Struggle

Partie 1
Partie 2

Partie 3
Partie 4
Partie 5
Partie 6


Note: Je voudrais dédicacer cette partie à Khalid et Over, qui se sont gratté le cerveau pour chercher toutes les solutions possibles et inimaginables de la suite de Struggle. Vous m'avez impressionnée, bravo :)


La fin du rendez-vous avait été étrange. Le docteur n'avait pas semblé remarquer qu'Angel ne disait plus rien, plus occupé à informer Buffy sur les différents examens qu'il allait lui faire passer, puis ensuite à les lui faire. A la réflexion, la fin du rendez-vous avait été sans doute plus dure pour Buffy, obligée de paraître normale alors que tout s'était brusquement écroulé, à l'aide de quelques mots seulement. A moins qu'elle n'est été trop amorphe pour agir autrement? Elle laissa McPherry faire les prises de sang, répondit automatiquement aux questions, et puis la fin du rendez-vous arriva, et elle se retrouva dans la position la pire dans ce genre de situation: sans plus rien à faire, sans plus personne à qui obéir, le silence d'Angel prenait tout à coup tout son poids et toute sa douleur.
Ils marchaient ensemble vers la voiture, dans la chaleur de l'été californien, cote à cote comme d'habitude, pourtant c'était comme s'il y avait eu un fossé énorme entre eux deux. Buffy en aurait pleuré, tant elle sentait cette distance qui s'était installé entre Angel et elle, tant elle s'en voulait d'être incapable de parler, de trouver les bons mots. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien dire? Mais qu'est ce qu'elle pouvait bien dire?

- "Tu n'as qu'à prendre la voiture," dit tout à coup Angel. "Je vais aller à pied jusqu'au manoir. Il faut que je récupère quelque chose."

Il parlait avec une sorte de fatalité, et elle ne put s'empêcher de penser qu'il allait partir et ne plus revenir. Elle ne voulait pas qu'il s'en aille, alors qu'ils n'avaient pas échangé un mot, alors qu'elle se sentait tout à coup sale, honteuse, qu'elle ne savait plus quoi faire.

- "Angel, ne dis pas n'importe quoi. C'est trop loin."

Ce n'était même pas la peine de lui faire remarquer que le manoir était désert et qu'il n'y avait absolument rien à récupérer là-bas.

Ils avaient atteint la voiture, mais Angel la dépassa, visiblement décidé à partir à pied. Buffy était tellement surprise qu'elle en resta muette, debout à coté du véhicule sans faire un geste. Angel ne pouvait pas faire ça, pas partir comme ça, pas réagir comme ça. Et pourtant, bien sûr que si... Elle crut un instant qu'elle pleurait, mais ce n'était qu'un sentiment de tristesse immense qui l'avait envahi alors qu'elle le regardait s'éloigner pas à pas. C'était comme le soir de la journée de graduation... Finalement elle réagit, incapable de le laisser partir comme ça, courut jusqu'à lui et lui attrapa le bras pour le forcer à lui faire face. Alors qu'il baissait ses yeux sur elle, elle sentit que sa mâchoire se mettait à trembler tant la peur et la tristesse s'accumulaient. Le regard d'Angel ne paraissait pas fâché, même pas énervé. Il y avait juste au fond de ses yeux comme une petite lueur d'accablement fatale, de désespérance infinie, et elle sentit une larme couler le long de sa joue rien qu'en voyant ces yeux là, le chagrin intérieur de celui qu'elle aimait tant.

- "Non, Angel, tu ne pars pas," murmura-t-elle en secouant négativement la tête. La phrase aurait pu être autoritaire, mais elle sonnait plutôt comme une supplication, comme un appel au secours.

- "Buffy, ça ira."

- "Non, ça ne va pas!" La tension dans sa voix était montée d'un cran, en même temps que la souffrance de le voir si triste et si neutre en même temps, et elle serra son bras un peu plus fort. "Angel, ne pars pas comme ça. Tu ne peux pas," continua-t-elle dans un murmure.

- "J'ai dit que ça irait, Buffy," répondit-il.

Sa voix était devenu plus dure, et il se dégagea d'un violent mouvement. Puis il se retourna et continua de s'éloigner à pied sans rien ajouter. Quelques instants, Buffy resta debout là où il l'avait laissé, alors que ses yeux finissaient de s'emplir de larmes.

- "Angel! Ne pars pas. S'il te plait."

Sa voix se cassa sur les derniers mots, alors qu'une autre larme roulait le long de sa joue. Devant Angel s'était arrêté, comme hésitant. Puis il se retourna et revint vers elle pour lui faire face.

- "Buffy, tu sais ce que ça veut dire. Tu sais comme moi. Ce bébé que tu portes, ce n'est pas le mien."

- "Alors quoi?" cria-t-elle à travers ses larmes. "Tu abandonnes? Tu lâches tout à cause de ça?!"

