~~~~Part 54~~~~

 

- "Euh, attends, je réalise un truc," fit Doyle sur le siège du passager, après avoir rangé une petite bouteille de whisky dans son sac. "On va à New York prendre un bateau."
- "Oui."
- "On est en Californie."
- "Oui," répondit Angel, intrigué. Est ce que Doyle avait encore trop bu?
- "La Californie, c'est déjà plus grand que l'Irlande."
- "Une fois encore, oui..."
- "Il faut au moins une journée entière pour traverser l'Irlande. Tu comptes nous faire traverser les *Etats-Unis* en voiture??"
- "Tu vois une autre solution?"
- "Tu ne pourrais pas faire un effort et prendre l'avion? Je veux dire, c'est même pas moi qui laisse derrière 'l'amour de ma vie', mais ça fait quand même super long. Et en plus, traverser les Etats du Mid-West? Il fait chaud, et c'est terriblement ennuyeux comme paysage."
- "Désolé de ne pas faire l'effort de risquer de me *tuer*," répondit Angel, irrité. Il n'avait pas vraiment réalisé que ça risquait effectivement de leur prendre beaucoup de temps et que ça n'accélérerait pas la date de son retour. "Tu n'as qu'à prendre l'avion si tu veux, tu iras t'occuper dans les bars de NYC pendant que je roule. On est à coté de l'aéroport, c'est quand tu veux."
- "C'est bon, ne t'énerve pas. Je disais ça comme ça... et puis t'aurais l'air fin à traverser tout le pays tout seul. Pour rouler le jour, pas génial. Imagine que tu tombes en panne d'essence en plein milieu de l'Iowa..."
- "Doyle, écoute, ce n'est pas facile pour moi. Est ce que tu pourrais seulement-"
Tout à coup, Angel repéra quelque chose venant sur sa gauche, et reporta vivement son attention sur la route et le carrefour qu'ils traversaient. Il réalisa trop tard que le 4x4 qui arrivait à gauche n'allait pas freiner, et malgré tous ses efforts à freiner et à faire braquer la voiture, ce fut l'accident.


Lindsey roula en boule un papier, énervé, et le jeta dans sa poubelle en le lançant de l'autre bout de la pièce, avant de lancer un coup d'œil à la pendule. Il détestait être obligé de rester aussi tard à Wolfram & Hart alors qu'il avait d'autres préoccupations, surtout quand c'était pour se charger de prendre la défense d'un démon à l'apparence humaine qui avait violé trois jeunes filles. *Les monstres n'ont qu'à se débrouiller un peu seuls. Cette affaire est d'un dégradant...!* Le seul avantage, c'est qu'elle lui rapportait de l'argent. Il n'avait pas vraiment eu l'occasion d'en parler avec sa sœur, mais il était net que celle-ci ne bénéficiait pas d'une situation financière excellente. Au moins, lui gagnait plus que correctement sa vie... en aidant des démons, c'était exact. Mais il était riche, et c'était ce qu'il comptait.
Il retourna à son écran d'ordinateur, et en soupirant, finit de taper les trois dernières lignes de son dossier pour la défense du-dit démon le lendemain après-midi. Il avait bien encore un procès de Russell sur les bras, mais il avait besoin de faire une pause. Il se leva, alla chercher un café, et s'affala dans son grand fauteuil en cuir pour réfléchir tout en buvant. Malthus était de plus en plus insistant pour que Lindsey devienne un Mage Noir... Il se sentait flatté, bien sûr, et puis l'idée d'être supérieur aux autres lui plaisait bien, mais il y avait toujours des éléments obscurs dans cette histoire qui le poussait à ne pas accepter tout de suite. Ne serai-ce que les légers doutes qu'il avait encore sur Malthus... Après tout, comment savoir s'il ne jouait pas double-jeu? Voire pire? Il n'arrivait pas à avoir d'avis précis de la part de Holland sur le cas de son père, c'était frustrant... Il savait cependant que Malthus devait rencontrer Holland, les Juniors Partners, le grand Patron et même ce Mage Noir qu'il avait croisé quelques fois dans les couloirs, Balthazar, aujourd'hui et le lendemain. Pour dire quoi, pour faire quoi? Lindsey n'aimait pas du tout l'atmosphère de mystère qui régnait sur toute cette histoire. Et d'ailleurs, pourquoi est ce que Malthus avait l'air inquiet de rencontrer les Juniors Partners? Qu'est ce qu'il cachait? Lindsey soupira. Il ne verrait jamais le bout de ces questions... Il jeta son gobelet de café, et alla éteindre son ordinateur. Tant pis pour Russell, il n'avait pas le cœur à travailler ce soir. Un tour à Caritas ne lui ferait pas de mal... Il attrapa sa veste, sa guitare qu'il avait pris l'habitude de laisser à son travail, et s'en alla.


C'était Joyce, aussi fringante qu'une vieille sorcière à verrues pouvait l'être, qui s'était précipité à la porte. Elle savait que le dénommé Buddy devait venir, et elle avait hâte de revoir le garçon ; une fois qu'il était passé alors que Buffy n'était pas là, il avait gentiment conversé avec elle, tellement que Joyce en avait après oublié qu'il était sûrement venu pour voir Buffy et qu'elle n'avait pas pensé à parler de cette visite à sa fille. Quand elle ouvrit, elle accueillit avec un sourire le profil de Buddy, déguisé en Robotcop , puis se figea en constant la présence de son ex-mari.
