~~~~Part 54~~~~
- "Euh, attends, je réalise un truc,"
fit Doyle sur le siège du passager, après avoir rangé une
petite bouteille de whisky dans son sac. "On va à New York prendre
un bateau."
- "Oui."
- "On est en Californie."
- "Oui," répondit Angel, intrigué. Est ce que Doyle
avait encore trop bu?
- "La Californie, c'est déjà plus grand que l'Irlande."
- "Une fois encore, oui..."
- "Il faut au moins une journée entière pour traverser l'Irlande.
Tu comptes nous faire traverser les *Etats-Unis* en voiture??"
- "Tu vois une autre solution?"
- "Tu ne pourrais pas faire un effort et prendre l'avion? Je veux dire,
c'est même pas moi qui laisse derrière 'l'amour de ma vie', mais
ça fait quand même super long. Et en plus, traverser les Etats
du Mid-West? Il fait chaud, et c'est terriblement ennuyeux comme paysage."
- "Désolé de ne pas faire l'effort de risquer de me *tuer*,"
répondit Angel, irrité. Il n'avait pas vraiment réalisé
que ça risquait effectivement de leur prendre beaucoup de temps et que
ça n'accélérerait pas la date de son retour. "Tu n'as
qu'à prendre l'avion si tu veux, tu iras t'occuper dans les bars de NYC
pendant que je roule. On est à coté de l'aéroport, c'est
quand tu veux."
- "C'est bon, ne t'énerve pas. Je disais ça comme ça...
et puis t'aurais l'air fin à traverser tout le pays tout seul. Pour rouler
le jour, pas génial. Imagine que tu tombes en panne d'essence en plein
milieu de l'Iowa..."
- "Doyle, écoute, ce n'est pas facile pour moi. Est ce que tu pourrais
seulement-"
Tout à coup, Angel repéra quelque chose venant sur sa gauche,
et reporta vivement son attention sur la route et le carrefour qu'ils traversaient.
Il réalisa trop tard que le 4x4 qui arrivait à gauche n'allait
pas freiner, et malgré tous ses efforts à freiner et à
faire braquer la voiture, ce fut l'accident.
Lindsey roula en boule un papier, énervé, et le jeta dans sa poubelle
en le lançant de l'autre bout de la pièce, avant de lancer un
coup d'il à la pendule. Il détestait être obligé
de rester aussi tard à Wolfram & Hart alors qu'il avait d'autres
préoccupations, surtout quand c'était pour se charger de prendre
la défense d'un démon à l'apparence humaine qui avait violé
trois jeunes filles. *Les monstres n'ont qu'à se débrouiller un
peu seuls. Cette affaire est d'un dégradant...!* Le seul avantage, c'est
qu'elle lui rapportait de l'argent. Il n'avait pas vraiment eu l'occasion d'en
parler avec sa sur, mais il était net que celle-ci ne bénéficiait
pas d'une situation financière excellente. Au moins, lui gagnait plus
que correctement sa vie... en aidant des démons, c'était exact.
Mais il était riche, et c'était ce qu'il comptait.
Il retourna à son écran d'ordinateur, et en soupirant, finit de
taper les trois dernières lignes de son dossier pour la défense
du-dit démon le lendemain après-midi. Il avait bien encore un
procès de Russell sur les bras, mais il avait besoin de faire une pause.
Il se leva, alla chercher un café, et s'affala dans son grand fauteuil
en cuir pour réfléchir tout en buvant. Malthus était de
plus en plus insistant pour que Lindsey devienne un Mage Noir... Il se sentait
flatté, bien sûr, et puis l'idée d'être supérieur
aux autres lui plaisait bien, mais il y avait toujours des éléments
obscurs dans cette histoire qui le poussait à ne pas accepter tout de
suite. Ne serai-ce que les légers doutes qu'il avait encore sur Malthus...
Après tout, comment savoir s'il ne jouait pas double-jeu? Voire pire?
Il n'arrivait pas à avoir d'avis précis de la part de Holland
sur le cas de son père, c'était frustrant... Il savait cependant
que Malthus devait rencontrer Holland, les Juniors Partners, le grand Patron
et même ce Mage Noir qu'il avait croisé quelques fois dans les
couloirs, Balthazar, aujourd'hui et le lendemain. Pour dire quoi, pour faire
quoi? Lindsey n'aimait pas du tout l'atmosphère de mystère qui
régnait sur toute cette histoire. Et d'ailleurs, pourquoi est ce que
Malthus avait l'air inquiet de rencontrer les Juniors Partners? Qu'est ce qu'il
cachait? Lindsey soupira. Il ne verrait jamais le bout de ces questions... Il
jeta son gobelet de café, et alla éteindre son ordinateur. Tant
pis pour Russell, il n'avait pas le cur à travailler ce soir. Un
tour à Caritas ne lui ferait pas de mal... Il attrapa sa veste, sa guitare
qu'il avait pris l'habitude de laisser à son travail, et s'en alla.
C'était Joyce, aussi fringante qu'une vieille sorcière à
verrues pouvait l'être, qui s'était précipité à
la porte. Elle savait que le dénommé Buddy devait venir, et elle
avait hâte de revoir le garçon ; une fois qu'il était passé
alors que Buffy n'était pas là, il avait gentiment conversé
avec elle, tellement que Joyce en avait après oublié qu'il était
sûrement venu pour voir Buffy et qu'elle n'avait pas pensé à
parler de cette visite à sa fille. Quand elle ouvrit, elle accueillit
avec un sourire le profil de Buddy, déguisé en Robotcop , puis
se figea en constant la présence de son ex-mari.
