~~~~Part 52~~~~


Buffy s'éveilla lentement, dans une langueur bien agréable, après une nuit qu'elle se rappelait exquise . Elle étendit son bras du côté d'Angel, s'attendant à ce que sa main caresse une fois de plus la chaire froide de son tendre amant. S'apercevant qu'elle ne froissait que du tissu, elle ouvrit les yeux avec précipitation, en proie à un mauvais pressentiment. L'heure était déjà bien avancée à en juger par les aiguilles de l'horloge murale. Elle s'assit sur le lit et appela Angel. Seul l'écho de sa voix lui répondit. Etrange, se dit-elle. Il ne serait pas sorti en milieu de matinée sans raison importante, et si ça avait été le cas il lui aurait au moins laisser un mot d'explication. Et aucun message n'était visible. Buffy commença à paniquer. D'anciennes angoisses familières ressurgirent avec force dans son esprit, la poussant à se lever à la hâte et à enfiler les premiers vêtements qui lui tombèrent sous la main. Elle courut inspecter toutes les pièces pour s'assurer qu'Angel n'était nulle part, puis elle quitta le manoir rapidement, pleine d'une appréhension vague mais bien réelle.

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De son côté, Angel entrait dans l'appartement de Doyle, lequel le reçut avec surprise.
- " Hé mec, je t'ai cherché partout hier soir, on avait un problème et je n'ai… ". Doyle s'interrompit devant la figure inquiète du vampire. " Qu'est-ce qui ne va pas ? "
- " Je suis allé à Sunnydale. " répondit-il laconique.
- " Sans rien me dire ! Sympa. Je croyais que tu me faisais confiance et qu'on travaillait en équipe ! Tout faux Doyle. " se plaignit le jeune homme.
- " Désolé, mais j'ai besoin d'un peu d'intimité de temps en temps. Tu peux comprendre je pense " .
- " Ouais, bien sûr. Mais tu vois, le monde continue de tourner quand tu es avec Buffy, et les gens peuvent avoir des ennuis. Si tu n'es pas là en cas de coup dur, autant nous prévenir pour ne pas qu'on perde du temps à te chercher. "
- " Qu'est-ce qui s'est passé ? "
- " Bah, une vieille dame qui était harcelée dans la rue par le fantôme de son mari. Personnellement, je ne l'ai pas vu -le fantôme- mais elle affirmait qu'il voulait la tuer. Alors évidemment je l'ai ramené chez toi, mais tu n'y étais pas. Et comme je ne voulais pas la laisser seule, je l'ai ramené chez moi. Et là ça a été le bouquet ! Cordelia était furieuse, Marguerite voulait essayer tous ses produits de beauté, elles en sont venues aux mains. J'ai fini par convaincre Maggie que Cordy allait finir par être plus dangereuse que le fantôme de son Stan , mais butée comme elle est, elle n'a jamais voulu m'écouter. Alors ça s'est fini en bataille rangée, puis Cordy a éjecté Maggie hors de l'appart' et lui a dit de ne jamais revenir en lui balançant une bombe de laque dans le dos. L'autre l'a rattrapé en lançant un " merci " mauvais et s'est éclipsée. J'ai bien essayé de la suivre et de m'excuser, mais elle ne voulait plus remettre les pieds chez moi. Alors je l'ai installé chez toi. "
- " Pardon ? Attends que je reformule : tu veux dire qu'elle a passé la nuit et qu'elle est partie ce matin. "
- " Faut vérifier, mais je pense que non ".
- " PARDON ?? "
- " T'énerve pas Angel, elle a besoin d'aide et ça fera du bien à ton karma. En plus c'est une dame charmante… "
- " Qui ça ? La peste ridée d'hier soir ? Ouais, charmante, juste un peu du genre je tape l'incruste chez les autres sous prétexte qu'un vilain spectre veut m'assassiner et que je ne peux pas retourner chez moi. Y'en a vraiment qui sont sans gêne ! Au fait Doyle, t'aurais pas des serviettes de toilette propres et si possible d'une autre couleur que kaki ? Sérieusement, ton manque de goût m'effraie ! " intervint Cordelia.
- " Non, t'as qu'à t'en acheter ! " lui répondit Doyle, passablement énervé par l'attitude de la jeune fille, qui accumulait les sarcasmes depuis la veille.