- "Hank. Qu'est ce que tu fais là?"
- "Bonsoir, Joyce."
Celle-ci resta interdite, avant de réaliser que Buddy attendait lui aussi.
- "Buddy, je t'en prie, rentre, tu es le bienvenu. Hank, je... entre."
Les deux hommes ne se firent pas prier, et leur entrée fut saluée par un magnifique silence. Buffy ne put rien dire en constant la présence de son père, et tout le monde comprit vite de qui il s'agissait... sauf Tara, qui se garda bien de faire un commentaire. Quant à Hank lui-même, il restait perplexe devant la troupe qui peuplait la maison de son ex-femme, et il avait beau essayer de se raisonner en se rappelant que même au fin fond de la Californie, c'était Halloween, il n'arrivait pas à se faire à la vision d'un couple en blouse, d'un pompier, d'une femme avec un masque indien étrange, de sa fille ainsi que deux autres en habits aguicheurs, et de deux hommes mûrs déguisés en cow-boy et en écossais... Devant cette scène, il hésitait entre l'effroi et le rire... Et pour finir, Buddy restait muet d'admiration devant Buffy, plus belle que jamais dans sa robe courte et moulante. *Oh, mon dieu, tellement courte. Et oh mon dieu, tellement moulante.*
- "Oh, de la visite," finit par remarquer Oz.
- "Je... qu'est ce que..." Buffy fronçait les sourcils, clignait des yeux, incapable de croire à ce qu'elle voyait. "Buddy, c'est toi qui l'a amené ici?"
- "Euh... le monsieur?" demanda Buddy en faisant un effort surhumain pour quitter Buffy des yeux, pour indiquer Hank.
- "Oui, mon père."
- "Oh. Non, je... on est arrivé ensemble devant la maison, c'est-c'est tout."
- "Je... oh, qui vient manger des pops-corns dans le salon?" lança Willow, et elle fut aussitôt suivie par Tara, Xander, Wesley et Iwachi.
Faith et Giles étaient restés dans le hall d'entrée, hésitants sur l'attitude à avoir.
- "Je... S'il te plait, Rupert, laisse-nous. Je voudrais parler à Hank," demanda doucement Joyce.
Giles approuva d'un mouvement de tête, et disparut dans la cuisine. Buffy fit comprendre à Faith d'un regard qu'elle préférait aussi pouvoir faire face à son père seule, et la jeune Tueuse s'éclipsa après avoir montré sa compassion en passant gentiment sa main sur la bras de Buffy. Entre la famille Summers, le silence tomba.
- "On attend des explications," finit par observer Buffy.
- "Je... Oh, je ne pensais pas que je dérangerais," répondit Hank.
- "Tu ne pensais pas?? Ben bien sûr! Je t'ai vu seulement parce que tu allais te remarier. Avant ça, ça faisait quoi, 1 an et demi que je ne t'avais pas vu?? La dernière fois que tu t'es vraiment intéressé à moi, c'était pour me dire que tu *annulais* notre seule rendez-vous annuel! Un bouquet de fleurs, c'est tout ce que ça t'inspire, les 18 ans de ta fille?!?" s'énerva Buffy, la rage au coeur et les larmes aux yeux.
- "Chérie, du calme," commença Hank. "Je ne-"
- "Ne m'appelle pas comme ça!!"
- "Buffy, du calme," demanda Joyce sur le coté. "Je crois que ton père et moi avons besoin de parler."
- "Non, on ne parle pas. Je l'ai vu à Las Vegas, maman. Je n'ai pas réagi parce qu'il m'a assommé avec sa nouvelle avant. Je me suis laissé... Mais pas cette fois. Je ne veux rien savoir, je m'en fiche si tu es en train de mourir du cancer," reprit-elle en se tournant vers son père. "Et d'ailleurs, je suis enceinte, j'ai tué trois personnes à ma nouvelle université, je vais aller en prison et le bébé naîtra là-bas et j'ai décidé de le laisser à la charge de ma meilleure amie qui est une junkie."
Hank jeta un coup d'oeil à Joyce, dérouté par la dernière partie de la tirade de sa fille.
- "Hein?"
- "Willow n'est pas une junkie, ma grande."
- "Je raconte n'importe quoi," continua Buffy en levant les yeux au ciel, agacée. "Mais tu ne peux même pas faire la différence entre ce qui est vrai ou pas... tu ne me connais plus."
- "Buffy, s'il te plaît, laisse nous," demanda de nouveau Joyce.
Buffy lança un regard à sa mère, les bras croisés sur sa poitrine, puis serra la mâchoire en regardant de nouveau son père.
- "D'accord. Mais si tu le laisses dormir ici, je vais au manoir."
Sur ces paroles, Buffy tourna les talons, et partit rejoindre les autres dans le salon. Hank la regarda disparaître, puis se retourna vers Joyce en fronçant les sourcils.
- "Le manoir?" interrogea Hank.
- "Hank, s'il te plaît."
- "J'essaye de me renseigner."