- "Hank. Qu'est ce que tu fais là?"
- "Bonsoir, Joyce."
Celle-ci resta interdite, avant de réaliser que Buddy attendait lui aussi.
- "Buddy, je t'en prie, rentre, tu es le bienvenu. Hank, je... entre."
Les deux hommes ne se firent pas prier, et leur entrée fut saluée
par un magnifique silence. Buffy ne put rien dire en constant la présence
de son père, et tout le monde comprit vite de qui il s'agissait... sauf
Tara, qui se garda bien de faire un commentaire. Quant à Hank lui-même,
il restait perplexe devant la troupe qui peuplait la maison de son ex-femme,
et il avait beau essayer de se raisonner en se rappelant que même au fin
fond de la Californie, c'était Halloween, il n'arrivait pas à
se faire à la vision d'un couple en blouse, d'un pompier, d'une femme
avec un masque indien étrange, de sa fille ainsi que deux autres en habits
aguicheurs, et de deux hommes mûrs déguisés en cow-boy et
en écossais... Devant cette scène, il hésitait entre l'effroi
et le rire... Et pour finir, Buddy restait muet d'admiration devant Buffy, plus
belle que jamais dans sa robe courte et moulante. *Oh, mon dieu, tellement courte.
Et oh mon dieu, tellement moulante.*
- "Oh, de la visite," finit par remarquer Oz.
- "Je... qu'est ce que..." Buffy fronçait les sourcils, clignait
des yeux, incapable de croire à ce qu'elle voyait. "Buddy, c'est
toi qui l'a amené ici?"
- "Euh... le monsieur?" demanda Buddy en faisant un effort surhumain
pour quitter Buffy des yeux, pour indiquer Hank.
- "Oui, mon père."
- "Oh. Non, je... on est arrivé ensemble devant la maison, c'est-c'est
tout."
- "Je... oh, qui vient manger des pops-corns dans le salon?" lança
Willow, et elle fut aussitôt suivie par Tara, Xander, Wesley et Iwachi.
Faith et Giles étaient restés dans le hall d'entrée, hésitants
sur l'attitude à avoir.
- "Je... S'il te plait, Rupert, laisse-nous. Je voudrais parler à
Hank," demanda doucement Joyce.
Giles approuva d'un mouvement de tête, et disparut dans la cuisine. Buffy
fit comprendre à Faith d'un regard qu'elle préférait aussi
pouvoir faire face à son père seule, et la jeune Tueuse s'éclipsa
après avoir montré sa compassion en passant gentiment sa main
sur la bras de Buffy. Entre la famille Summers, le silence tomba.
- "On attend des explications," finit par observer Buffy.
- "Je... Oh, je ne pensais pas que je dérangerais," répondit
Hank.
- "Tu ne pensais pas?? Ben bien sûr! Je t'ai vu seulement parce que
tu allais te remarier. Avant ça, ça faisait quoi, 1 an et demi
que je ne t'avais pas vu?? La dernière fois que tu t'es vraiment intéressé
à moi, c'était pour me dire que tu *annulais* notre seule rendez-vous
annuel! Un bouquet de fleurs, c'est tout ce que ça t'inspire, les 18
ans de ta fille?!?" s'énerva Buffy, la rage au coeur et les larmes
aux yeux.
- "Chérie, du calme," commença Hank. "Je ne-"
- "Ne m'appelle pas comme ça!!"
- "Buffy, du calme," demanda Joyce sur le coté. "Je crois
que ton père et moi avons besoin de parler."
- "Non, on ne parle pas. Je l'ai vu à Las Vegas, maman. Je n'ai
pas réagi parce qu'il m'a assommé avec sa nouvelle avant. Je me
suis laissé... Mais pas cette fois. Je ne veux rien savoir, je m'en fiche
si tu es en train de mourir du cancer," reprit-elle en se tournant vers
son père. "Et d'ailleurs, je suis enceinte, j'ai tué trois
personnes à ma nouvelle université, je vais aller en prison et
le bébé naîtra là-bas et j'ai décidé
de le laisser à la charge de ma meilleure amie qui est une junkie."
Hank jeta un coup d'oeil à Joyce, dérouté par la dernière
partie de la tirade de sa fille.
- "Hein?"
- "Willow n'est pas une junkie, ma grande."
- "Je raconte n'importe quoi," continua Buffy en levant les yeux au
ciel, agacée. "Mais tu ne peux même pas faire la différence
entre ce qui est vrai ou pas... tu ne me connais plus."
- "Buffy, s'il te plaît, laisse nous," demanda de nouveau Joyce.
Buffy lança un regard à sa mère, les bras croisés
sur sa poitrine, puis serra la mâchoire en regardant de nouveau son père.
- "D'accord. Mais si tu le laisses dormir ici, je vais au manoir."
Sur ces paroles, Buffy tourna les talons, et partit rejoindre les autres dans
le salon. Hank la regarda disparaître, puis se retourna vers Joyce en
fronçant les sourcils.
- "Le manoir?" interrogea Hank.
- "Hank, s'il te plaît."
- "J'essaye de me renseigner."
- "Il est un peu trop tard pour ça, tu sais comme moi qu'elle a
raison là-dessus. Ecoute, Hank, je vais être honnête. C'est
Halloween ce soir, j'ai organisé cette fête pour Buffy. Tu ne peux
pas comprendre, mais elle a très peu l'occasion de s'amuser normalement.