Cordélia regarda Angel en coin et lui dit comme sur le ton de la confidence :
- " Il est de mauvais poil ce matin. Je crois qu'il plaçait de grands espoirs dans cette vieille pouf. Il avait des projets de mariage, pour une fois qu'une femme lui tournait autour… Tu comprends, ça fait longtemps le pauvre… "
Angel ne broncha pas, réalisant une fois de plus combien Cordelia pouvait être blessante et parlait de manière inconsidérée.
Doyle, qui avait entendu la remarque, se planta devant Cordelia, rouge de colère. Il y avait certaines choses qui touchaient l'homme plus profondément que le reste :
- " Je vais te dire un truc princesse, tu ne sais rien de moi ni de ma vie, que ce que tu as bien voulu t'imaginer au premier regard. Tu préfères entretenir des relations superficielles, même en amitié, comme tu veux. Tu adores me chambrer, pas de problèmes. Mais les insultes, il arrive un jour où on a du mal à les encaisser. Surtout de la part de quelqu'un qui n'a pas la moindre étincelle d'humanité au fond du cœur. OK tu m'aimes pas. Parfait. Quelque part, ça doit être réconfortant pour moi. Mais d'ici à ce que tu aies grandi un peu, je te demanderai de ne t'adresser à moi que pour me dire des choses sensées. Maintenant, si tu veux bien reprendre tes affaires et aller voir chez Angel si j'y suis ! ".
- " Heu… " bredouilla Angel conscient qu'il venait de se passer quelque chose dont il supporterait une partie des conséquences.
Cordélia, bouche bée, regardait Doyle lui indiquer le chemin de la porte.
- " Salaud " murmura-t-elle. Et elle fila dans la chambre faire ses valises.
- " Tu y es allé un peu fort. Elle va vraiment venir habiter chez moi ?? " demanda Angel inquiet.
- " Désolé mec, mais trop c'est trop. Je vais l'oublier cette fille, et je pense que ça arrivera plus vite que prévu ! ".
- " Doyle, j'ai un service à te demander… ", commença Angel.
- " Non, je ne la garderai pas un jour de plus ici ! "
- " Ca n'a rien à voir avec Cordy. Je voudrais rencontrer les Oracles une nouvelle fois ".
- " Quelque chose ne va pas ? "
- " Oui, j'en ai bien l'impression ".

**********

- " Alors, Oz et toi avez discuté de vos costumes d'Halloween ? " demanda Tara.
- " Oui , on en a parlé hier soir au téléphone. Je lui ai dit que je pensais me déguiser en Marie-Antoinette, mais il n'était pas très emballé à l'idée d'être Louis XVI. Je le comprends, sa fin a été un peu… tranchante. "
- " Et qu'est-ce que vous avez décidé finalement ? "
- " Après avoir bien réfléchi, nous avons opté pour Pierre et Marie Curie ".
- " Mais… , je ne sais pas, mais comment vous allez vous déguiser ? Avec des pipettes ? "
- " Oui, et des blouses blanches, des lunettes et chacun notre badge " déclara Willow ravie.
- " C'est… original. Je croyais que tu voulais être en costume d'époque ".
- " Moi oui, mais Oz aime les choses plus simples. Et vu que nous sommes rarement tous les deux ces temps-ci, je peux bien faire un effort pour que nous ayons le même déguisement. Sortir en couple pour une fois, ça me fait tellement plaisir ! ".
- " Ca se voit, tu es rayonnante. L'amour te va bien. "
- " L'amour va à tout le monde Tara, le tout est de le trouver. Tiens, voici le magasin de déguisements dont je te parlais. J'y ai de mauvais souvenirs, mais malheureusement c'est le dernier en activité à Sunnydale. L'autre a fermé ses portes il y a à peine 3 mois. Allons-y, on va te dénicher un costume du tonnerre ! ".

*********

-" Parle Guerrier, que veux-tu encore de nous ? " demanda l'Oracle femme.
- " Ce matin j'ai ressenti que le démon qui m'habitait allait revenir " expliqua Angel.
- " C'est fort probable. Rien n'est immuable, et de la même façon que tu l'as vaincu une fois, il peut resurgir en toi comme une déferlante. Tout n'est qu'énergies et fluides, tout se manipule ".
- " Et c'est pour ça que tu nous déranges ? " poursuivit l'Oracle Homme.