- "Il est un peu trop tard pour ça, tu sais comme moi qu'elle a raison là-dessus. Ecoute, Hank, je vais être honnête. C'est Halloween ce soir, j'ai organisé cette fête pour Buffy. Tu ne peux pas comprendre, mais elle a très peu l'occasion de s'amuser normalement. Ce soir c'est le seul vrai soir où c'est possible, alors je voudrais éviter de lui gâcher la soirée, d'accord? Tu as sûrement une très bonne raison d'être ici, mais je n'ai pas envie d'en parler pendant des heures pour l'instant. Alors si tu veux bien, tu vas revenir demain et alors on s'expliquera."
- "Je..." Hank baissa les yeux. "D'accord. A quelle heure je peux venir demain?"
- "En début d'après-midi, ça te va?"
- "D'accord," céda Hank. "Je peux quand même savoir qui étaient cet homme et cette jeune fille?"
- "Tu veux parler de Rupert et Faith qui étaient là au début? Rupert est un ami, et Faith, c'est... une amie proche de Buffy."
- "Oh, c'est ce que je pensais." Hank fronça les sourcils, comme s'il encaissait la nouvelle.
- "Mon Dieu, Hank, non!" fit Joyce en réalisant qu'il avait mal interprété ses mots. "Faith est une amie de Buffy, c'est tout."
- "Oh. Pardon. Je veux dire, la façon dont elle a-"
- "Je crois qu'il vaut mieux que tu partes, Hank," déclara Joyce en ouvrant la porte.
Résigné, Hank repartit dans la nuit de Sunnydale alors que Joyce affichait de nouveau un grand sourire pour le petit groupe d'enfant masqués qui s'approchaient de la maison.


Le premier réflexe d'Angel quand il reprit conscience fut de regarder à coté de lui pour voir ce qu'il était advenu de Doyle. Celui-ci avait été projeté contre la vitre au moment de la collision, brisant cette dernière en mille morceaux, et le choc avait provoqué son changement en démon. Grâce à la métamorphose, ses blessures étaient minimes, et il avait pu reprendre ses esprits et se transformer de nouveau en humain avant que des gens ne s'approchent de la voiture. Après Doyle, Angel s'extirpa hors de la voiture par le coté droit, sa portière à lui ayant été réduite en bouillie, et se jeta un coup d'œil. Son bras droit saignait légèrement, entaillé par un bout de glace, mais sinon, il s'en sortait plutôt bien. Avant de dire quoique ce soit à Doyle, il se dirigea de l'autre coté de la voiture, pour constater qu'il y avait au moins un peu de justice. L'état du 4x4 était aussi irrécupérable que celui de sa propre voiture... le moteur fumait encore, et Angel du se déplacer de quelques pas pour regarder si le conducteur était toujours à l'intérieur. Il n'arriva pas à voir avec la fumée, et s'apprêtait à s'approcher pour aller aider la personne quand Doyle lui attrapa le bras.
- "Eh, man, on se tire."
- "Mais ma voiture... la personne..."
- "Angel, on va se faire remarquer, les flics ne vont pas tarder à arriver avec un peu de chance. Laisse l'autre conducteur aux mains du civisme losangelesiens," ajouta-t-il en indiquant deux personnes qui aidaient le conducteur de la 4x4 à sortir. "Y plus rien à tirer de ta voiture maintenant je crois."
Angel se laissa tirer sur le coté, sans pouvoir quitter des yeux des lieux de l'accident.
- "Doyle, quelque chose n'est pas normal... Comme si-"
- "Tu as eu un accident, ça arrive à tout le monde. Allez!"
- "Tu n'es pas blessé?" interrogea Angel en quittant enfin du regard les deux véhicules emboutis.
- "Non, rien de grave."
Ils s'éloignèrent des lieux, et à quelques kilomètres d'ici, Balthazar sortit de sa transe, et sourit.
- "Ils se dirigent vers l'aéroport. Tout se passe comme prévu."

- "Doyle, combien coûte une voiture d'occasion? Il faut qu'on parte le plus vite possible. Avec le temps qu'il va nous falloir pour-"
- "On prend l'avion."
- "Quoi? Doyle, écoute, il faut que tu te fasses à l'idée que-"
- "La nuit vient tout juste de tomber, il n'y a pas 4 heures de vol entre ici et New-York. On y sera bien avant l'aube, et ça nous économise plusieurs jours de voyage." En voyant l'air peu convaincu d'Angel, Doyle reprit. "Je suis peut-être alcolo, mais je ne suis pas bête. J'ai des visions depuis très longtemps, je sais reconnaître du surnaturel quand j'en vois. Tu as raison," continua-t-il en baissant la voix. "Je suis sûre que cet accident n'était pas normal. Quelqu'un veut nous empêcher de partir, ou nous peut-être nous tuer. Plus on sera parti vite, mieux ce sera."
- "Toi aussi tu as cette impression étrange?"
- "Oui. Il se passe quelque chose..."
- "Allons-y pour l'aéroport," déclara Angel.

- "Je dois dire que je vous félicite. C'est impressionnant d'avoir été capable de manipuler le vampire et son acolyte," constata Holland. "Tout en leur faisant croire qu'ils s'échappent de notre emprise, ils agissent exactement comme nous le voulions."
- "Le Messager n'est pas dupe, il sait que quelque chose d'étrange se passe. Heureusement pour nous, il n'a pas assez d'éléments pour comprendre la réalité."
- "Je vous laisse vous charger d'observer la suite des évènements. Malthus Crespian m'attend, veuillez m'excuser."
Balthazar eut un rictus malveillant.