Ce soir c'est le seul vrai soir où c'est possible, alors je voudrais
éviter de lui gâcher la soirée, d'accord? Tu as sûrement
une très bonne raison d'être ici, mais je n'ai pas envie d'en parler
pendant des heures pour l'instant. Alors si tu veux bien, tu vas revenir demain
et alors on s'expliquera."
- "Je..." Hank baissa les yeux. "D'accord. A quelle heure je
peux venir demain?"
- "En début d'après-midi, ça te va?"
- "D'accord," céda Hank. "Je peux quand même savoir
qui étaient cet homme et cette jeune fille?"
- "Tu veux parler de Rupert et Faith qui étaient là au début?
Rupert est un ami, et Faith, c'est... une amie proche de Buffy."
- "Oh, c'est ce que je pensais." Hank fronça les sourcils,
comme s'il encaissait la nouvelle.
- "Mon Dieu, Hank, non!" fit Joyce en réalisant qu'il avait
mal interprété ses mots. "Faith est une amie de Buffy, c'est
tout."
- "Oh. Pardon. Je veux dire, la façon dont elle a-"
- "Je crois qu'il vaut mieux que tu partes, Hank," déclara
Joyce en ouvrant la porte.
Résigné, Hank repartit dans la nuit de Sunnydale alors que Joyce
affichait de nouveau un grand sourire pour le petit groupe d'enfant masqués
qui s'approchaient de la maison.
Le premier réflexe d'Angel quand il reprit conscience fut de regarder
à coté de lui pour voir ce qu'il était advenu de Doyle.
Celui-ci avait été projeté contre la vitre au moment de
la collision, brisant cette dernière en mille morceaux, et le choc avait
provoqué son changement en démon. Grâce à la métamorphose,
ses blessures étaient minimes, et il avait pu reprendre ses esprits et
se transformer de nouveau en humain avant que des gens ne s'approchent de la
voiture. Après Doyle, Angel s'extirpa hors de la voiture par le coté
droit, sa portière à lui ayant été réduite
en bouillie, et se jeta un coup d'il. Son bras droit saignait légèrement,
entaillé par un bout de glace, mais sinon, il s'en sortait plutôt
bien. Avant de dire quoique ce soit à Doyle, il se dirigea de l'autre
coté de la voiture, pour constater qu'il y avait au moins un peu de justice.
L'état du 4x4 était aussi irrécupérable que celui
de sa propre voiture... le moteur fumait encore, et Angel du se déplacer
de quelques pas pour regarder si le conducteur était toujours à
l'intérieur. Il n'arriva pas à voir avec la fumée, et s'apprêtait
à s'approcher pour aller aider la personne quand Doyle lui attrapa le
bras.
- "Eh, man, on se tire."
- "Mais ma voiture... la personne..."
- "Angel, on va se faire remarquer, les flics ne vont pas tarder à
arriver avec un peu de chance. Laisse l'autre conducteur aux mains du civisme
losangelesiens," ajouta-t-il en indiquant deux personnes qui aidaient le
conducteur de la 4x4 à sortir. "Y plus rien à tirer de ta
voiture maintenant je crois."
Angel se laissa tirer sur le coté, sans pouvoir quitter des yeux des
lieux de l'accident.
- "Doyle, quelque chose n'est pas normal... Comme si-"
- "Tu as eu un accident, ça arrive à tout le monde. Allez!"
- "Tu n'es pas blessé?" interrogea Angel en quittant enfin
du regard les deux véhicules emboutis.
- "Non, rien de grave."
Ils s'éloignèrent des lieux, et à quelques kilomètres
d'ici, Balthazar sortit de sa transe, et sourit.
- "Ils se dirigent vers l'aéroport. Tout se passe comme prévu."
- "Doyle, combien coûte une voiture d'occasion?
Il faut qu'on parte le plus vite possible. Avec le temps qu'il va nous falloir
pour-"
- "On prend l'avion."
- "Quoi? Doyle, écoute, il faut que tu te fasses à l'idée
que-"
- "La nuit vient tout juste de tomber, il n'y a pas 4 heures de vol entre
ici et New-York. On y sera bien avant l'aube, et ça nous économise
plusieurs jours de voyage." En voyant l'air peu convaincu d'Angel, Doyle
reprit. "Je suis peut-être alcolo, mais je ne suis pas bête.
J'ai des visions depuis très longtemps, je sais reconnaître du
surnaturel quand j'en vois. Tu as raison," continua-t-il en baissant la
voix. "Je suis sûre que cet accident n'était pas normal. Quelqu'un
veut nous empêcher de partir, ou nous peut-être nous tuer. Plus
on sera parti vite, mieux ce sera."
- "Toi aussi tu as cette impression étrange?"
- "Oui. Il se passe quelque chose..."
- "Allons-y pour l'aéroport," déclara Angel.
- "Je dois dire que je vous félicite. C'est
impressionnant d'avoir été capable de manipuler le vampire et
son acolyte," constata Holland. "Tout en leur faisant croire qu'ils
s'échappent de notre emprise, ils agissent exactement comme nous le voulions."
- "Le Messager n'est pas dupe, il sait que quelque chose d'étrange
se passe. Heureusement pour nous, il n'a pas assez d'éléments
pour comprendre la réalité."
- "Je vous laisse vous charger d'observer la suite des évènements.
Malthus Crespian m'attend, veuillez m'excuser."
Balthazar eut un rictus malveillant.
- "Faites donc, Mr. Manners, faites donc. Je parlerais à Malthus
demain."