- " Oui, car je ne comprends pas comment cela est possible. Le sort que l'on m'a jeté serait-il instable ? Ou alors quelqu'un me manipule pour récréer le monstre que j'étais ? "
- " Je pense que tu sais au fond de toi-même ce qui se passe. Seulement tu n'as pas regardé d 'assez près de peur de voir la vérité. Cherche en toi. " l'encouragea l'Oracle Femme.
- " Je sens que le démon est lié à Sunnydale, et … Buffy ". Ce dernier mot lui couta énormément.
- " Ne t'égare pas. Ton amour n'est pas responsable de tout. Le Bien n'engendre pas automatiquement le Mal. Les deux forces cohabitent et sont utilisées pour divers desseins. "
- " Alors que m'arrive-t-il ! Je n'ai même pas d'explication à donner à Buffy, si ce n'est que j'ai la certitude confuse de ne pas devoir m'approcher d'elle sous peine de la mettre en danger ! "
- " Ah, ces êtres faibles… " murmura l'Oracle Homme.
- " Suis ton instinct. Les forces supérieures qui agissent dans ton monde sont en phase de modification. Tu fais partie du processus, non comme un élément actif mais comme une donnée perturbatrice. Tu dois être éloigné des évènements. "
- " Ca suffit " l'interrompit l'Oracle Homme. " Il doit découvrir ceci par lui-même, nous n'avons pas à lui révéler plus que de raison. "
- " C'est vrai. Ce sujet est clos. Mais laisse-moi t'instruire d'une chose importante. Tu désires manifestement la rédemption. Plusieurs fois, tu as souhaité n'avoir jamais commis les méfaits dont tu fus responsable. Sur ce chemin pavé de doutes, il te faut connaître une vérité : ta lignée n'est pas éteinte ". Ceci dit, elle lui tourna le dos et commença à s'éloigner.
Ne comprenant pas tout de suite le sens de ces paroles, Angel mit quelques secondes à réagir :
- " Que voulez-vous dire par là ? Vous ne pouvez pas partir sans me donner plus de précision ! "
L'oracle Femme se retourna à peine :
- " Sur ta terre vit encore une flamme. Et elle apprécierait ton aide. "
- " Et maintenant assez. Dehors ! " ordonna l'autre Oracle, projetant Angel hors de la salle.
A l'extérieur Doyle attendait patiemment la fin de l'entrevue.
- " Ca a donné quelque chose ? "
- " Oui, et non. Je suis encore plus perdu qu'avant ".
- " Je te l'avais dit mec , venir les voir embrouille la tête. Tu crois qu'ils auraient été clairs avec moi quand j'ai été chargé de te trouver ? Non, bien sûr, sinon c'est trop facile, et ils ne pourraient pas se marrer. "
- " Doyle, je crois qu'il faut que je parte. "
- " Où ça ? Ils t'envoient quelque part en mission ? "
- " Non, mais elle m'a encouragé à suivre une piste. Je ne peux pas t'expliquer en détail pourquoi -pas parce que je ne te fais pas confiance mais parce que je ne sais pas bien moi même- mais je ne peux retourner à Sunnydale. Et Los Angeles peut se passer de moi ".
- " Mais des gens comme Marguerite… "
- " Je t'en prie, dans le monde entier des hommes et des femmes ont besoin d'aide, et je ne peux pas être partout. Je crois que je dois aller en Irlande ".
- " En Irlande ?? Pourquoi ? "
- " Parce que tout a commencé là-bas ".
Buffy avait rejoint Will et Tara dans la boutique de déguisements comme convenu.
- " Parti ? Comment ça parti ? Tu veux dire qu'il ne t'a même pas laissé un mot ? " demanda Willow surprise.
- " Non, rien. Je ne comprends pas. Ce n'est pas dans ses habitudes. Enfin… à la réflexion un peu, mais pas en temps normal. " se rassura Buffy.
- " Tu as essayé de lui téléphoner ? "
- " Non, pas encore. Je ne pense pas qu'il soit repart à L.A. Il a dû avoir une course urgente à faire " expliqua Buffy sans conviction. " Et puis je devais vous retrouver là alors… "
- " Tu devrais rentrer, on verra pour ton costume plus tard. Tu as plus important à régler. "
- " Tu crois qu'il s'est passé quelque chose de grave ? " demanda prudemment Buffy.
- " Non, sans doute pas, mais on ne sait jamais. On est à Sunnydale. Et même si on était ailleurs, c'est Angel ".