- "Faites donc, Mr. Manners, faites donc. Je parlerais à Malthus demain."


La fête avait repris, et Buffy avait réussi à se détendre à nouveau entre les blagues de Xander et Faith qui se faisait un devoir de lui remonter le moral. Giles avait préféré ne pas aborder le sujet Hank avec Joyce, et entreprit de lui faire passer une bonne soirée au milieu du groupe de jeunes et à coté d'un Wesley visiblement préoccupé (par ailleurs, la vision d'un cow-boy à lunettes qui passait sa soirée sur un canapé à réfléchir était assez hilarante). Une demi-heure à peine après le passage de Hank, Wesley s'approcha de Giles qui préparait d'autre pop-corn dans la cuisine.
- "Mr. Giles, le coup de fil de Mr. Collins, cela m'inquiète."
- "Je sais bien, Wesley. Mais détendez vous, c'est l'aube en Angleterre, on ne peut rien faire. Nous appellerons demain matin."
- "Mais... nous sommes en danger. Et je sens qu'on a besoin de nous là-bas."
- "Je ne fais plus parti du Conseil, Wesley. Ils sont loin de me porter dans leur cœur, je vous rappelle."
Quand quelques minutes plus tard, Wesley s'éclipsa, personne ne le remarqua à part Tara, mais elle se figura que c'était normal, et retourna dans le salon, où elle pouvait admirer Willow à volonté. Bien sûr, il y avait Oz, mais... Tara ne se faisait pas d'illusion. Willow tenait au jeune garçon... et elle était heureuse avec lui. Et voir Willow heureuse, la voir rire, sourire, même avec Oz, ça lui suffisait à être contente.


- "J'ai assez d'argent pour payer nos billets jusqu'en Irlande. Mais après ça..."
- "On se débrouillera une fois sur place. J'ai des potes là-bas, enfin, au moins des gens prêts à nous prêter un peu de fric..."
Angel acheta rapidement les billets ; il n'y avait heureusement pas beaucoup de gens intéressés par un vol Los Angeles-Dublin, surtout en aller simple.
- "Voilà," fit la jeune femme en leur tendant les billets. "Il n'y avait plus de place que sur le dernier vol, votre avion partira à 23h02. Arrivée prévu à New York à 3h48. Votre correspondance pour Dublin décolle à 4h26, et vous serez à Dublin à 21h17 heure locale."
Angel empocha les billets et cartes d'embarquement, et se dirigea avec Doyle vers le salon d'attente.
- "Je ne suis pas sûr que ce soit prudent de reprendre l'avion une fois à New-York."
- "Angel, regarde. On arrive à New-York la nuit, et avec le décalage horaire, on sera à Dublin en pleine nuit aussi. C'est parfait, et c'est rapide. Pendant le voyage, il suffit que tu fermes tes volets et que tu demandes à tes voisins de faire pareil."
Le temps passa assez lentement dans l'aéroport, et Angel ne put même pas appeler Buffy. Son portable était à court de batterie, il venait de changer son liquide en livres irlandaises, et Doyle refusa catégoriquement que lui prêter les quelques centimes qui lui restait.
- "Pour que tu sois encore plus déprimé après, merci. Tu l'appelleras une fois là-bas. Et puis c'est Halloween ce soir, elle est sûrement sortie chercher des bonbons."
- "Elle n'a plus 12 ans."
- "Et heureusement pour toi, ce sera de l'abus de mineur alors. Et ce serait dommage de briser ton plaisir par quelque chose d'aussi moche, hein."
- "Sans commentaire."
- "Au moins, toi tu as l'occasion de te-" Doyle s'était arrêté en plein milieu de sa phrase, et Angel fronça les sourcils en le regardant, avant de tourner son regard vers le point qu'il fixait pour voir... "Cordelia," fit Doyle.
A ce moment, l'ex-Reine de Mai les repéra.
- "Oh mon Dieu, Doyle, Angel! Qu'est ce que vous faites là? Qu'est ce qu'il t'es arrivé, Angel?" demanda-t-elle en constatant la marque de sang qui avait séché sur la chemise du vampire.
- "On part. Tu sais, on t'a expliqué? Et tu as dit que tu restais et que tu espérais que je resterais là-bas. La question, là, c'est, qu'est ce que toi tu fais là??"
- "C'est bon, c'est bon, me regardez pas comme si j'étais un monstre!! C'est vous les mecs bizarres ici. J'ai une audition demain à NYC."
- "Et tu as eu ton billet comment?"
- "Mon père croit que je vais à un entretien pour une grande société de produits frais. Il rêve s'il croit que je veux finir parmi des yaourts!"
- "Et... mon appartement?" interrogea Angel.
- "Oh, j'ai fermé à clé, si c'est ça que tu voulais savoir. A vrai dire, j'espère que je vais être prise à NYC et qu'on va me payer très cher très vite, parce que tout seul dans ton appart', c'est limite glauque, et pourtant j'ai essayé de mettre des couleurs! Mais au sous-sol comme ça, sans lumière naturelle, et puis avec du bois et de la pierre partout... non, vraiment, je préfère encore le manoir de Sunnydale. Au moins ça a un peu la classe."
- "Tu prends quel avion, princesse?" demanda Doyle sans la quitter des yeux.