La fête avait repris, et Buffy avait réussi à se détendre
à nouveau entre les blagues de Xander et Faith qui se faisait un devoir
de lui remonter le moral. Giles avait préféré ne pas aborder
le sujet Hank avec Joyce, et entreprit de lui faire passer une bonne soirée
au milieu du groupe de jeunes et à coté d'un Wesley visiblement
préoccupé (par ailleurs, la vision d'un cow-boy à lunettes
qui passait sa soirée sur un canapé à réfléchir
était assez hilarante). Une demi-heure à peine après le
passage de Hank, Wesley s'approcha de Giles qui préparait d'autre pop-corn
dans la cuisine.
- "Mr. Giles, le coup de fil de Mr. Collins, cela m'inquiète."
- "Je sais bien, Wesley. Mais détendez vous, c'est l'aube en Angleterre,
on ne peut rien faire. Nous appellerons demain matin."
- "Mais... nous sommes en danger. Et je sens qu'on a besoin de nous là-bas."
- "Je ne fais plus parti du Conseil, Wesley. Ils sont loin de me porter
dans leur cur, je vous rappelle."
Quand quelques minutes plus tard, Wesley s'éclipsa, personne ne le remarqua
à part Tara, mais elle se figura que c'était normal, et retourna
dans le salon, où elle pouvait admirer Willow à volonté.
Bien sûr, il y avait Oz, mais... Tara ne se faisait pas d'illusion. Willow
tenait au jeune garçon... et elle était heureuse avec lui. Et
voir Willow heureuse, la voir rire, sourire, même avec Oz, ça lui
suffisait à être contente.
- "J'ai assez d'argent pour payer nos billets jusqu'en Irlande. Mais après
ça..."
- "On se débrouillera une fois sur place. J'ai des potes là-bas,
enfin, au moins des gens prêts à nous prêter un peu de fric..."
Angel acheta rapidement les billets ; il n'y avait heureusement pas beaucoup
de gens intéressés par un vol Los Angeles-Dublin, surtout en aller
simple.
- "Voilà," fit la jeune femme en leur tendant les billets.
"Il n'y avait plus de place que sur le dernier vol, votre avion partira
à 23h02. Arrivée prévu à New York à 3h48.
Votre correspondance pour Dublin décolle à 4h26, et vous serez
à Dublin à 21h17 heure locale."
Angel empocha les billets et cartes d'embarquement, et se dirigea avec Doyle
vers le salon d'attente.
- "Je ne suis pas sûr que ce soit prudent de reprendre l'avion une
fois à New-York."
- "Angel, regarde. On arrive à New-York la nuit, et avec le décalage
horaire, on sera à Dublin en pleine nuit aussi. C'est parfait, et c'est
rapide. Pendant le voyage, il suffit que tu fermes tes volets et que tu demandes
à tes voisins de faire pareil."
Le temps passa assez lentement dans l'aéroport, et Angel ne put même
pas appeler Buffy. Son portable était à court de batterie, il
venait de changer son liquide en livres irlandaises, et Doyle refusa catégoriquement
que lui prêter les quelques centimes qui lui restait.
- "Pour que tu sois encore plus déprimé après, merci.
Tu l'appelleras une fois là-bas. Et puis c'est Halloween ce soir, elle
est sûrement sortie chercher des bonbons."
- "Elle n'a plus 12 ans."
- "Et heureusement pour toi, ce sera de l'abus de mineur alors. Et ce serait
dommage de briser ton plaisir par quelque chose d'aussi moche, hein."
- "Sans commentaire."
- "Au moins, toi tu as l'occasion de te-" Doyle s'était arrêté
en plein milieu de sa phrase, et Angel fronça les sourcils en le regardant,
avant de tourner son regard vers le point qu'il fixait pour voir... "Cordelia,"
fit Doyle.
A ce moment, l'ex-Reine de Mai les repéra.
- "Oh mon Dieu, Doyle, Angel! Qu'est ce que vous faites là? Qu'est
ce qu'il t'es arrivé, Angel?" demanda-t-elle en constatant la marque
de sang qui avait séché sur la chemise du vampire.
- "On part. Tu sais, on t'a expliqué? Et tu as dit que tu restais
et que tu espérais que je resterais là-bas. La question, là,
c'est, qu'est ce que toi tu fais là??"
- "C'est bon, c'est bon, me regardez pas comme si j'étais un monstre!!
C'est vous les mecs bizarres ici. J'ai une audition demain à NYC."
- "Et tu as eu ton billet comment?"
- "Mon père croit que je vais à un entretien pour une grande
société de produits frais. Il rêve s'il croit que je veux
finir parmi des yaourts!"
- "Et... mon appartement?" interrogea Angel.
- "Oh, j'ai fermé à clé, si c'est ça que tu
voulais savoir. A vrai dire, j'espère que je vais être prise à
NYC et qu'on va me payer très cher très vite, parce que tout seul
dans ton appart', c'est limite glauque, et pourtant j'ai essayé de mettre
des couleurs! Mais au sous-sol comme ça, sans lumière naturelle,
et puis avec du bois et de la pierre partout... non, vraiment, je préfère
encore le manoir de Sunnydale. Au moins ça a un peu la classe."
- "Tu prends quel avion, princesse?" demanda Doyle sans la quitter
des yeux.
