~~~~Part 55~~~~


Quelque part au-dessus de l'Atlantique.
La nuit promettait d'être agitée.
- " Je ne devrais pas être là !! Vous ne comprenez pas, je ne pourrai jamais devenir célèbre si je reste bloquée sur une petite île de barbares !! Tu ne pouvais pas me le dire ?? " reprocha-t-elle à Doyle en lui tapant l'épaule. " C'est pas vrai !! Je veux revenir en Californie ! Ils vont m'obliger à porter de la peau de mouton là-bas !! "
- " Cordelia, ça suffit, tu déranges tout le monde " murmura Doyle.
- " M'en fiche, veux pas y'aller… " dit-elle en faisant la moue.
Doyle ne put s'empêcher de la trouver irrésistible. Il aimait cette gamine insupportable, il en était sûr à présent. C'était bien la poisse. La dernière fois qu'il avait réellement aimé une femme, ça ne s'était pas vraiment bien terminé. Et Cordelia n'était pas le dernier des défis…
Devant eux, Wesley et Angel étaient en pleine discussion :
- " Bon, mettons à profit le temps perdu. Voici mes théories sur les Mages Noirs. Elles n'en sont encore qu'au stade d'hypothèses, mais je compte bien les vérifier une fois arrivé à Londres ".
- " Wesley, vous ne croyez pas que ce soit risqué de retourner au Conseil après tout ce qui s'est passé ? "
- " Il le faut si nous voulons découvrir la vérité. Mr Giles ne peut quitter Sunnydale, ce que je comprends aisément. Mais il est de mon devoir d'agir pour découvrir la vérité ".
Angel ne put s'empêcher de sourire devant le ton héroïque de la réplique. Wesley était bien tout sauf un héros.


Tapie derrière un arbre, Buffy tentait de capter la conversation de Spike avec les deux Mages Noirs. Elle n'aimait pas beaucoup voir Spike fricoter avec ses ennemis mortels du moment. Surtout que le vampire la connaissait trop bien à son goût. Ses habitudes, ses points faibles…, le vampire faisait partie depuis bien trop longtemps du décor. Malgré ses efforts, elle ne parvenait à discerner que quelques bribes du discours. Elle finit par s'approcher plus que de raison.
- " Les Rolling Stones, y'a que ça de vrai mec ! Crois-moi ! " dit l'un des hommes en noir et blanc.
- " Faut arrêter votre délire sur ces antiquités ! Marylin Manson, ça ça décoiffe ! Terrible le style de ce type, il a tout compris à la vie ! " proclama l'autre.
- " C'est à désespérer de tout ! " se lamenta Spike. " Vous me faîtes pitié, allez jouer ailleurs ! Et virez-moi ces tenues ridicules, vous les sortez d'où ? De l'armoire de mamie ? "
- " C'est un humain qui nous les a refilé. A tout bien réfléchir, j'sais pas s'il était humain. Enfin, il avait l'air. Mais un truc chez lui te disait de faire gaffe. Enfin, il nous a donné les fringues et a dit que c'était cadeau. Spécial Halloween quoi. Que c'était tendance, et que bientôt on verrait ça partout. C'était pour être dans le coup tu vois."
- " Et ça vous suffit pour les mettre ? " demanda Spike incrédule.
- " Ben ouais pourquoi ? " demandèrent les deux autres vampires.
- " C'est bien ce que je disais, désespérant… " acheva Spike en s'éloignant à grands pas.
- " Hé mec, pars pas !! T'as pas dit ce que tu pensais de Britney Spears !! "


Buffy avait décidé de ne pas assister à la discussion entre ses parents. Elle ne tenait pas à entendre les explications de son père, lequel était visiblement venu pour s'immiscer de nouveau dans leurs vies pour quelque obscure raison. Il avait pourtant demander plusieurs fois à Joyce de la convaincre lors de son coup de fil matinal, mais Buffy ne voulait rien entendre. Joyce n'avait pas insisté plus que ça, comprenant les griefs légitimes de sa fille envers son ex-mari. Elle ne tenait pas non plus particulièrement à cette rencontre mais Hank l'avait presque supplié à l'autre bout du téléphone. Il semblait vraiment désolé de la tournure qu'avaient prises les choses par le passé, et désirait refaire partie de leurs vies. Bien sûr, avec le temps et beaucoup de patience s'était-il empressé d'ajouter. Joyce ne croyait pas la chose possible mais n'avait pas voulu lui enlever tout espoir ; le ton de sa voix était déjà suffisamment ému. Et elle n'avait pas un caractère particulièrement rancunier.