Ça faisait seulement quelques heures qu'il l'avait quitté, mais sa beauté tout à coup l'illuminait d'un nouveau jour. *Peut-être parce qu'elle ne m'a pas rembarré dans les trois dernières minutes...* Il n'y avait pas de doute, il y avait quelque chose chez Cordelia, peu importe combien elle pouvait être méchante avec lui, qui... qui l'aimait. Qu'il aimait vraiment. *Quelque chose comme chez Harry.*
- "Le 23h quelque chose, je crois. Vous prenez le même?" Elle les vit hocher de la tête. "Ah, tant mieux. Au moins je ne m'ennuierais pas trop pendant le voyage. Qu'est ce que vous avez fait de la voiture d'Angel d'ailleurs?"
- "Cassée dans un accident."
- "Tu as laissé Doyle conduire??"
- "C'était moi au volant," répondit Angel pour défendre Doyle.
- "Bon, comme quoi je suis mauvaise langue des fois," fit Cordelia, une réplique qui lui attira les regards éberlués des deux hommes. "Quoi?? C'est bon, j'ai rien fait de mal. Je suis contente que vous soyez là pour une fois, profitez en."
Et elle s'installa à coté de Doyle, en prenant tout de même soin de mettre ses bagages entre eux deux, mais pour Doyle, c'était déjà bien suffisant.


Spike quitta le bar de Willy à plus de deux heures du matin, un sourire aux lèvres. Non seulement il avait ridiculisé tous les démons en les battant à plate couture, mais en plus il avait gagné plus du triple de la somme qu'on avait accepté de lui prêter au début. Et évidement les démons, contrariés de se faire battre par quelqu'un qui n'aurait même pas du jouer à l'origine, avaient commencé à se battre, et un petit combat avait fait du bien à Spike. Ça l'avait défoulé, et maintenant qu'Harmony n'était plus là pour servir à ça, c'était une très bonne chose.
A la réflexion, le combat avec les démons lui avait uniquement ouvert l'appétit, et il rêvait maintenant de trouver une autre source de défoulement. Aussitôt, le nom de Buffy lui vint à l'esprit. Oh, oui, un bon combat avec la Tueuse ne lui ferait pas de mal... Sans succès, il fit un tour au Bronze, et finit par se décider à rentrer après avoir s'être un peu battu contre un jeune universitaire à qui il avait volé sa bière, mais il restait frustré. Il tomba enfin sur une vampire blonde dont la tête ne lui revenait pas, et engagea le combat sans raison. La démon, hargneuse, accepta la bataille et la fit durer au plus grand plaisir de Spike. Alors que le combat se faisait plus acharné, il se surprit à substituer le visage de Buffy à la place de celui de la vampire, en particulier dans les instants les plus rapprochés. Une fois qu'il eut battu son adversaire, Spike reprit son chemin vers sa crypte, quand tout à coup il se retrouva face à un homme habillé en noir et blanc.


A deux heures du matin, les Scoobies commencèrent à se séparer. Alors que tous les jeunes sortaient pour rentrer chez eux -ainsi que Buffy, qui avaient décidée qu'elle en profiterait en plus pour faire une patrouille de routine, 'on ne sait jamais', Giles avait commencé à installer son lit en bas. Joyce l'avait bien invité dans sa chambre, mais Giles avait refusé l'offre comme un gentleman, rappelant à Joyce que Buffy avait déjà du mal à les voir danser un slow, et qu'elle n'aurait sans doute pas assez de force psychologique pour supporter l'idée qu'ils dorment dans la même chambre. Ils avaient remarqué l'absence de Wesley au alentours de 22h30, mais Giles avait supposé qu'il était juste rentré chez lui, la tête toujours aux problèmes du Conseil, sans doute pour essayer de joindre l'Angleterre.
Faith se proposa de se joindre à Buffy pour la patrouille, mais celle-ci lui affirma qu'elle pouvait se débrouiller seule, et qu'elle pouvait bien rentrer tranquillement avec Xander à son sous-sol...
Buffy, Willow, Tara, Oz et Buddy se retrouvèrent donc à traverser le campus, en direction de Stevenson Hall, où Tara rentra. Willow allait passer le reste de la nuit avec Oz, et pour ça ils se dirigèrent dans la direction opposé.
- "C'était une soirée sympa. Je suis drôlement contente que tout se soit bien passé," fit remarquer Willow.
- "Oui, moi aussi. Pour une fois que rien n'est arrivé..."
- "Qu'est ce qu'il se passe d'habitude?" demanda Buddy, intrigué.
- "Oh, rien. Je-je veux dire..." Willow s'était mise à réfléchir à toute vitesse. "Tu sais, il y a toujours des gamins pour faire les imbéciles, crever des pneus, ce genre de chose..."
- "Oh. Ca vous arrive d'habitude?'"
- "Oh, oui, tout le temps," fit Buffy en prenant un air convaincu. "C'est pour ça, cette année, c'est... bien."
- "Ah d'accord. Et... vous vous connaissez tous depuis longtemps? Je veux dire, les gens qui étaient là à la soirée."
Buddy avait été étonné de constater que le copain de Buffy n'était pas là, et qu'il n'avait même pas été mentionné. Qui sait, ça cachait peut-être une bonne nouvelle? Un cœur brisé qu'il pourrait réparer? Pour le savoir, mieux valait se renseigner en général et attaquer le sujet du petit copain en particulier après... et en plus, ça lui donnait une excuse pour avoir le regard posé sur Buffy *et son décolleté*.