Ça faisait seulement quelques heures qu'il l'avait quitté, mais
sa beauté tout à coup l'illuminait d'un nouveau jour. *Peut-être
parce qu'elle ne m'a pas rembarré dans les trois dernières minutes...*
Il n'y avait pas de doute, il y avait quelque chose chez Cordelia, peu importe
combien elle pouvait être méchante avec lui, qui... qui l'aimait.
Qu'il aimait vraiment. *Quelque chose comme chez Harry.*
- "Le 23h quelque chose, je crois. Vous prenez le même?" Elle
les vit hocher de la tête. "Ah, tant mieux. Au moins je ne m'ennuierais
pas trop pendant le voyage. Qu'est ce que vous avez fait de la voiture d'Angel
d'ailleurs?"
- "Cassée dans un accident."
- "Tu as laissé Doyle conduire??"
- "C'était moi au volant," répondit Angel pour défendre
Doyle.
- "Bon, comme quoi je suis mauvaise langue des fois," fit Cordelia,
une réplique qui lui attira les regards éberlués des deux
hommes. "Quoi?? C'est bon, j'ai rien fait de mal. Je suis contente que
vous soyez là pour une fois, profitez en."
Et elle s'installa à coté de Doyle, en prenant tout de même
soin de mettre ses bagages entre eux deux, mais pour Doyle, c'était déjà
bien suffisant.
Spike quitta le bar de Willy à plus de deux heures du matin, un sourire
aux lèvres. Non seulement il avait ridiculisé tous les démons
en les battant à plate couture, mais en plus il avait gagné plus
du triple de la somme qu'on avait accepté de lui prêter au début.
Et évidement les démons, contrariés de se faire battre
par quelqu'un qui n'aurait même pas du jouer à l'origine, avaient
commencé à se battre, et un petit combat avait fait du bien à
Spike. Ça l'avait défoulé, et maintenant qu'Harmony n'était
plus là pour servir à ça, c'était une très
bonne chose.
A la réflexion, le combat avec les démons lui avait uniquement
ouvert l'appétit, et il rêvait maintenant de trouver une autre
source de défoulement. Aussitôt, le nom de Buffy lui vint à
l'esprit. Oh, oui, un bon combat avec la Tueuse ne lui ferait pas de mal...
Sans succès, il fit un tour au Bronze, et finit par se décider
à rentrer après avoir s'être un peu battu contre un jeune
universitaire à qui il avait volé sa bière, mais il restait
frustré. Il tomba enfin sur une vampire blonde dont la tête ne
lui revenait pas, et engagea le combat sans raison. La démon, hargneuse,
accepta la bataille et la fit durer au plus grand plaisir de Spike. Alors que
le combat se faisait plus acharné, il se surprit à substituer
le visage de Buffy à la place de celui de la vampire, en particulier
dans les instants les plus rapprochés. Une fois qu'il eut battu son adversaire,
Spike reprit son chemin vers sa crypte, quand tout à coup il se retrouva
face à un homme habillé en noir et blanc.
A deux heures du matin, les Scoobies commencèrent à se séparer.
Alors que tous les jeunes sortaient pour rentrer chez eux -ainsi que Buffy,
qui avaient décidée qu'elle en profiterait en plus pour faire
une patrouille de routine, 'on ne sait jamais', Giles avait commencé
à installer son lit en bas. Joyce l'avait bien invité dans sa
chambre, mais Giles avait refusé l'offre comme un gentleman, rappelant
à Joyce que Buffy avait déjà du mal à les voir danser
un slow, et qu'elle n'aurait sans doute pas assez de force psychologique pour
supporter l'idée qu'ils dorment dans la même chambre. Ils avaient
remarqué l'absence de Wesley au alentours de 22h30, mais Giles avait
supposé qu'il était juste rentré chez lui, la tête
toujours aux problèmes du Conseil, sans doute pour essayer de joindre
l'Angleterre.
Faith se proposa de se joindre à Buffy pour la patrouille, mais celle-ci
lui affirma qu'elle pouvait se débrouiller seule, et qu'elle pouvait
bien rentrer tranquillement avec Xander à son sous-sol...
Buffy, Willow, Tara, Oz et Buddy se retrouvèrent donc à traverser
le campus, en direction de Stevenson Hall, où Tara rentra. Willow allait
passer le reste de la nuit avec Oz, et pour ça ils se dirigèrent
dans la direction opposé.
- "C'était une soirée sympa. Je suis drôlement contente
que tout se soit bien passé," fit remarquer Willow.
- "Oui, moi aussi. Pour une fois que rien n'est arrivé..."
- "Qu'est ce qu'il se passe d'habitude?" demanda Buddy, intrigué.
- "Oh, rien. Je-je veux dire..." Willow s'était mise à
réfléchir à toute vitesse. "Tu sais, il y a toujours
des gamins pour faire les imbéciles, crever des pneus, ce genre de chose..."
- "Oh. Ca vous arrive d'habitude?'"
- "Oh, oui, tout le temps," fit Buffy en prenant un air convaincu.
"C'est pour ça, cette année, c'est... bien."
- "Ah d'accord. Et... vous vous connaissez tous depuis longtemps? Je veux
dire, les gens qui étaient là à la soirée."
Buddy avait été étonné de constater que le copain
de Buffy n'était pas là, et qu'il n'avait même pas été
mentionné. Qui sait, ça cachait peut-être une bonne nouvelle?
Un cur brisé qu'il pourrait réparer? Pour le savoir, mieux
valait se renseigner en général et attaquer le sujet du petit
copain en particulier après... et en plus, ça lui donnait une
excuse pour avoir le regard posé sur Buffy *et son décolleté*.
