonne chose.
- Oui, d'autant que je pourrais me libérer sans trop de problème,
mentit-elle. En revanche, je préfèrerais que l'on se retrouve
directement au restaurant si ça ne vous dérange pas.
- Non bien sûr. Je vous propose " Le petit renard ", vous connaissez
l'adresse ?
- Je trouverai. A ce soir.
Il lui embrassa le dessus de la main et s'éloigna, laissant Cordélia
pantelante au milieu du magasin. Elle se retourna triomphante vers la vendeuse,
laquelle ne quitta pas un instant son insupportable sourire.
**********
*Je n'ai rien à me mettre!!!* pensa Cordelia en sortant du magasin. Elle entreprit de dénicher la robe idéale et parcourut une bonne trentaine de vitrines avant de tomber sur *le* bijou. Une robe de soirée noire en soie sauvage, parsemée de fins lisérés couleur ivoire. Elle n'avait pas les moyens de se payer une telle merveille, mais en la jouant finement elle pourrait la ramener le lendemain sous un faux prétexte après l'avoir faite nettoyer. Elle prit son ton le plus hautain pendant la transaction pour éviter d'éveiller les soupçons le lendemain. Elle rentra chez Doyle ravie et pleine d'entrain. Malheureusement, il était là.
- "Bonjour princesse. Tu es sortie tôt ce matin, je ne t'ai même pas entendu."
- "Tu ne crois quand même pas que je vais attendre que tu fasses
surface. J'ai une vie à mener, moi."
- "OK, et si on essayait de ne pas se jeter à longueur de temps?
Ça serait plus vivable, tu ne crois pas?" proposa-t-il gentiment.
- "Ne t'en fais pas, si tout se passe comme prévu on sera bientôt débarrassé l'un de l'autre," dit-elle, ravie.
- "Comment ça?"
- "Et bien je ne rentrerai pas dans les détails, mais disons que j'ai un rendez-vous suffisamment important ce soir pour ne plus avoir à revenir vivre ici."
- "Est ce que ce rendez-vous aurait quelque chose à voir avec ce paquet que tu as à la main?"
- "En effet."
- "Cordelia, tu es à L.A. Ce n'est pas Sunnydale."
- "Tu me prends pour qui? Bien sûr que je connais cette ville, je ne suis pas née de la dernière pluie. Je sais seulement saisir les opportunités quand elles se présentent. Et je ne sollicite pas tes conseils."
- "Bien, comme tu voudras. Où est ce qu'il t'emmène? Parce que c'est bien 'il', n'est ce pas?" demanda Doyle, visiblement blessé.
Cordelia se surprit à vouloir le ménager.
- "Au petit renard. Cuisine française, le grand style. Ça fait tellement longtemps que je n'ai pas mangé français!" se réjouit-elle.
- "Bonne soirée alors," lui lança Doyle avant de quitter l'appartement.
Cordelia s'en voulut un instant d'avoir dit tout ça. Elle savait que Doyle avait un faible pour elle, et peut-être qu'il n'avait jamais goûté de cuisine française de sa vie. C'était triste, mais pas sa faute. Certaines personnes étaient programmées pour gagner, d'autres non.
***********
- "Alors, quoi de neuf à Sunnydale?" demanda Angel.
- "Beaucoup de choses en fait. Tu n'es pas parti depuis bien longtemps, mais déjà il y a du changement. Giles vit à la maison dans la chambre d'amis -ce que tu savais peut-être déjà d'ailleurs, Faith ne dort plus beaucoup à la maison parce qu'elle passe ses nuits chez Xander..."
- "Chez ou avec?" coupa Angel.
- "Chez et avec. Mais ils ne nous l'ont pas vraiment annoncé officiellement. Ça se voit, c'est tout, et ça fait plaisir. Giles a trouvé hier soir un sort adapté à Amy qui était toujours coincée dans le corps cloné de Willow, ce qui était d'ailleurs plutôt drôle quand on a évité de justesse Mme Rosenberg à la sortie du centre commercial. Je nous voyais mal lui expliquer qu'elle avait eu des jumelles à son insu! Amy a finalement retrouvé son apparence normale et elle est plutôt déphasée. Elle a peur de devoir retourner au lycée étant donné qu'elle n'a pas été diplômée. Elle a vaguement parlé de suivre des cours par correspondance pour rattraper son retard et pouvoir entrer à la fac dès l'année prochaine. Elle vit toujours dans l'appartement de Tara, alors Willow et Tara cohabitent. Willow ne dit rien, mais je sais bien qu'Oz lui manque. Il doit être à L.A. en ce moment, ils ont pas mal de contrats avec son groupe. Peut-être que tu pourrais lui en toucher deux mots, entre mecs vous vous comprenez. Qu'il soit juste un peu plus présent quand il est à Sunnydale et qu'il reste un peu plus longtemps. L'avocat Lindsey McDonald est revenu à Sunnydale d'après ce que m'a dit Faith, et ils discutent souvent avec Malthus. Je suis très heureuse pour elle, elle a retrouvé sa famille et elle a l'air de lui convenir. Ce n'est pas un foyer très stable, surtout avec un Mage Noir pour père et un avocat un peu renfrogné pour frère, mais bon ça a l'air de fonctionner et c'est le plus important."