Elle ne réalisait même plus vraiment ce qu'elle disait. Elle revit dans un éclair Sean, le visage fin de Sean et la façon qu'il avait de la serrer contre lui, et leurs nuits passées ensemble, puis elle ferma les yeux et elle pouvait encore sentir le toucher des doigts d'Angel sur sa joue... Ca ne pouvait pas arriver. Aussi gentil que Sean avait pu être, il n'était rien... rien comparé à Angel. Ses paroles lui échappaient parce qu'elle ne pouvait même pas concevoir d'attendre un enfant de Sean, mais elle comprit l'ineptie de ses paroles quand Angel releva les yeux sur elle. Bien sûr qu'il pouvait abandonner à cause de ça. Bien sûr qu'il n'avait plus aucun droit et aucune affinité avec cette histoire.

- "Je ne voulais pas dire ça," murmura-t-elle.

*Mais je ne veux pas que tu partes...* Tout semblait si confus maintenant. Elle ne pouvait pas supporter l'idée qu'il allait repartir, qu'ils allaient être séparés à nouveau, c'était ce qui la terrifiait le plus. Mais surtout elle s'en voulait, elle se sentait mal de penser que ce petit être qu'elle chérissait maintenant n'avait aucun lien avec Angel, elle se sentait coupable d'avoir aimé être enceinte, d'avoir aimé sentir que quelque chose avait changé en elle. Mais est ce qu'elle pouvait lui dire ça, à lui, à lui dont le cœur venait d'être brisé?
En face, le regard d'Angel était devenu plus noir, et il saisit les bras de Buffy, comme s'il s'apprêtait à la secouer. La douleur et la rage qui l'envahissait n'était même pas dirigé vers elle, plutôt contre les éléments qui l'avaient tant fait espéré ces dernières semaines pour rien, contre les Powers-That-Be, peut-être, pour toujours rendre les choses si douloureuses, et il avait besoin de exprimer cette colère.

- "Buffy, est-ce que tu as la moindre idée?" demanda-t-il d'un ton dur. "La moindre idée de ce que c'était pour moi que tu portes notre enfant? Est ce que tu sais que j'y ai pensé des jours entiers, sans jamais en parler à personne parce que j'étais vampire et que c'était une chimère? Est ce que tu imagines le nombre de fois où je te regarde en bénissant le ciel de bien avoir voulu t'avoir amené à moi finalement? Tu sais ce que ça représentait pour moi de tenir dans les bras notre enfant? De le serrer contre moi avec toi? De le regarder et de le voir rire et d'apercevoir dans ses yeux cette lueur qui fait briller les tiens? C'était plus encore qu'un rêve. En tout cas le plus grand que j'ai peut-être jamais eu depuis que je te connais. Je t'aime plus que personne n'a jamais pu aimé..." Sa voix s'était radoucie et teinté d'une pointe de désolation. "J'aurais juste voulu que ce soit vrai, Buffy."

Une larme coula la joue de Buffy, alors que la tristesse et la résignation avait de nouveau fait place à l'agressivité dans les yeux d'Angel. Ils se firent face comme ça quelque minutes, en silence, puis Angel essuya d'un geste doux une autre larme qui roulait sur le visage de Buffy, et se tourna de nouveau pour s'éloigner.

- "Angel, ne pars pas." Une fois encore, il se retourna. Buffy avait effacé les traces d'humidité sur ses joues du plat de sa main et s'approcha de lui, plus sûre d'elle maintenant. "D'abord, tu crois que tout ce que tu viens de dire n'est pas vrai pour moi aussi? Tu crois vraiment que ça ne compte pas pour moi que ce soit toi le père plus qu'un autre? Ça ferait longtemps que je serais maman alors, Angel. Je n'ai jamais voulu vraiment être enceinte, parce que je savais que ce serait des problèmes en plus de toute façon. Hello, je suis la Tueuse! Mais là... ce bébé que j'attends est une partie de toi, et c'est pour ça que je me suis battue contre Travers. Que je n'ai pas lâché le morceau. Pas parce que c'était *mon* bébé. Parce que c'était *notre* bébé."

Angel sourit, très tristement.

- "Buffy, tu as loupé une étape. Ce n'est pas mon bébé. Même amoureux, les vampires n'ont pas encore le don de créer la vie à distance."

Buffy marqua un silence. Il avait raison... elle déglutit avec difficulté, et s'approcha, l'air résolu.

- "Angel... Je sais que c'est dur, je sais que c'est décevant. Je... j'avorterais. Si c'est encore possible. Je ne veux pas- On commence à peine notre vie ensemble, je commence vraiment à aimer Danny, et je ne veux pas que tout soit gâché par... une erreur de ma part, ou appelle ça comme tu veux. Je... c'est juste difficile pour moi. C'est difficile parce que je commençais à aimer cette idée de-d'avoir quelqu'un en moi. Mais... si c'est la solution, alors je le ferais."