- "Oh, eh bien... Je connais Xander depuis que je suis à Sunnydale,
mais c'est le meilleur ami de Willow."
- "On a joué dans le même bac à sable," sourit
la petite rousse.
- "Et Faith, je la connais depuis moins longtemps, mais c'est une bonne
amie. Oz, il allait au même lycée que nous, tu le sais."
- "Oui, l'enfer," fit Oz.
- "Et... l'homme brun? Je veux dire, celui qui avait la trentaine? Celui
qui est parti vite?"
- "Oh, Wesley. C'est un collègue à Giles."
- "D'accord," fit Buddy en essayant d'imprimer les informations. "Et...
il ne manquait personne? Je croyais avoir entendu parler d'une autre personne
qui devait venir."
- "Non. Non, personne. On aime faire des trucs un peu entre nous, tu sais.
C'est plus sympa, plus tranquille," expliqua Buffy.
- "Oh, tu veux dire Angel, peut-être?" fit Willow, et Buffy
lui lança un regard qui n'échappa pas à Buddy. "Euh,
je- non, je veux dire, personne d'autre."
- "C'est ton copain, non?" demanda Buddy.
- "Oui," répondit Buffy, en maudissant Willow de ne pas savoir
se taire des fois. "C'est -c'est mon copain. Mais... il ne pouvait pas
venir ce soir. Il avait, hum, d'autres obligations."
Ils étaient arrivés devant le logement d'Oz et changèrent
de sujet, pour parler du lendemain et se saluer. Buffy se sentait un peu mal
à l'aise de continuer seule avec Buddy, mais Lowell House n'était
plus très loin et ça aurait été méchant de
ne pas l'accompagner.
- "Je pensais qu'il serait là," fit Buddy après un silence.
- "Qui, Angel? Mon copain?" Buddy approuva, et Buffy soupira. "Est
ce qu'on peut ne pas en parler?"
- "Bien sûr. Je comprends. Ce n'est jamais facile de se retrouver
seul."
- "Je ne suis pas- Ok, je suis seule. Mais pas seule-célibataire.
Seule-'mon petit copain ne peut pas me voir pour l'instant'. Je ne suis pas
libre."
- "Mais il ne veut pas te voir?"
- "Il ne peut pas, c'est différent. Il a... d'autres obligations."
- "Oh."
Mais Buffy vit bien qu'il n'y croyait pas vraiment. Evidement, dis comme ça,
son couple paraissait en bien mauvaise posture. Mais... elle ne pouvait quand
même pas lui dire qu'Angel était parti à l'autre bout du
monde sans même un vrai coup de fil et qu'il n'allait pas revenir avant...
avant combien de temps d'ailleurs? S'il revenait jamais... Elle avait une impression
de deja-vu très désagréable. Mais ils étaient déjà
arrivé à Lowell House.
- "Je comprends que tu ne veuilles pas en parler," reprit Buddy. "Je
ne t'y forcerai pas. Mais... je veux que tu saches... je suis là."
Ils s'étaient arrêtés devant l'entrée, et Buddy porta
doucement une main à la joue de Buffy. Une autre fois elle se serait
probablement dégagée, mais elle se sentait tout à coup
pleine d'angoisse sur le départ d'Angel, et Buddy était gentil...
pas entreprenant. Juste gentil. "Si tu as besoin de quoique ce soit, même
simplement de parler... je suis là. Je ne comprends pas tout dans ta
vie, et... j'ai du mal à exprimer ce que je ressens des fois, mais..."
- "Ne le dis pas. S'il te plaît." Il baissa les yeux, et elle
enleva lentement la main de sa joue, avant de reprendre. "Tu es gentil.
Vraiment. Mais pour l'instant... tout va bien." Elle sourit un peu quand
il releva les yeux. Il avait plutôt un joli regard. "Bonne nuit,
Buddy."
Elle lâcha sa main, et s'éloigna avec un dernier regard. Buddy
hésita quelques instants, puis rentra dans sa Maison. Bientôt,
elle aurait besoin de lui, il le sentait. Il monta les escaliers pour aller
se coucher, pas complètement satisfait de cette courte entrevue, mais
pas le cur brisé comme il l'avait redouté... Cette nuit,
ces rêves se peupleraient de Buffys en vêtements sexy, et autres
images encore moins catholiques...
De son coté, Buffy repartit en direction de chez elle, en rependant aux
paroles de Buddy. L'entendre dire ça, agir comme si déjà
Angel n'était plus là du tout... c'était comme la forcer
à regarder la réalité en face. Angel n'était plus
là... Sur un risque confus de retour d'Angelus, elle était sans
lui de nouveau... Et ça faisait mal. Elle ne savait pas où il
était, comment il allait, ni quand il reviendrait... elle se mordit la
lèvre inférieure. Les mois à venir allaient être
durs, elle réalisait ça maintenant. Mais heureusement, ils pouvaient
encore se voir dans le Rêve... Alors qu'elle pensait déjà
à aller dormir pour partager le Rêve et ses angoisses avec Angel
(sans savoir qu'elle ne le ferait pas cette nuit, et que le décalage
horaire rendrait par la suite les rencontres plus compliquées et rares),
elle s'arrêta, prise par la surprise. Dans la clairière qu'elle
s'apprêtait à traverser, Spike, une cigarette à la bouche,
discutaient avec deux Mages Noirs.
Malthus étudia les bâtiments qui l'entouraient, et ferma les yeux.