- "Tu as eu des nouvelles d'Eleanor?"
Buffy s'en voulut de sentir une petite pointe de jalousie grandir dans son cur.
- " Non, Tara ne parle jamais de sa cousine. Elle doit la voir beaucoup moins qu'avant depuis qu'elle a un appartement. Mais si elle avait des problèmes elle nous l'aurait dit, je pense. Après avoir laissé un blanc au bout de la ligne, elle lui demanda, "Tu es très attaché à elle, n'est ce pas?"
- "Oui c'est vrai, je la trouve intelligente et digne de confiance. Mais ne va rien t'imaginer d'autre. Je t'aime."
Buffy fut profondément émue par le ton qu'il avait employé pour prononcer ces trois derniers mots. Elle se sentait tout à fait rassurée.
- "Oh, j'oubliais," reprit-elle. "Spike est revenu lui aussi avec Dru."
- "Il t'a attaqué? Tu vas bien?" demanda Angel avec anxiété.
- "On s'est battu mais ça n'a rien donné, match nul. Je m'attends à le voir resurgir à tout moment. Mais ne t'en fais pas, Faith n'est jamais loin en cas de besoin. Elle a beaucoup changé ces derniers jours, je crois que sa famille et Xander y sont pour beaucoup."
- "Et comment va ta mère?"
- "Elle est obsédée par tout ce qui concerne les bébés. Elle s'est abonnée à deux revues spécialisées et commence déjà à prévoir la tapisserie, du genre à se prendre la tête pour savoir s'il vaut mieux des lapins ou des oursons. Giles est aux petits soins comme jamais, c'est trop drôle. Il essaye de tout gérer entre les recherches avec Wesley, le récent cas 'Amy', et enfin son futur rôle de père. Je ne sais pas vraiment où il en est de sa relation avec ma mère, ni même si on peut parler de relation, mais "en tout cas ils sont bien comme ça, alors..."
- "J'aimerais être avec toi."
Angel avait dit ça de façon si spontanée que Buffy en fut touchée.
- "Moi aussi. Le manoir est tellement grand pour moi toute seule. La nuit j'ai l'impression de te voir à travers les ombres de la fenêtre. Ça fait mal."
- "Pourquoi tu ne rentres pas dormir chez toi?"
- "Giles a pris la chambre d'amis et Faith la mienne. Sans parler que dans quelques mois il y aura un nouveau locataire à caser. Ça se bouscule chez Summers Inn!!" plaisanta-t-elle.
- "Je m'en veux d'être parti. Je n'ai pas l'impression de servir à quoi que ce soit ici. Et tu me manques plus que tout."
- "Angel, il y a forcément une raison et tu le sais. Il faut que nous soyons forts," se surprit-elle à dire alors que son cur criait le contraire.
- "Je savais que j'avais raison tout à l'heure lorsque j'ai dit à Doyle que tu n'étais pas une gamine. Tu le prouves encore une fois en ayant plus de volonté que moi."
- "Parce qu'il a osé me traiter de gamine? En quel honneur?3
- "On parlait de Cordelia."
- "Ah... je ne sais pas comment je dois le prendre...Comment va-t-elle au fait?"
- "Je ne l'ai pas vu aujourd'hui, Doyle m'a dit qu'elle était parti tôt de son appartement ce matin."
- "J'aimerais vraiment voir leur cohabitation, ça doit être explosif."
- "Un peu trop je pense."
- "Bah, je trouve qu'ils vont bien ensemble malgré leurs différences. Dis-leur de ma part, ça va mettre de l'ambiance."
- "Pour voir un sourire béat sur les lèvres de Doyle et pour que Cordelia me lacère le visage avec ses ongles, non merci, je ne suis pas suicidaire."
Tous les deux partirent d'un grand éclat de rire. *Comme c'est bon de
l'entendre rire à défaut de la voir et de la serrer dans ses bras,*
pensait Angel.
- " Buffy, je dois te parler d'un sujet important. Tu sais ce rêve
dont je te parlais à propos de champs de maïs, et bien il est revenu.