Toutes à ses pensées, elle venait de passer devant la galerie. Elle travaillait de façon irrégulière ces derniers temps, souvent obligée de prendre du repos dû aux complications sans gravité que provoquait son état à un certain âge. Hank devait passer chez elle à 14h, ça lui laissait toute la matinée pour faire ses commandes. C'était parfait.


- " Salut Buffy ! Bien dormie ? "
- " Hey Faith, je ne t'ai pas entendu rentrer. "
- " C'est l'avantage d'avoir les clefs, je me faufile partout ! Xander vient de partir chez les pompiers, et me retrouver seule chez ses parents, ce n'est pas le rêve ! Je ne travaille pas aujourd'hui, alors me voilà ! Pas fait trop de rêves étranges cette nuit avec les deux hommes de ta vie ! " dit elle en plaisantant.
- " Ca ne me fait pas rire. Deux pour le prix d'un, ça fait beaucoup à la fois. En plus, ils sont arrivés en même temps, tout un programme ! "
- " Bon, Ok Buddy n'est pas super excitant, mais il est gentil ".
- " Depuis quand tu prends sa défense ?? C'est nouveau ? "
- " C'est ma B.A. du matin ! Qu'est-ce que tu veux, je suis très comme ça moi, tu savais pas ? "
Les deux jeunes filles se regardèrent un instant et éclatèrent de rire.
- " N'empêche que t'as raison, il est sympa. Mais je le trouve un peu collant. Et je ne sais pas comment me comporter avec lui. Avec son air énamouré, il me met mal à l'aise. Je ne voudrais pas qu'il aille s'imaginer des choses ".
- " C'est un mec, B. Il ne peut être que collant et s'imaginer des choses, surtout si tu lui dis celles qu'il ne veut pas entendre. Ils ont un don pour ça. "
- " Non, Angel ne n'est pas comme ça. Ni Xander d'ailleurs à ce que je sache. "
- " Ouais, mais ce sont des cas à part. Angel n'est pas vraiment un gars normal (" a regular joe " ndlr) et Xander a grandi à tes côtés. Ca explique pas mal de choses. "
- " J'aimerais qu'Angel soit là " murmura simplement Buffy.
- " Je sais B., mais il sera bientôt rentré ".
- " Non, je ne crois pas. J'ai l'impression qu'il va rester absent longtemps. Je le vis mal, la solitude est tellement lourde à porter. Je suis heureuse que maman soit discrète sur le sujet, il faut dire que sa grossesse occupe la plupart de ses pensées, mais elle est vraiment cool sur ce point. "
- " Ta mère ne pose pas beaucoup de questions, elle est super pour ça. J'aurais aimé que la mienne soit comme elle. "
- " Pas besoin, tu en as trouvé une maintenant. " lui répondit gentiment Buffy.
- " Merci B., j'apprécie ".
Buffy leur servit du jus d'orange frais et proposa des pancakes à Faith, qui se laissa tenter même après le petit-déjeuner qu'elle venait de prendre avec Xander.
- " Au fait, tu as vu Iwachi ? " demanda Buffy
- " Hier soir elle s'est éclipsée en douce. Ta mère lui avait proposé de rester dormir ici, mais elle a répondu qu'elle préférait la solitude, et elle est partie avec un petit sourire. J'adore cette femme, une vraie énigme ! "
- " Tu penses qu'on la reverra bientôt ? "
- " Oh oui, elle n'est jamais loin ! "
- " Bonjour Faith. "
- " Salut Giles, le nez encore dans vos bouquins ? "
- " Oui, je suis les conseils de lecture d'Iwachi. Cette femme est incroyable, elle a des idées sur tout et des sources inépuisables. Elle m'a même procuré une édition introuvable regroupant des écrits… "
Il avait disparu dans le salon, un pancake dans une main et un livre dans l'autre, après avoir décrit machinalement un cercle autour de la table de la cuisine.