Il y était presque... quelques pas à gauche encore. Il se déplace
sur le coté, et s'arrêta quand il sentit un courant chaud le traverser.
Voilà, il avait trouvé. Il se concentra sur la chaleur, et récita
la formule approprié.
- "Theodore?" finit-il par appeler.
- "Je suis là," répondit une voix douce venu de nulle
part. "Je m'apprête à atterir à Edinburgh."
- "Edinburgh? Tu prenais un avion?"
- "Le Conseil est plus près de Londres, mais tu sais que je ne peux
pas me permettre de me faire remarquer. La télétransportation
était trop risquée, cela demande un flux d'énergie trop
grand, ils auraient pu remarquer. Tu es bien sur un point chaud?"
- "Oui. Qu'est ce que tu crois? Je ne suis pas suicidaire, et j'ai de l'expérience.
J'ai une famille à laquelle je tiens aussi. Si je n'étais pas
sur un point chaud, ils auraient pu intercepter notre conversation."
- "Tu as appris à ton fils à le faire?"
- "Non. Tu sais qu'il lui manque encore de la sensibilité, du sang
humain coule dans ses veines. Et puis on essaye de l'éloigner de tout
ça, et il a encore des hésitations."
- "Si tu tiens vraiment à ce qu'il prenne part à tout ça,
il faudrait l'initier plus vite."
- "Je sais, Theodore, je sais. Dis moi plutôt, tu comptes être
arriver au domaine du Conseil quand exactement? Balthazar va me demander où
tu es demain, je n'en attends pas moins de lui. Ce soir, les Juniors Partners
n'ont pas été directs -pas encore, mais lui n'hésitera
pas à poser la question et à exiger une réponse. Même
s'il n'obtiendra pas la vraie."
- "Je pense y être... demain midi, pour toi. Mais personne ne le
saura." La voix se tut quelques instants, et Malthus comprit que quelqu'un
s'était probablement adressé à Theodore dans la réalité.
"Maltus? Excuse moi. Comment s'est passé ton entrevue?"
- "Ils se doutent de tout. Ils doutent de moi, de nous. Le temps va bientôt
nous manquer. Je dois partir d'ailleurs. Tu sais ce que peut nous coûter
une trop longue conversation."
- "Malheureusement, mon frère en a fait les frais." La voix
s'était faite amère. "Nous n'avons plus qu'à espérer
que le Rêve jouera en notre faveur."
Arrivés à New York, Angel avait la tête pleine de tous les
sujets de conversations que Cordelia avait été capable d'aborder
durant ces 3 heures qu'avaient duré le voyage, mais au moins la situation
était plutôt détendue et la langue cinglante de Cordelia
s'était dirigé vers les autres passagers bruyants (ou au contraire,
souhaitant dormir) plutôt que vers Doyle et lui. Autant dire que Doyle
en avait profité pour se rapprocher d'elle et pour lui parler, permettant
à Angel de se reposer sans dormir.
A peine étaient-ils descendus de l'avion, et à peine Angel commençait-il
à regarder avec Doyle quelle direction ils devaient suivre pour prendre
leur correspondance, que le portable de Cordelia, qu'elle venait d'allumer,
sonnait pour lui annoncer qu'elle avait un message sur sa messagerie vocale.
Machinalement, elle suivit Doyle et Angel dans le dédale de couloirs
alors qu'elle écoutait son message et que son visage se décomposait.
Doyle, attentif à ses moindres mouvements maintenant, revigoré
par son attitude plus sympathique depuis les dernières heures, s'approcha
d'elle.
- "Qu'est ce qu'il se passe, princesse?"
- "Je... Oh, j'en ai marre!!!!" Plus que de la rage, de l'abattement
avaient rempli les yeux de Cordelia. En voyant l'air attentif de Doyle qui continuait
cependant à marcher, elle expliqua, "C'était mon amie Justine.
Mon audition, c'était une blague. Enfin, c'était faux. Une fausse
troupe de théâtre et donc un faux rôle. Pourquoi est ce que
tout s'acharne contre moi?"
- "T'inquiètes pas, princesse. Je suis sûre que ça
va s'arranger, tu vas voir. Tout ne peut pas aller mal tout le temps dans la
vie. Il suffit juste d'être un peu patient, et- On ne le connaît
pas, lui?"
Cordelia leva les yeux et à sa plus grande surprise, constata la présence
de Wesley dans le hall de permutation.
- "Wesley! Angel, c'est Wesley!!"
Angel, qui cherchait maintenant la porte d'embarquement, se retourna et soupira
en voyant Wesley. Combien de personne est ce qu'ils allaient rencontrer comme
ça?
- "Cordelia, on a un vol à prendre."
Mais sans faire attention au vampire, elle se dirigea vers l'Observateur. Son
accablement disparut pour faire place à de l'enthousiasme, et elle ne
fit même pas attention qu'ils étaient à l'aéroport
de New-York, là où son billet s'arrêtait. Doyle resta en
retrait en attendant qu'Angel décide de la bonne direction, mais observa
Cordelia.
- "Wesley! Qu'est ce vous faites là?"
- "Oh, Cordelia. Je... oh, tu es avec Angel? Je... je suis à la
recherche de ma correspondance. Mais je ne suis pas sûre de bien comprendre
ce billet," expliqua-t-il en examinant son billet. "Qu'est ce que
vous faites ici?"
- "Ils vont en Angleterre," résuma Cordelia, et ni Doyle ni
Angel ne la corrigèrent, trop occupés à réfléchir
ou à la regarder, le regard béat.