- " C'est ce grand type brun qui est venu voir ma cousine plusieurs fois ? C'est avec lui que tu sors. " réalisa soudain Tara. " Je n'avais jamais fait le rapprochement " dit-elle comme une excuse.
- " Bon, j'y vais " décida Buffy. " Je vais téléphoner à L.A. à tout hasard, et si ça ne donne rien j'arpenterai les rues de la ville jusqu'à ce que je le trouve ".
- " Passe plutôt voir Giles, il aura peut-être une explication " proposa Will.
- " Ouh, avec maman, Giles est un peu largué ces temps-ci. Il essaye de rester concentré, mais elle lui mène la vie dure " sourit Buffy. " Allez, à plus tard ! " lança-t-elle aux deux jeunes filles.

*********

- " Qui êtes-vous ? " demanda Buffy à la femme qui était à l'autre bout de la ligne.
- " Et vous ? " répondit l'inconnue suspicieuse.
- " J'ai posé la question la première " se buta Buffy.
- " Marguerite ".
- " Marguerite qui ? Où est Angel ? "
- " Mon nom ne vous concerne pas et je ne sais pas où est Angel ".
- " Vous commencez à m'énerver vous ! Vous êtes chez quelqu'un qui n'y est pas et vous ne savez pas où il est ?? " s'emporta Buffy.
- " Non , au revoir. "
- " Hé attendez ! " cria Buffy alors qu'on lui raccrochait au nez.

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- " Angel, l'Irlande c'est loin, c'est froid et c'est plein de mauvais souvenirs " se remémora Doyle comme pour lui-même.
- " Peut-être, mais j'ai la sensation de devoir y aller à tout prix. C'est étrange " songea Angel.
- " Et tu en as touché deux mots à Buffy ? "
- " Buffy ! Je l'avais presque oublié avec tout ça ! Je suis parti si précipitamment ce matin de peur qu'il arrive quelque chose et avec la visite aux Oracles, je n'ai pas pensé à lui téléphoner. Je voulais avoir des explications à lui donner, mais en fait je n'en sais pas beaucoup plus à part le fait que je doive partir ".
- " A l'autre bout du monde " précisa Doyle.
- " C'est toujours moins loin et inaccessible qu'une dimension démoniaque ".
- " Touché " reconnut Doyle. Il hésita puis lui demanda : " je peux venir avec toi ? "
- " Je croyais que l'Irlande n'était qu'un mauvais souvenir "
- " Oui en majorité, mais je voudrais m'en créer d'autres. Et je connais encore du monde là-bas, ça pourrait aider. Et je te rappelle que je suis sensé te donner un coup de main. Ils n'ont pas préciser que c'était limité à L.A. En plus je n'ai rien d'urgent à faire en ce moment… "
Devant l'air sincère de Doyle, Angel ne put que reconnaître que la compagnie du jeune homme ne serait pas désagréable. En plus, toutes ses idées n'étaient pas mauvaises.
- " Ok " dit-il simplement, provoquant un sourire satisfait sur les lèvres de Doyle.
- " Inutile de me retenir, je m'en vais. C'est mieux comme ça. " les coupa Cordy en entrant brutalement dans le salon avec ses valises enfin bouclées. " Je n'ai pas besoin de ta pitié " lança-t-elle à l'intention de Doyle, " Angel est un vrai ami lui, et son appartement a un autre standing que le tien ! Angel, ce serait abusé que de te demander ta chambre jusqu'à ce que je me trouve un logis digne de ce nom ? " demanda-t-elle avec un manque de gêne désarmant.
- " Pas de problème, tu auras l'appart' pour toi toute seule pendant un petit moment "
- " C'est vrai ? Tu vas vivre ici ? Non impossible, ça sent trop mauvais " dit-elle en narguant Doyle du haut de son air de superbe vengeance. " Alors tu repars à Sunnydale ? "
- " Non, Doyle et moi allons en Irlande. S'il te plaît prend les messages et nettoie juste un peu mon appart' ok ? "
- " Qu… quoi ? Que je nettoie ? "
- " Cordy ! "
- " D'accord ! Je peux le faire " dit-elle pour se donner du courage. " Ben alors je n'ai plus qu'à vous souhaiter bon voyage, et Angel, si tu pouvais laisser l'alcoolo là-bas… " rajouta-t-elle à l'oreille d'Angel juste assez fort pour que Doyle puisse entendre.