- " Ca lui arrive de décrocher des fois ? "
- " Je me demande. Il est comme ça depuis qu'il s'est levé, il écume le stock de bouquins d'Iwachi. C'est un vrai gosse ! "
Giles venait de refaire irruption dans la cuisine :
- " Un pancake ? Je ne mange jamais de pancake… Buffy, tu n'aurais pas fait du thé ? " demanda Giles d'un air distrait.
- " Non Giles, il n'y en a plus. Mais je peux vous en faire d'autre si vous voulez ".
- " Hum, merci. Tu m'appelles quand c'est chaud… "
- " Le téléphone. Giles !!! Téléphone !!! " cria Buffy. " Vous êtes devant et ça sonne ! Hou-ou !! Je rêve, il n'entend rien… "
- " J'y vais B. "
Faith se leva en faisant crisser sa chaise. Interpellé par le bruit, Giles réagit d'un coup comme sortant de sa bulle et attrapa le combiné.
- " Le téléphone… ah oui. Allo ? "
- " Il a bu hier soir ? " demanda Faith.
- " Un peu oui. Il a dû avoir un réveil difficile ".
- " Willow ? … oui ça va… Quoi ?… comment ça s'est passé ?… D'accord…oui… je préviens Buffy… tu veux… bon…là-bas… merci ".
- " Giles, qu'est-ce qu'il se passe ? " demanda Buffy inquiète.
- " Willow vient d'apprendre… ton ami Buddy a eu un accident. Il a fait un arrêt cardiaque sur le terrain de basket à l'université. Il a été transporté d'urgence à l'hôpital " expliqua Giles.
- " Dur … " résuma Faith.
- " C'est grave ? Dans quel état est-il ? " demanda Buffy.
- " Je ne sais pas, il faudrait que tu lui rendes visite. Mais attends ce soir, il doit encore être en observation ".


- " Tu crois qu'il va s'en sortir ? " demanda Tara à Willow alors qu'elles sortaient de leur cours de civilisation de la Grèce Antique.
- " Je l'espère. Buddy est bien jeune pour mourir d'une attaque cardiaque. "
- " Malheureusement il n'y a pas d'âge pour ça. J'ai connu une personne qui n'a même pas eu la chance d'aller jusqu'à l'hôpital. Le pire dans le cas de Buddy sont les séquelles que ça pourrait engendrer ".
- " Je dois aller le voir ce soir avec Buffy, tu veux venir avec nous ? "
- " Pourquoi pas, si ça ne vous dérange pas ".
- " Tara voyons, nous déranger ? Mais tu es une amie, tu ne dérangeras jamais ".
- " Merci Willow. Heu… Oz est encore à Sunnydale ? "
- " Non, il est reparti il y a une heure environ. Un concert à donner ce soir à Monterrey. Je commence à trouver le temps long " dit-elle à regret.
- " Vous vous aimez, c'est le principal " la consola Tara.
- " Oui, mais j'ai l'impression que l'éloignement nous sépare un peu plus à chacun de ses départs. Ca me fait peur. J'aime sincèrement Oz, et lui aussi j'en suis sûre, mais nous ne partageons plus que des moments volés. J'ai peur que ça ne puisse pas continuer comme ça longtemps ".
- " Et que comptes-tu faire ? "
- " Je ne sais pas, peut-être le suivre de temps en temps. Je ne suis pas d'une utilité cruciale pour Buffy ces temps-ci, et je pourrai participer aux recherches lorsque je reviendrai. Et pour les cours ce ne serait pas un problème, je compte sur toi pour noter les principaux… Enfin si tu n'y vois pas d'inconvénient ".