- "Oh, eh bien... Je connais Xander depuis que je suis à Sunnydale, mais c'est le meilleur ami de Willow."
- "On a joué dans le même bac à sable," sourit la petite rousse.
- "Et Faith, je la connais depuis moins longtemps, mais c'est une bonne amie. Oz, il allait au même lycée que nous, tu le sais."
- "Oui, l'enfer," fit Oz.
- "Et... l'homme brun? Je veux dire, celui qui avait la trentaine? Celui qui est parti vite?"
- "Oh, Wesley. C'est un collègue à Giles."
- "D'accord," fit Buddy en essayant d'imprimer les informations. "Et... il ne manquait personne? Je croyais avoir entendu parler d'une autre personne qui devait venir."
- "Non. Non, personne. On aime faire des trucs un peu entre nous, tu sais. C'est plus sympa, plus tranquille," expliqua Buffy.
- "Oh, tu veux dire Angel, peut-être?" fit Willow, et Buffy lui lança un regard qui n'échappa pas à Buddy. "Euh, je- non, je veux dire, personne d'autre."
- "C'est ton copain, non?" demanda Buddy.
- "Oui," répondit Buffy, en maudissant Willow de ne pas savoir se taire des fois. "C'est -c'est mon copain. Mais... il ne pouvait pas venir ce soir. Il avait, hum, d'autres obligations."
Ils étaient arrivés devant le logement d'Oz et changèrent de sujet, pour parler du lendemain et se saluer. Buffy se sentait un peu mal à l'aise de continuer seule avec Buddy, mais Lowell House n'était plus très loin et ça aurait été méchant de ne pas l'accompagner.
- "Je pensais qu'il serait là," fit Buddy après un silence.
- "Qui, Angel? Mon copain?" Buddy approuva, et Buffy soupira. "Est ce qu'on peut ne pas en parler?"
- "Bien sûr. Je comprends. Ce n'est jamais facile de se retrouver seul."
- "Je ne suis pas- Ok, je suis seule. Mais pas seule-célibataire. Seule-'mon petit copain ne peut pas me voir pour l'instant'. Je ne suis pas libre."
- "Mais il ne veut pas te voir?"
- "Il ne peut pas, c'est différent. Il a... d'autres obligations."
- "Oh."
Mais Buffy vit bien qu'il n'y croyait pas vraiment. Evidement, dis comme ça, son couple paraissait en bien mauvaise posture. Mais... elle ne pouvait quand même pas lui dire qu'Angel était parti à l'autre bout du monde sans même un vrai coup de fil et qu'il n'allait pas revenir avant... avant combien de temps d'ailleurs? S'il revenait jamais... Elle avait une impression de deja-vu très désagréable. Mais ils étaient déjà arrivé à Lowell House.
- "Je comprends que tu ne veuilles pas en parler," reprit Buddy. "Je ne t'y forcerai pas. Mais... je veux que tu saches... je suis là." Ils s'étaient arrêtés devant l'entrée, et Buddy porta doucement une main à la joue de Buffy. Une autre fois elle se serait probablement dégagée, mais elle se sentait tout à coup pleine d'angoisse sur le départ d'Angel, et Buddy était gentil... pas entreprenant. Juste gentil. "Si tu as besoin de quoique ce soit, même simplement de parler... je suis là. Je ne comprends pas tout dans ta vie, et... j'ai du mal à exprimer ce que je ressens des fois, mais..."
- "Ne le dis pas. S'il te plaît." Il baissa les yeux, et elle enleva lentement la main de sa joue, avant de reprendre. "Tu es gentil. Vraiment. Mais pour l'instant... tout va bien." Elle sourit un peu quand il releva les yeux. Il avait plutôt un joli regard. "Bonne nuit, Buddy."
Elle lâcha sa main, et s'éloigna avec un dernier regard. Buddy hésita quelques instants, puis rentra dans sa Maison. Bientôt, elle aurait besoin de lui, il le sentait. Il monta les escaliers pour aller se coucher, pas complètement satisfait de cette courte entrevue, mais pas le cœur brisé comme il l'avait redouté... Cette nuit, ces rêves se peupleraient de Buffys en vêtements sexy, et autres images encore moins catholiques...
De son coté, Buffy repartit en direction de chez elle, en rependant aux paroles de Buddy. L'entendre dire ça, agir comme si déjà Angel n'était plus là du tout... c'était comme la forcer à regarder la réalité en face. Angel n'était plus là... Sur un risque confus de retour d'Angelus, elle était sans lui de nouveau... Et ça faisait mal. Elle ne savait pas où il était, comment il allait, ni quand il reviendrait... elle se mordit la lèvre inférieure. Les mois à venir allaient être durs, elle réalisait ça maintenant. Mais heureusement, ils pouvaient encore se voir dans le Rêve... Alors qu'elle pensait déjà à aller dormir pour partager le Rêve et ses angoisses avec Angel (sans savoir qu'elle ne le ferait pas cette nuit, et que le décalage horaire rendrait par la suite les rencontres plus compliquées et rares), elle s'arrêta, prise par la surprise. Dans la clairière qu'elle s'apprêtait à traverser, Spike, une cigarette à la bouche, discutaient avec deux Mages Noirs.