Et le plus étrange est que tu y étais aussi et que tout avait
l'air terriblement réel ".
- " C'est bizarre, je l'ai fait aussi. Je t'ai vu en haut de cette colline
en train de savourer chaque rayon du soleil, avant que nous
ne passions
aux choses sérieuses
"
- " Tu te souviens quel jour c'était ? "
- " Je crois que c'est le soir où j'ai lu cet article sur la musique
et les femmes enceintes avec maman, ça doit être mercredi ".
- " Buffy, nous avons fait le même rêve le même jour.
Nous l'avons fait ensemble. Comme si nous nous étions retrouvés
dans un paysage onirique commun. Ce qui m'inquiète ce n'est pas que nous
puissions communiquer, ce n'est pas la première fois que nous serions
reliés par le biais des rêves, mais plutôt le fait que ce
rêve nous soit comme imposé par un phénomène extérieur.
Je n'en comprends pas le but ".
- " Moi non plus, c'est étrange. Tu penses que quelqu'un contrôle
ce rêve ? Ca pourrait très bien être les Mages Noirs, il
y a en a qui m'a parlé par énigmes. Mais
je ne sais pas
il n'avait pourtant pas l'air hostile. Au contraire, je crois qu'il essayait
de me mettre sur la voie. "
- " C'est une possibilité comme une autre. Après tout les
Mages Noirs ne sont plus la confrérie qu'ils formaient avant l'apogée
des Tueuses. Dans l'ombre ils ont évolué et se sont scindés
en groupes d'idéologies distinctes. Je ne suis même pas sûr
que tous soient encore prêts à servir les PTB. Je ne me suis jamais
vraiment attarder sur le cas, je crois que tu devrais dire à Giles d'orienter
ses recherches sur les possibles ramifications de l'ordre, et leurs liens éventuels
parmi les humains. Ce sont des gens remarquablement intelligents et d'une acuité
peu commune. J'ai encore mu récemment des articles sur le net ".
- " Tu vas surfer sur le net ? " demanda Buffy surprise.
- " Que veux-tu, je suis un vampire moderne, avec un mobile et internet
! " plaisanta-t-il . " En ce qui concerne le rêve en lui-même,
je vais contacter Eleanor pour comprendre un peu mieux les mécanismes
du psychisme. Parce que ce genre de manipulation est à mon avis à
la portée de n'importe quel Mage Noir ".
- " J'espère que nous aurons bientôt des indices, parce que
pour l'instant tout ça me paraît bien confus " admit Buffy.
- " Je crois que tu aurais beaucoup à apprendre du père de
Faith. Après tout il est notre meilleur contact avec le monde des Mages
".
- " Je vais essayer de me renseigner sans froisser Faith ".
***********
Cordélia finissait d'ajuster sa robe lorsque Doyle passa le pas de la
porte.
- " Encore là ? " lui demanda-t-il en s'efforçant de
ne pas s'étouffer en découvrant une Cordélia époustouflante
dans sa très belle robe de soirée.
- " Je m'en vais tout de suite. Heu
je suis potable ? "
- " Plus que ça même
" lacha un Doyle admiratif.
- " Bien. Bonsoir. " dit-elle en s'éloignant sans plus attendre.
Le dîner se passait à merveille. Arthur était un compagnon
très agréable, il ne manquait pas de discussion et certainement
pas d'argent. Il avait demandé la réserve personnelle lors du
choix du vin et n'avait reculé devant rien : champagne, impressionnant
bouquet de roses et joueurs de violon. Après ces quelques jours passés
avec Doyle, ses chaussettes crasseuses, son frigo aux odeurs diverses et ses
revues pornos égarées sous le sofa, Cordelia avait l'impression
de revivre. Elle pouvait se faire très rapidement une idée du
style de vie des personnes rien qu'en les observant. Et si Doyle était
le portrait type du célibataire de longue durée , brave mais lourdingue,
cet homme là en revanche était un jeune chef d'entreprise brillant
et instruit, avec beaucoup de goût et de
voitures.
- " Cordélia, tu veux prendre un dernier verre ? "
- " Avec plaisir ".
- " Je connais une boite sympa, informelle avec de la bonne musique. On
y va ? "
- " Je te suis ".
La boite était de taille raisonnable et d'un charme discret. A l'évidence,
le repaire des jeunes cadres branchés. Arthur Colins connaissaient beaucoup
de monde dans cet endroit, et Cordélia serra la main d'un nombre impressionnant
d'inconnus. Ils s'installèrent à une table et entamèrent
la discussion avec leurs voisins connus d'Arthur.