- " N-non, bien sûr… Tu… tu vas partir alors ? "
- " Juste une semaine par ci par là, rien de bien méchant. Je n'ai encore rien dit à Oz, je veux lui en faire la surprise lors de sa prochaine visite " expliqua Will radieuse. " Ahh !! J'ai mal ! " cria-t-elle en plaquant ses mains contre son ventre.
- " Willow, qu'est-ce que tu as ?? Appuies-toi sur moi, on va aller s'asseoir sur le banc là-bas. Willow, ça va ? " demanda Tara paniquée.
- " Oui… ça va mieux. J'ai eu comme un coup de poignard dans le ventre, je ne comprends pas. C'est sans doute un truc que je n'ai pas digéré au petit-déjeuner, le lait ou l'orange, je ne sais pas ".
- " C'est bizarre… Ca t'est déjà arrivé ? "
- " Non jamais. Ne t'inquiète pas , ce n'est rien du tout " la rassura Will avec un sourire. Pourtant, elle ne pouvait refouler le mauvais pressentiment qui s'était emparé d'elle.


- " Non Cordelia, on ne peut pas aller dormir dans un 4 étoiles ! Au cas où tu n'aurais pas saisi, on est en mission ici, et pas en vacances. D'ailleurs lequel d'entre nous aurait les moyens de payer la chambre ? " lui fit remarquer Doyle.
- " Pas moi en tout cas, ce n'est pas à la femme de payer. Quoi qu'il en soit, je refuse d'aller dormir chez ce Stanley Bruggle ".
- " Et pourquoi ça ? "
- " Qui peut bien savoir qui il est ? Toi ? Ah bravo, si c'est un de tes amis on est bien avancé !! On va encore dormir avec des animaux grouillants ! "
- " La ferme Cordelia, tu me fatigues. Tu ne pourrais pas te remettre en mode sympa comme tu étais programmée pendant le vol ? " la rembarra Doyle.
- " Je pourrais en dire autant de t… "
- " Ca suffit les enfants, vous avez assez joué. Chacun reprend son ballon et va de son côté " intervint Angel. Il calmait ses nerfs avec peine.
Doyle et Cordélia le regardèrent sans comprendre.
- " Angel, t'es malade ? " lui demanda Cordelia.
- " Oui, et vous êtes mes virus. Tu sais, le genre qui marche par paire et qui ne s'arrête qu'en te laissant pour mort ! Vous ne cessez jamais de vous chamailler, ça devient plus qu'insupportable. On va éclaircir les choses une fois pour toutes ! "
- " Heu Angel, tu crois vraiment que c'est le moment ? Il fait nuit, on est en plein centre de Dublin, entourés d'étrangers qui nous observent et il commence à pleuvoir… "
- " Et ?? " Angel lança une œillade assassine à Doyle.
- " Et… je t'en prie, continue " s'inclina le demi-démon.
- " Vous savez tous que j'aime la solitude et le calme ? Bon. Je n'ai rien contre de la compagnie de temps en temps, surtout quand elle est agréable. Mais vous deux, vous me gâchez la vie ! "
- " Techniquement… " commença Cordelia, aussitôt stoppée par le regard noir qu'Angel lui décocha.
- " Cordélia, tu es une peste. Intelligente, mais une peste quand même, pourrie gâtée, capricieuse et sans réel but dans le vie que de poursuivre des chimères. Doyle, tu es un demi-démon alcolo, amoureux fou d'une fille snob qui ne voit pas ce qu'elle perd, et incapable de lui avouer ses sentiments autrement qu'en la suivant partout. Vous êtes deux gamins qui jouent à cache-cache, et ça vous soulagerez de vous trouver un de ces jours. J'ai fini ".
Doyle et Cordélia baissèrent les yeux, gênés. Angel avait vu juste, et ils n'osaient rien répondre à cela.
- " Je ne voudrais pas faire retomber l'ambiance, mais pourrait-on se diriger vers la maison de ce monsieur Bruggle pour trouver un abri pour la nuit ? " demanda Wesley.