- "Oh, magnifique, c'est là bas que je vais aussi!! Je vais vous
suivre."
Pendant ce temps, Angel avait compris quelle porte prendre, et se dirigeait
vers elle à grands pas, Doyle sur ses talons. Derrière, Cordelia
les suivit sans faire attention, tout en continuant à faire la conversation
à Wesley.
- "Je viens de découvrir que l'audition à laquelle je devais
aller n'aura jamais lieu. Vous vous rendez compte, même pas une vraie
troupe. Je n'ose pas imaginer pourquoi ils m'ont demandé de venir faire
une audition alors. Qui sait ce qu'il se passe dans les grandes villes... c'est
dingue quand même, dans un pays fasciste comme le notre. Euh, non, attendez,
nous on est les démocratiques, hein?" Wesley approuva. "Je
me disais aussi. Enfin bref. Et vous, pourquoi vous avez atterri là?"
- "Je dois aller retrouver le Conseil, il se passe des choses étranges
là bas et on a besoin de moi," expliqua Wesley, beaucoup plus fier
dans son objectif qu'il ne l'était avant de pouvoir en parler à
qui que ce soit.
Angel était arrivé au comptoir, et sortait les billets. Wesley
l'imita, et se présenta au comptoir à coté de lui, tandis
que Cordelia continuait de lui faire la conversation. Derrière le comptoir,
un jeune homme aux cheveux blonds, avec un badge qui annonçait 'Riley',
prit les billets.
- "Euh, donc, vous- je ne crois pas que ce soit à moi de vérifier
votre identité pour quitter le pays. Normalement c'est les types après
qui le font... enfin, je crois. Je suis désolé, c'est mon premier
service tout seul, d'habitude j'ai quelqu'un qui peut m'aider... Enfin bref.
J'aurais besoin de pièces d'identité s'il vous plaît..."
Angel lui tendit la fausse carte qu'il s'était fait faire, et Doyle sortit
la sienne. Pendant ce temps, Riley se débattait avec un ordinateur qui
bipait visiblement plus qu'il ne marchait, et avec les billets d'avion qu'il
confondait avec les reçus. Devant, Angel s'impatientait.
- "Ecoutez, on a une correspondance à attraper. Si jamais vous nous
la faites rater..."
- "Oui, pardon, pardon. Je suis désolé. C'est..."
- "Votre premier service tout seul. On a compris," répliqua
Cordelia, avant de reprendre la fil de ses paroles avec Wesley.
- "Bon, allez y, allez y. Euh, vous êtes bien trois, c'est ça?"
En voyant le regard qu'Angel lui lançait, Riley préféra
se taire et laissa Angel et Doyle passer. Il s'apprêtait à demander
une pièce d'identité à Cordelia quand l'ordinateur se remit
à biper, et qu'un téléphone sonna. Il répondit tout
en essayant de faire taire la machine, et Cordelia passa, appelant Doyle pour
lui demander ce qu'il pensait des pratiques religieuses à Hollywood,
franchement.
- "Madame..."
Puis il abandonna. Elle connaissait les gens, visiblement, et il lui semblait
avoir vu trois billets pour Dublin, ça devait être bon. Tout en
répondant à son collègue, il jeta un rapide coup d'il
à la carte de Wesley, à son billet. Trop tracassé par son
ordinateur, et pas assez attentif, il ne fit pas attention que le billet, bien
qu'il soit aussi de American Airlines, était normalement prévu
pour aller à Londres, et non pas à Dublin.
Une fois qu'il fut passé, Wesley rattrapa rapidement le petit groupe
devant, ravi d'avoir trouvé des compagnons de voyage. Et puis, avoir
Angel pas loin ne pouvait pas être une mauvaise chose, surtout si la situation
au Conseil était aussi critique que William Collins semblait le dire...
Ils embarquèrent dans l'avion sans encombre, et allèrent s'asseoir
au fond, là où Angel espérait déranger le moins
de gens en les priant de laisser leurs volets fermés. Ce ne fut qu'en
s'installant qu'il réalisa que Cordelia et Wesley les accompagnaient
réellement, mais ne prit pas la peine de se renseigner plus. L'idée
de partir aussi loin de Buffy l'angoissait, et encore plus l'idée de
voyager dans un transport aussi exposé à la lumière du
soleil. Il s'assit dans son fauteuil, attrapa le dernier livre de Sartre qu'il
avait entamé, en laissant ses trois acolytes s'installer à coté
de lui.
Une vingtaine de minutes plus tard, une voix envahissait l'avion alors que les
portes de celui-ci se fermaient et que la machine se mettait en marche.
- "Mesdames et messieurs, bienvenue à bord du vol 7856, en provenance
de Chicago, et à destination de Dublin. Veuillez accrocher votre ceinture,
le décollage s'effectuera dans quelques instant. Une démonstration
des services de sécurité va vous être faite dans l'allée
centrale, nous-"
- "Pardon," fit Wesley en se tournant vers Doyle, "mais... le
capitaine s'est trompé, n'est ce pas? Il a indiqué que nous allions
à Dublin... notre réelle destination est bien Londres, je ne me
trompe pas?"
- "Bien sûr que si," répondit Doyle le plus simplement
du monde. "Cet avion va à Dublin. Il n'y a rien d'étonnant
à ça. Vous pensiez vraiment partir à Londres??"
A coté, Cordelia réalisa à son tour qu'elle était
en train de quitter New York, et les Etats-Unis.
- "Euh... quoi, quoi?? On part où??"