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A Sunnydale, Buffy fouillait chaque rue et chaque recoin à la recherche d'Angel. Elle ne savait plus quoi faire, à part passer son temps et son énergie en quête d'une explication. Hélas, cela ne donnait rien. Elle s'en voulait d'avoir égaré le numéro de téléphone de Doyle. Au début, elle n'avait pas vu l'intérêt de l'avoir et n'y avait donc porté aucune attention en le laissant traîner dans le manoir. A présent, elle regrettait son erreur. Giles ne s'était pas montré d'un grand réconfort. Il était préoccupé par les Mages Noirs et la succession, et essayait d'éclaircir les choses avec l'aide d'un Wesley perplexe pour diverses raisons sur lesquelles elle ne s'était pas attardée. Giles avait vu juste sur un point : le démon d'Angel avait été vaincu, peu de chance donc que sa disparition soit liée à ça, et si Angel avait dû partir, c'était sans doute pour une bonne raison qu'il ne tarderait pas à expliquer. Et, avait-il rajouté, de toute façon il n'y avait rien d'autre à faire. Buffy devait reconnaître que c'était malheureusement vrai. Aller à L.A. ? Et s'il n'y était pas ? Continuer à le chercher partout sans but précis ? Stupide.
Finalement, elle réalisa que le meilleur moyen de le contacter serait encore ce rêve étrange dans lequel ils arrivaient à communiquer. Finalement, un mal pouvait entraîner un bien.

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Angel avait passé une bonne partie de la soirée à essayer de joindre Buffy. En vain. Au manoir personne ne répondait, ce qui été logique si Buffy était à sa recherche. Chez Giles, il avait eu Wesley qui lui avait aimablement répondu que " oui Buffy est bien passée tout à l'heure ", " oui elle est très inquiète de ne pas savoir où tu es ", " oui je lui dirai de te rappeler à L.A. si je la voies ". Apparemment, il ne l'avait pas revu.
Il avait obtenu le numéro de Willow par le biais de ses parents, laissant une Mme Rosenberg méfiante en sachant qu'un homme cherchait sa fille. Mais personne n'était visiblement dans l'appartement de Willow. Chez les Summers, guère plus de succès, il avait réveillé Joyce, elle ne savait pas où était sa fille, elle regrettait sincèrement mais elle avait vraiment besoin de dormir.
C'était désespérant.
Il avait fini par s'assoupir sur son canapé, fatigué de l'agitation de la journée. Il avait dû trouver une incantation pour débarrasser Marguerite de son fantôme de mari, pour qu'elle même puisse retourner vivre chez elle afin que Cordelia intègre l'appartement. Et voilà, Cordy avait pris possession de sa chambre, avait commencé à envahir la salle de bain et à parfumer l'appart d'effluves de fleurs. En cet instant, il aimait plus que jamais Buffy pour sa féminité discrète.
Dans son sommeil, Angel fut de nouveau projeté dans le Rêve. Comme les fois précédentes, c'était plutôt agréable. Mais aujourd'hui, il voulait réussir à rentrer en contact avec Buffy. Ils avaient déjà réussi ça, enfin Buffy avait réussi, et c'était le meilleur moyen de lui expliquer les choses. Même s'il y avait un risque que ce Rêve soit contrôlé par un tiers, il fallait le prendre pour rassurer la jeune fille.
Le soleil était particulièrement aveuglant, et Angel eut d'abord du mal à discerner le chêne qui se dressait majestueusement sur une colline toute proche. Il crut distinguer une silhouette immobile au pied de l'arbre, et prit d'un soudain espoir, se dirigea vers elle aussi vite qu'il le pouvait. C'était incroyable. Buffy était là, devant lui, forme frêle et gracile à l'ombre du feuillage. Elle sourit en le voyant si beau dans la clarté et lui fit signe de s'arrêter alors qu'il s'apprêtait à la serrer dans ses bras.
- " Ne t'approche pas plus "
- " Pourquoi ? " demanda Angel, déçu.
- " Les contacts ne vous sont pas permis. La séparation que vous subissez dans le monde réel se traduit par un éloignement corporel dans le Rêve. " expliqua un homme qui jusqu'alors était caché derrière la large écorce.
-" Qui êtes-vous ? " demanda Angel soudain sur la défensive.
- " Un ami " répondit-il simplement.