- " Bien dit Wesley. Doyle, tu nous montres le chemin ? Ce n'est pas que j'ai froid, mais vous vous allez peut-être sentir l'humidité au bout d'un moment " fit remarquer Angel.
- " Ouais, c'est par là ".

- " Buffy Summers, je suis une amie de Buddy Finpaker, il a été admis ce matin dans cet hôpital.
- " Voyons voir… ah oui, chambre 55, au fond du couloir à droite. Faîtes doucement, les visites ne sont autorisées que dans le silence, le jeune homme est inconscient. "
- " Comment va-t-il ? Il va se réveiller bientôt ? " demanda Willow à l'infirmière assise derrière le comptoir.
- " Je suis désolée, je ne peux donner des informations médicales sur le patient qu'aux membres de sa famille. Si j'avais leur accord… " s'excusa la jeune femme.
- " Ok, on comprend. Merci. "
Willow, Tara et Buffy se dirigèrent jusqu'à la chambre 55, frappèrent doucement à la porte et entrèrent avec précaution dans la pièce faiblement éclairée où Buddy gisait inconscient sur le lit.
- " Ca me rappelle beaucoup de mauvais souvenirs " murmura Buffy qui se trouva égoïste de penser à elle en cet instant.
Willow le remarqua :
- " Je sais que tu détestes les hôpitaux Buffy, nous ne resterons pas longtemps "
- " Pardon, on est là pour Buddy. Mais je ne peux pas m'empêcher de revoir Faith si mal en point par ma faute, et d'autres images… Suffit, je suis là, pas de problème. Oh Buddy " poursuivit-elle comme si elle venait de prendre conscience de sa présence " il a l'air vraiment d'être dans un sale état ".
- " J'aurais bien aimé savoir quand même s'il va se remettre… "
Willow fut interrompue par l'arrivée d'un couple d'une quarantaine d'années, qui s'avança surpris vers les trois jeunes filles.
- " Bonjour mesdemoiselles, j'suis monsieur Finpaker et voici mon épouse. Et vous êtes ? "
- " Willow, Tara et Buffy, des amies de votre fils. Nous allons ensemble à l'université de Sunnydale " présenta Will en serrant la main aux nouveaux venus.
- " Enchantée mesdemoiselles, j'suis heureuse d'voir qu'mon fiston a des amies qui viennent lui rend'e visite. Sûr qu'i s'rait content d'vous voir ".
Buffy et Tara se regardèrent, prises d'une soudaine envie de rire. L'accent de madame Finpaker était tellement prononcé que la situation portait vraiment au comique. Elles tentèrent de se ressaisir non sans peine. Willow avait demandé s'ils connaissaient exactement l'état de santé de leur fils, et le père prit la parole :
- " Les médecins ont dit qu'i z'étaient pas très optimistes, dû aux cailloux qu'i z'avaient localisés dans la tête du p'tit. Disent que plus tôt i's'réveillera, mieux ça s'ra pour sa cervelle. Mais… mais s'lon eux, y'a déjà eu des dégâts graves ". M. Finpaker ne put poursuivre, sa voix était brisée par les sanglots.
- " Le docteur dit qu'il a de nombreuses fractures mais qu'ça guérira. Le plus grave, c'est la tête, toute une partie qui est restée déconnectée trop longtemps qu'il a dit. Manque d'oxygène. Not' Buddy, on est même pas sûrs qu'i va s'réveiller… ". Mme Finpaker éclata en pleurs dans les bras de son mari.
- " On ne va pas vous déranger plus longtemps. Merci de nous avoir donné des nouvelles de Buddy, mais vous voulez probablement rester seuls avec lui. Nous repasserons le voir un autre jour. Vous n'habitez pas Sunnydale ? " demanda Willow.
- " Non, nous avons pris une chambre dans un motel. Ca va êt'e dur de laisser la propriété plusieurs jours, mais on n'a pas l'choix. Et pis, on connaît personne ici à part les docteurs, c'est pas facile. " expliqua M. Finpaker.