Malthus étudia les bâtiments qui l'entouraient, et ferma les yeux. Il y était presque... quelques pas à gauche encore. Il se déplace sur le coté, et s'arrêta quand il sentit un courant chaud le traverser. Voilà, il avait trouvé. Il se concentra sur la chaleur, et récita la formule approprié.
- "Theodore?" finit-il par appeler.
- "Je suis là," répondit une voix douce venu de nulle part. "Je m'apprête à atterir à Edinburgh."
- "Edinburgh? Tu prenais un avion?"
- "Le Conseil est plus près de Londres, mais tu sais que je ne peux pas me permettre de me faire remarquer. La télétransportation était trop risquée, cela demande un flux d'énergie trop grand, ils auraient pu remarquer. Tu es bien sur un point chaud?"
- "Oui. Qu'est ce que tu crois? Je ne suis pas suicidaire, et j'ai de l'expérience. J'ai une famille à laquelle je tiens aussi. Si je n'étais pas sur un point chaud, ils auraient pu intercepter notre conversation."
- "Tu as appris à ton fils à le faire?"
- "Non. Tu sais qu'il lui manque encore de la sensibilité, du sang humain coule dans ses veines. Et puis on essaye de l'éloigner de tout ça, et il a encore des hésitations."
- "Si tu tiens vraiment à ce qu'il prenne part à tout ça, il faudrait l'initier plus vite."
- "Je sais, Theodore, je sais. Dis moi plutôt, tu comptes être arriver au domaine du Conseil quand exactement? Balthazar va me demander où tu es demain, je n'en attends pas moins de lui. Ce soir, les Juniors Partners n'ont pas été directs -pas encore, mais lui n'hésitera pas à poser la question et à exiger une réponse. Même s'il n'obtiendra pas la vraie."
- "Je pense y être... demain midi, pour toi. Mais personne ne le saura." La voix se tut quelques instants, et Malthus comprit que quelqu'un s'était probablement adressé à Theodore dans la réalité. "Maltus? Excuse moi. Comment s'est passé ton entrevue?"
- "Ils se doutent de tout. Ils doutent de moi, de nous. Le temps va bientôt nous manquer. Je dois partir d'ailleurs. Tu sais ce que peut nous coûter une trop longue conversation."
- "Malheureusement, mon frère en a fait les frais." La voix s'était faite amère. "Nous n'avons plus qu'à espérer que le Rêve jouera en notre faveur."


Arrivés à New York, Angel avait la tête pleine de tous les sujets de conversations que Cordelia avait été capable d'aborder durant ces 3 heures qu'avaient duré le voyage, mais au moins la situation était plutôt détendue et la langue cinglante de Cordelia s'était dirigé vers les autres passagers bruyants (ou au contraire, souhaitant dormir) plutôt que vers Doyle et lui. Autant dire que Doyle en avait profité pour se rapprocher d'elle et pour lui parler, permettant à Angel de se reposer sans dormir.
A peine étaient-ils descendus de l'avion, et à peine Angel commençait-il à regarder avec Doyle quelle direction ils devaient suivre pour prendre leur correspondance, que le portable de Cordelia, qu'elle venait d'allumer, sonnait pour lui annoncer qu'elle avait un message sur sa messagerie vocale. Machinalement, elle suivit Doyle et Angel dans le dédale de couloirs alors qu'elle écoutait son message et que son visage se décomposait. Doyle, attentif à ses moindres mouvements maintenant, revigoré par son attitude plus sympathique depuis les dernières heures, s'approcha d'elle.
- "Qu'est ce qu'il se passe, princesse?"
- "Je... Oh, j'en ai marre!!!!" Plus que de la rage, de l'abattement avaient rempli les yeux de Cordelia. En voyant l'air attentif de Doyle qui continuait cependant à marcher, elle expliqua, "C'était mon amie Justine. Mon audition, c'était une blague. Enfin, c'était faux. Une fausse troupe de théâtre et donc un faux rôle. Pourquoi est ce que tout s'acharne contre moi?"
- "T'inquiètes pas, princesse. Je suis sûre que ça va s'arranger, tu vas voir. Tout ne peut pas aller mal tout le temps dans la vie. Il suffit juste d'être un peu patient, et- On ne le connaît pas, lui?"
Cordelia leva les yeux et à sa plus grande surprise, constata la présence de Wesley dans le hall de permutation.
- "Wesley! Angel, c'est Wesley!!"
Angel, qui cherchait maintenant la porte d'embarquement, se retourna et soupira en voyant Wesley. Combien de personne est ce qu'ils allaient rencontrer comme ça?
- "Cordelia, on a un vol à prendre."
Mais sans faire attention au vampire, elle se dirigea vers l'Observateur. Son accablement disparut pour faire place à de l'enthousiasme, et elle ne fit même pas attention qu'ils étaient à l'aéroport de New-York, là où son billet s'arrêtait. Doyle resta en retrait en attendant qu'Angel décide de la bonne direction, mais observa Cordelia.
- "Wesley! Qu'est ce vous faites là?"
- "Oh, Cordelia. Je... oh, tu es avec Angel? Je... je suis à la recherche de ma correspondance. Mais je ne suis pas sûre de bien comprendre ce billet," expliqua-t-il en examinant son billet. "Qu'est ce que vous faites ici?"
- "Ils vont en Angleterre," résuma Cordelia, et ni Doyle ni Angel ne la corrigèrent, trop occupés à réfléchir ou à la regarder, le regard béat.