- " C'est un nouveau groupe qui passe ce soir. Il paraît qu'ils font
un malheur dans toutes les boites où ils se produisent " annonça
un type aux cheveux blonds et à la dentition parfaite.
Lorsque la lumière éclaira la scène et que la musique commença,
Cordélia eut l'étrange impression de se retrouver au Bronze, comme
au bon vieux temps lorsqu'elle avait sa cour qui papillonnait autour d'elle
à la place de cette foule de top models arrivés au sommet de la
réussite.
- " Oz
" murmura-t-elle en apercevant le guitariste au coin
de la scène.
- " Tu as dit quelque chose ? " la questionna Arthur.
- " Oui, je connais ces musiciens, nous étions ensemble au lycée
".
Tous les regards de la table se braquèrent sur elle.
- " Vraiment, tu les connais ? "
- " Et comment sont-ils en privé ? "
- " Tu as chanté avec eux ? "
Les questions fusaient de toutes parts. Cordélia leur répondit
avec fierté qu'elle était sortie avec le chanteur et qu'elle pourrait
leur faire rencontrer tout le groupe. Elle se sentait soudain bien plus à
son aise car pleine d'arguments face à ces jeunes qui avaient tout.
Tout à sa discussion exaltée, elle observa du coin de l'il
Arthur qui se mettait à l'écart avec une jeune fille visiblement
contrariée. Quand le spectacle s'acheva, Cordélia se dirigea vers
les loges avec une poignées de ses nouveaux amis, et retrouva les Dingoes
avec plaisir. Les explications furent brèves, Oz lui apprenant qu'ils
avaient un deuxième show ce soir pour l'anniversaire d'une fille de producteur.
Cordélia se promit d'en reparler à Oz plus tard et tout le monde
se quitta. Cordelia profita d'un moment d'accalmie pour se repoudrer le nez
-la soirée n'était peut-être pas encore finie ! Devant l'un
des miroirs elle reconnut la jeune fille de tout à l'heure essayant tant
bien que mal de masquer ses yeux rougis.
- " Tout va bien ? " lui demanda-t-elle.
- " Oui ".
- " Je peux faire quelque chose pour vous ? " insista Cordélia.
- " Rendez-vous service, évitez Arthur Colins ".
Cordélia ne savait que penser. Elle avait sûrement affaire à
une femme trompée, mais dans son cas le conseil paraissait gratuit.
- " Vous êtes avec lui ? " l'interrogea-t-elle avec précaution.
- " Non, plus maintenant grâce à dieu. Mais c'est un peu comme
s'il était toujours là ".
* Pauvre fille* pensa Cordélia, *toujours amoureuse d'un type qui ne
veut plus d'elle.* Elle résolut de ne pas s'attarder plus longtemps dans
les toilettes et retrouva Arthur à l'entrée de la boite. Il lui
proposa de l'amener chez lui, ce qu'elle accepta après une très
courte réflexion. Elle n'était pas une traînée, elle
investissait juste sur l'avenir. Rien de mal à ça, surtout avec
le candidat idéal.
La maison correspondait parfaitement aux standards de Melle Chase. La jeune
fille fut émerveillée par tant de luxe et de bon goût. Arthur
devait également être un collectionneur passionné pour avoir
amassé autant de peintures. Sa chambre était à la hauteur
de la maison, large et confortable, avec au milieu un grand lit agrémenté
de fines tentures. Cordélia passa une nuit de rêve.
Au petit matin, elle s'éveilla seule dans ce grand lit au milieu de cette
grande chambre. Sans trace d'Arthur elle entreprit de procéder à
un repérage minutieux des lieux afin d'en apprendre un peu plus sur celui
qu'elle comptait bien épouser. Tout la ravissait, même cette petite
touche de sentimentalité que représentait un vieux portrait de
famille. Une seule chose s'attira son instinctive méfiance propre à
son passé à Sunnydale : une grande robe de cérémonie
noire et blanche soigneusement rangée au fond de l'armoire.
***********
En face de la résidence Colins, une voiture de patrouille de la LAPD
s'arrêta à hauteur d'un véhicule en stationnement.
- " Monsieur ! Hé, monsieur ! appela l'officier.
L'individu s'éveilla en sursaut, rejeta son chapeau en arrière
et fit face au policier.
- " Désolé monsieur l'agent, j'étais fatigué
et je me suis endormi dans la voiture ".
- " Vos papiers ".
L'individu se redressa, sortit des papiers froissés de la poche arrière
de son pantalon et les tendit à l'officier qui s'empressa de les inspecter.
- " Hum, un irlandais
Alors mon gars, on avait trop forcé
sur le cognac ?! " fit-il d'un rire mauvais.
Doyle le regarda sans un mot. Que pouvait-on répondre à ça
?