- " Tenez, voici mon numéro de téléphone. Si vous avez besoin, n'hésitez pas " leur dit Willow en leur tendant un petit bout de papier.
- " Merci jeune fille, vous êtes bien aimable. Not'Buddy a d'la chance " fit Mme Paker avec gratitude.
- " Y'a pas de quoi. Bonsoir ".
Après les avoir salué, Will, Buffy et Tara quittèrent l'hôpital direction la maison Summers où devaient les attendre Joyce pour le dîner et Faith pour la patrouille du soir.
- " Ouh, quel accent ! J'avais complètement oublié que Buddy arrivait de la campagne, ça surprend. Surtout que lui il n'en a quasiment pas ! " s'exclama Buffy.
- " Oui, j'ai bien cru que vous alliez craquer toutes les deux, on aurait eu l'air malignes ! " les gronda Will.
- " Désolée Willow " s'excusa Tara, " mais les hôpitaux me rendent nerveuse. Ils me rappellent la mort de ma mère. Et les nerfs poussent à certaines réactions… "
- " Ta mère est décédée ? " demanda Buffy.
- " Oui, il y a peu de temps. Mais je ne tiens pas à en parler "
- " Ok, pas de problème ".
Arrivées à la maison, elles trouvèrent Joyce aux fourneaux en train de mitonner des petits plats. Pourtant, elle avait l'air maussade.
- " Salut maman ! Encore une journée productive ? "
- " Buffy, il faut qu'on parle. "
- " Hum… de quoi ? " demanda-t-elle distraite, le doigt dans la casserole.
- " Tu sais que j'ai vu ton père ce matin ".
- " Ah oui, c'est vrai. J'avais oublié ".
- " Il faudra quand même qu'on en parle ".
- " Là ? Tout de suite ? "
- " Ce sera fait. Tu me suis en haut ? "
- " Ok. Will, tu surveilles les plats ? "
- " On va faire attention de ne rien laisser cramer ! " lui répondit Willow avec entrain.


Installées dans la chambre de Joyce, celle-ci entreprit d'expliquer la situation à sa fille.
- " Tu sais chérie, je crois que cette fois ton père a vraiment envie de se rapprocher de toi. Ca n'a pas marché avec cette femme qu'il comptait épouser cet été, il est très malheureux et voudrait retrouver sa famille ".
- " Mais nous ne sommes plus sa famille maman. Will, Xander, Giles, Angel et les autres, voilà ma famille. Et la tienne aussi. Et ce bébé " rajouta-t-elle en désignant le ventre de sa mère.
- " Oui, je lui ai expliqué ".
Joyce revoyait la scène. La mine peinée de Hank, les rides de son front, la fatigue de ses traits. Un homme miné.
- " Je sais que nous ne re-construirons plus jamais rien ensemble " lui avait-il dit, " mais je ne peux pas t'oublier Joyce ".
- " Hank, tu es déraisonnable. C'est une vaine tentative et tu le sais. Nous n'avons rien à faire ensemble, tu es malheureux et tu veux retrouver ce que tu as perdu, mais ça ne sert à rien. Ca ne marcherait pas. De plus, je suis enceinte Hank ".
- " Enceinte ? Mais comment ? Je veux dire de qui ? "
- " Peu importe, cela ne t'avancerait à rien de savoir qui est le père. Tout ce que je peux te dire, c'est que c'est un homme bien, qui aime Buffy et est très présent dans sa vie et qui prendra soin de moi. Tu n'as pas de soucis à te faire. Mais la place est prise. "
- " Mais vous êtes ma vie ! "
- " Et c'est maintenant que tu t'en aperçois ? Soyons sérieux, c'est le désespoir qui te fait parler et rien d'autre. Tu sais, Buffy a bien grandi, elle t'en veux de nous avoir abandonnées sans nouvelles, tu auras du mal à l'approcher. "
- " Mais c'est ma fille ! "
- " Et tu considères que tu as rempli auprès d'elle ton rôle de père ?? "
- " Non, sans doute pas comme il aurait fallu m… "
- " Et bien elle ne sera une fille modèle non plus. "
- " Et… comment va-t-elle ? Je veux dire, sa vie, ses études, … ses problèmes ".