- "Oh, magnifique, c'est là bas que je vais aussi!! Je vais vous suivre."
Pendant ce temps, Angel avait compris quelle porte prendre, et se dirigeait vers elle à grands pas, Doyle sur ses talons. Derrière, Cordelia les suivit sans faire attention, tout en continuant à faire la conversation à Wesley.
- "Je viens de découvrir que l'audition à laquelle je devais aller n'aura jamais lieu. Vous vous rendez compte, même pas une vraie troupe. Je n'ose pas imaginer pourquoi ils m'ont demandé de venir faire une audition alors. Qui sait ce qu'il se passe dans les grandes villes... c'est dingue quand même, dans un pays fasciste comme le notre. Euh, non, attendez, nous on est les démocratiques, hein?" Wesley approuva. "Je me disais aussi. Enfin bref. Et vous, pourquoi vous avez atterri là?"
- "Je dois aller retrouver le Conseil, il se passe des choses étranges là bas et on a besoin de moi," expliqua Wesley, beaucoup plus fier dans son objectif qu'il ne l'était avant de pouvoir en parler à qui que ce soit.
Angel était arrivé au comptoir, et sortait les billets. Wesley l'imita, et se présenta au comptoir à coté de lui, tandis que Cordelia continuait de lui faire la conversation. Derrière le comptoir, un jeune homme aux cheveux blonds, avec un badge qui annonçait 'Riley', prit les billets.
- "Euh, donc, vous- je ne crois pas que ce soit à moi de vérifier votre identité pour quitter le pays. Normalement c'est les types après qui le font... enfin, je crois. Je suis désolé, c'est mon premier service tout seul, d'habitude j'ai quelqu'un qui peut m'aider... Enfin bref. J'aurais besoin de pièces d'identité s'il vous plaît..."
Angel lui tendit la fausse carte qu'il s'était fait faire, et Doyle sortit la sienne. Pendant ce temps, Riley se débattait avec un ordinateur qui bipait visiblement plus qu'il ne marchait, et avec les billets d'avion qu'il confondait avec les reçus. Devant, Angel s'impatientait.
- "Ecoutez, on a une correspondance à attraper. Si jamais vous nous la faites rater..."
- "Oui, pardon, pardon. Je suis désolé. C'est..."
- "Votre premier service tout seul. On a compris," répliqua Cordelia, avant de reprendre la fil de ses paroles avec Wesley.
- "Bon, allez y, allez y. Euh, vous êtes bien trois, c'est ça?"
En voyant le regard qu'Angel lui lançait, Riley préféra se taire et laissa Angel et Doyle passer. Il s'apprêtait à demander une pièce d'identité à Cordelia quand l'ordinateur se remit à biper, et qu'un téléphone sonna. Il répondit tout en essayant de faire taire la machine, et Cordelia passa, appelant Doyle pour lui demander ce qu'il pensait des pratiques religieuses à Hollywood, franchement.
- "Madame..."
Puis il abandonna. Elle connaissait les gens, visiblement, et il lui semblait avoir vu trois billets pour Dublin, ça devait être bon. Tout en répondant à son collègue, il jeta un rapide coup d'œil à la carte de Wesley, à son billet. Trop tracassé par son ordinateur, et pas assez attentif, il ne fit pas attention que le billet, bien qu'il soit aussi de American Airlines, était normalement prévu pour aller à Londres, et non pas à Dublin.
Une fois qu'il fut passé, Wesley rattrapa rapidement le petit groupe devant, ravi d'avoir trouvé des compagnons de voyage. Et puis, avoir Angel pas loin ne pouvait pas être une mauvaise chose, surtout si la situation au Conseil était aussi critique que William Collins semblait le dire...
Ils embarquèrent dans l'avion sans encombre, et allèrent s'asseoir au fond, là où Angel espérait déranger le moins de gens en les priant de laisser leurs volets fermés. Ce ne fut qu'en s'installant qu'il réalisa que Cordelia et Wesley les accompagnaient réellement, mais ne prit pas la peine de se renseigner plus. L'idée de partir aussi loin de Buffy l'angoissait, et encore plus l'idée de voyager dans un transport aussi exposé à la lumière du soleil. Il s'assit dans son fauteuil, attrapa le dernier livre de Sartre qu'il avait entamé, en laissant ses trois acolytes s'installer à coté de lui.
Une vingtaine de minutes plus tard, une voix envahissait l'avion alors que les portes de celui-ci se fermaient et que la machine se mettait en marche.
- "Mesdames et messieurs, bienvenue à bord du vol 7856, en provenance de Chicago, et à destination de Dublin. Veuillez accrocher votre ceinture, le décollage s'effectuera dans quelques instant. Une démonstration des services de sécurité va vous être faite dans l'allée centrale, nous-"
- "Pardon," fit Wesley en se tournant vers Doyle, "mais... le capitaine s'est trompé, n'est ce pas? Il a indiqué que nous allions à Dublin... notre réelle destination est bien Londres, je ne me trompe pas?"
- "Bien sûr que si," répondit Doyle le plus simplement du monde. "Cet avion va à Dublin. Il n'y a rien d'étonnant à ça. Vous pensiez vraiment partir à Londres??"
A coté, Cordelia réalisa à son tour qu'elle était en train de quitter New York, et les Etats-Unis.
- "Euh... quoi, quoi?? On part où??"