- " Crois-le Angel, il m'a déjà aidé à comprendre le Rêve. Il n'est pas toujours très clair dans ses propos, mais ça doit être le cas de tous ceux qui savent des choses que les autres ignorent " précisa Buffy.
- " Exact " confirma l'essence du Mage.
- " Angel, que s'est-il passé ? "
- " J'ai dû fuir, je ne saurais pas te dire pourquoi, mais j'ai ressenti ce matin que si je restais une minute de plus le démon resurgirait en moi. Je n'ai même pas eu le temps de t'écrire, et pour t'écrire quoi ? C'est tellement confus. "
- " Je peux vous donner quelques éclaircissements à ce sujet. Je prends d'énormes risques, sachez-le, je n'aurais pas dû réapparaître. Mais je crois avoir déjà franchi la limite en ce qui me concerne. S'il reste un espoir, je saurai le saisir. Mais avant vous devez savoir. Les fluides mentaux sont aisément manipulables pour ceux de mon espèce. Nous sommes la Succession. Mais différentes formes sont possibles, comme les maints chemins de l'eau qui ruisselle et qui se fraye une route quelque soit l'obstacle. Nous sommes ainsi. Plusieurs courants, plusieurs méthodes. "
- " Et vous n'approuvez pas celles que certains d'entre vous emploient. " résuma Buffy.
Sans acquiescer, il continua : " Angel devait être éloigné de la Tueuse pour l'affaiblir. Le démon n'est pas éteint à jamais, le jeu des énergies peut le ramener. Sunnydale en est le plateau. Si vous songez à l'Irlande, vous faîtes-bien " rajouta le Mage en regardant Angel.
- " L'Irlande ?? " répéta Buffy.
- " Il y a là-bas une personne que vous devez connaître pour votre cheminement personnel. La descendance ".
- " Mais j'ai tué toute ma famille " articula difficilement Angel.
- " Celle que vous connaissiez. Je dois partir à présent, les vols réguliers n'attendent pas " termina-t-il avec un petit sourire. Et son image s'évanouit.

*********

- " Angel, tu dois vraiment me quitter ? " demanda Buffy comme implorant.
- " Tu l'as entendu, je dois retrouver quelqu'un en Irlande. Je ne sais pas comment, mais j'espère avoir des indices en chemin. Doyle vient avec moi, il sera certainement utile. Je suis désolé Buffy, tu sais combien j'aurais voulu t'aider dans cette histoire de Succession, mais je ne veux plus jamais ressentir cette impression au fond de moi, ce danger qui rôde et qui est prêt à exploser dans ma poitrine. Et si je reste prêt de toi à Sunnydale, c'est ce qui se passera. "
- " Alors quittons Sunnydale et vivons tous les deux sur une plage au Mexique ".
- " Buffy… "
- " Je sais, c'est ridicule, mais je ne veux pas te perdre. "
- " Tu ne me perdras pas. Ce voyage sera comme une quête pour moi. Les problèmes que tu as à régler ici sont bien plus dangereux, et je regrette de ne pas pouvoir y participer sous peine d'être un danger de plus pour vous tous ".
- " Je comprends. Je comprends, même si ça me révolte. Je suppose que tu ne sais pas quand tu vas revenir… "
Le regard penaud d'Angel le dispensait de toute réponse.
- " Angel, soit prudent. Je t'aime "
- " Je t'aime aussi, plus que ma vie Buffy. Ne l'oublie jamais. Je t'appellerai dès que possible, et surtout fais bien attention à toi. "
Ils regrettèrent de tout leur être de ne pouvoir s'étreindre une dernière fois, de sentir et de caresser leurs peaux, de se murmurer leur amour au creux de l'oreille. Alors que des larmes coulaient sur leurs visages, le paysage s'estompa autour d'eux, les emportant avec lui, contours vagues effacés par un peintre malicieux. Le Rêve avait pris fin.

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-" Intéressant " murmura Janus. " Il savait qu'en voulant les aider il nous délivrerait les informations par la même occasion. C'était osé de sa part ".
- " De toute manière, nous aurions appris cela tôt ou tard, ça ne change rien pour nous " lui répondit Balthazar.
- " Non, mais Theodore nous provoque une fois de plus. Qu'avons-nous prévu pour lui ? "
- " Patience, attendons qu'ils se regroupent tous. Malthus est encore dans les parages, lorsqu'il rejoindra les autres, nous agirons."