- " Quels problèmes ? " demanda Joyce innocemment
- " Tu sais, ces sorties qui nous opposaient, le fait qu'elle n'en fasse qu'à sa tête, qu'elle soit distante parfois, effrontée… "
- " Ca va mieux. Elle a de très bons amis qui l'aident à surmonter les évènements de sa vie ".
- " Ceux qui étaient là hier soir ? "
- " Oui, exactement ".
- " J'aurais aimé les rencontrer ".
- " Il faudra demander à Buffy si toutefois tu restes à Sunnydale quelques jours, mais dans tous les cas ça me paraît un peu tôt ".
- " Et… les garçons ? Elle aimait déjà beaucoup sortir… "
- " Tu veux savoir si elle a un copain ? "
Hank acquiesça de la tête.
- " Oui, elle en a un de régulier, depuis maintenant pas mal de temps ".
- " Et je pourrais le rencontrer aussi ? "
- " Non, il ne vit plus à Sunnydale. C'est une histoire compliquée, Buffy t'expliquera si elle le souhaite ".
- " Il est sérieux au moins ? "
- " Je ne dirais pas que c'est une relation sans danger, mais je leur fais confiance ".
Hank ne savait pas bien ce qu'il devait comprendre par là, mais il n'insista pas. Il se doutait que Joyce n'en dirait pas beaucoup plus.
- " Je vais rester à Sunnydale quelque temps. Voilà l'adresse de l'hôtel où je suis descendu. Si Buffy accepte de me rencontrer, j'aimerais beaucoup discuter avec elle, comme un père et sa fille ".
- " Je pense que tu n'es pas au bout de tes peines, mais soit, je vais essayer de la convaincre. Mais si elle refuse, tu dois me promettre de ne pas insister plus et de repartir. Buffy a d'autres soucis en tête ".
- " Des soucis ? Elle a des problèmes ? "
- " Disons des responsabilités ".

Buffy avait écouté le récit de sa mère en silence. Bien que Joyce ait répondu ce qu'il fallait à son père, Buffy n'avait aucune envie de discuter avec lui.
- " Tu devrais vraiment essayer une fois chérie. Je sais que ce qu'il a fait est impardonnable. Il a fui ses responsabilités de père, il n'a aucun tact et encore moins de sensibilité, mais je crois qu'il souffre réellement. Il se sent seul et se rend compte qu'il n'y a personne autour de lui qui l'aime. A nos âges, ça compte ".
- " Peut-être. Je vais réfléchir. S'il est encore là dans quelques jours, s'il n'a pas encore disparu, alors je lui parlerai ".
- " C'est bien. "

Joyce et Buffy redescendirent et trouvèrent la table du salon dressée, Willow et Tara surveillant toujours la cuisson dans la cuisine. Faith apparut quelques minutes après, et toutes passèrent à table sans attendre Giles, lequel avait prévenu qu'il ne passerait pas ce soir. Au milieu du repas, le téléphone sonna.
- " J'y vais " dit Faith en se levant.
Quelques secondes après, elle revint dans le salon.
- " C'est pour toi Red. C'est ta mère je crois. "
- " Ma mère ? Pourquoi est-ce qu'elle m'appelle ici ? "
Will alla à la cuisine et en revint quelques minutes plus tard, le visage blafard et les yeux dans le vide.
- " Will ? Will ?? Tu m'entends ? " demanda Buffy en gesticulant devant son amie.
- " Je… je ". Willow ne put pas en dire plus et s'effondra sur le sol, inconsciente.
- " Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Buffy, je la monte dans ta chambre ? "
- " Oui, merci Faith. Je vais vite appeler chez elle pour savoir ce que sa mère lui a dit ".
Joyce et Tara la suivirent dans la cuisine. Buffy eut Mme Rosenberg au téléphone, laquelle lui répéta la nouvelle qu'elle avait apprise quelques minutes avant. Buffy, livide, raccrocha le combiné.
- " Il y a eu un accident sur la voie rapide. Un bus scolaire… des voitures… un camion… et puis un incendie. Oz est mort. Il est resté bloqué dans le van " annonça-t-elle avec peine.


Installés chez Stanley, les 4 voyageurs veillaient tard avec leurs hôtes. Cordelia et Wesley tombaient de sommeil suite au décalage horaire, mais s'efforçaient de faire bonne figure. Ce n'est que tard dans la nuit qu'ils se couchèrent enfin. Stanley et son épouse Shirley étaient navrés de ne pouvoir leur offrir plus qu'un petit salon pour quatre, mais leur appartement était vraiment petit. Ils posèrent des couvertures et des matelas de fortune sur le sol, et laissèrent à Cordelia le soin de s'installer sur ce qui tenait lieu de sofa.
- " Je savais bien que les conditions seraient spartiates " commença Cordy dès que le couple fut parti.
- " Tu ne vas pas remettre ça… " renchérit Doyle.
- " Non, non, je ne critique pas. Bon, pour une nuit, je pense que je peux m'y faire. Et puis ils sont sympas. Non, vraiment ! Ils n'ont pas grand chose à offrir et pourtant ils le font de bon cœur. Je n'avais jamais vu ça. C'était très différent à Acapulco ou dans les autres endroits où j'allais en vacances ".
- " Alors tu ne critiques pas, c'est bien vrai ? " demanda Doyle surpris.
Les deux jeunes gens tentaient de ne pas faire trop de bruit, pour laisser dormir Wesley et pour ne pas importuner Angel. Doyle s'était couché par terre à côté du sofa.
- " Non. Pourquoi, ça paraît si incroyable ? "
- " Ben… oui. C'est pas non plus une critique tu sais, juste une constatation " se reprit Doyle.
- " Bon d'accord, je sais que je ne suis pas toujours facile à vivre. Mais toi non plus ".
- " J'admets. "
- " Bon, alors on est copains ? "
- " Ouais, on est copains. "
Soudain, Cordélia lui balança avec vigueur son oreiller dans la tête :
- " Alors qu'est-ce que c'est que cette histoire de démon ?? " cria-t-elle tout bas.
- " Quel démon ?? "
- " Angel a dit que tu étais un démon ! Je n'ai pas relevé sur le coup, mais tu croyais quand même pas que j'allais oublier !! "
- " J'aurais préféré " dit Doyle presque imperceptiblement.
- " Et pourquoi ça ? Pourquoi mentir ? "
- " Parce que tu aurais levé les yeux sur moi en sachant ça ? " demanda-t-il malheureux.
Cordelia sembla réfléchir un instant.
- " Non, sans doute pas. Mais de toutes façons, je ne vois pas où aurait été la différence "
- " Merci Cordelia, c'est encore ça de pris dans les dents. Bonne nuit ".
- " Oh Doyle, je ne voulais pas être méchante, je t'assure. C'est plus fort que moi, ça sort tout seul. Pardon ".
- " J'ai entendu pardon ?? Cordelia, c'est toi ? "
- " Oh ça va, je sais m'excuser même si ça m'arrive rarement ".
- " J'apprécie le geste à se juste mesure. Bonne nuit Cordelia ".
- " Bonne nuit ".
Cordelia se recroquevilla sur le sofa, puis demanda de nouveau :
- " Doyle ? "
- " Hum ? "
- " C'est vrai ce qu'a dit Angel ? "
- " Quelle partie ? "
- " La partie… type amoureux d'une fille snob "
- " Tu es un peu snob, c'est vrai, tu dois le reconnaître… "
- " Non, pas ça. Je veux dire : amoureux. "
- " Ah ça… "
- " Alors ? "
- " Bah, je me le suis avoué il y a peu, alors autant que tu le saches toi aussi. Oui, il a raison, l'attirance physique du début a évolué… enfin tu vois, c'est … oui, heu… ce qu'il a dit. Bonne nuit Cordelia " s'empressa-t-il de conclure, tournant le dos au sofa.