- "Je ne veux rien t'obliger à faire."

- "Mais tu le feras, même sans le vouloir. Mais ce n'est pas grave. C'est normal. Je voudrais juste... que tu restes avec moi. Que tu fasses tout avec moi. Parce que... ce n'est pas facile."

- "Je serais là."

Elle s'approcha et prit sa main dans la sienne, en gardant les yeux baissés sur le goudron. Il prit son autre main et ils restèrent quelques instants immobiles, l'un en face de l'autre, sans se regarder et sans parler. Puis ils se dirigèrent vers la voiture.

- "C'est bizarre, tu sais..." commença Buffy, la voix basse. "Comme si... comme si quelque chose n'était pas normal. Avant, je... je sentais qu'il était toi. Je ne sais pas comment l'expliquer, ni comment le dire, mais... je le sentais. Et maintenant... je le sens toujours. Il ne parle pas, il n'a probablement aucune conscience, et je ne sais même pas si son cerveau est complètement formé, mais... il me dit ça. Il me dit qu'il est une partie de toi. C'est comme, je le sens comme toi. D'une façon indéfinissable, mais je le sens."

Sans rien ajouter d'autre, elle s'installa sur le siège du passager, et porta son regard vers l'extérieur, vers le ciel. Elle était incapable d'expliquer la vague de tristesse qui l'emplissait alors que la voiture démarrait et qu'elle portait une main à son ventre.


***********


Giles leva à peine les yeux de son livre quand il entendit de le son de la clochette, car il savait que Tara était là pour s'occuper du client. L'ouvrage qu'il feuilletait, centré sur les Tueuses, l'intéressait bien trop pour qu'il ne le quitte pour la personne qui venait d'entrer. Il attendait bien l'arrivée de Willow pour qu'elle l'aide dans ses recherches, mais il savait que c'était elle qui avait passé la porte, elle le saluerai. Au bout de quelques instants, cependant, Tara s'approcha de lui.

- "Giles… le monsieur ici voudrait savoir si on a les Chroniques Noires. Est ce qu'on a reçu le nouvel exemplaire dans la dernière livraison?"

Giles cligna des yeux et sortit du texte sumérien qu'il lisait pour regarder Tara, puis l'homme qui se tenait à coté d'elle, un peu en retrait. Ce dernier était habillé d'un costume noir d'homme d'affaire visiblement très riche, et Giles se demanda un instant quelle société à Sunnydale pouvait avoir l'argent de payer à ses employés de tels complets.

- "Les Chroniques Noirs… attendez, je vais vérifier."

Il se leva et s'avança vers une étagère de livres, pour en sortir un ouvrage noir et argenté quelques instants plus tard. Il revint vers Tara et Lindsey, avec un sourire.

- "Voilà. C'est la nouvelle édition, ils ont retiré quelques formules, mais c'est toujours un ouvrage de référence."

Lindsey prit le livre que Giles lui tendait avec un sourire dissimulé et le feuilleta un instant. C'était comme aller à Angel Investigations pour demander aux deux acolytes d'Angel de l'aide pour tuer l'ex-vampire… Il releva les yeux sur Giles, l'air satisfait.

- "Très bien, je pense que c'est ce qu'il me faut."


**********


Le trajet s'était passé sans aucune allusion à la visite chez le médecin, et quelque part Buffy se sentait de plus en plus triste. Elle savait pourtant qu'en parler lui aurait fait encore plus mal, mais... c'était un sentiment inexplicable. Ils s'étaient mis d'accord pour ne rien dire aux autres tout de suite, de jouer le jeu encore un jour ou deux, le temps d'avoir décidé du rendez-vous, et Buffy envisageait le meeting au Magic Box avec appréhension. Elle ne se sentait pas la force de mentir, pas la force de sourire, pas la force de partager l'enthousiasme des autres. Quand ils arrivèrent au magasin de magie une demi-heure plus tard, ils n'eurent de toute façon pas le temps d'adopter une attitude quelconque. Willow, qui avait rejoint Tara et Giles au magasin, se précipita vers eux, avec cet air animé qu'elle avait toujours quand elle avait fait une découverte.

- "Buffy! Giles a trouvé un super livre sur les Tueuses!"

- "Bonjour quand même, Willow," fit Buffy. Elle sourit faiblement, quand même touché par l'animation de son amie.

- "Coucou!" fit Willow avec un grand sourire. "Tu vas voir, tu vas être surprise."

*Je crois surtout que j'ai eu mon taux de surprise pour la journée...* Buffy jeta un coup d'œil à Angel, comme pour lui signifier qu'elle ne se sentait vraiment pas la force de jouer le jeu, mais il lui serra la main un peu plus fort en lui lançant un regard déterminé. Ils ne devaient pas lâcher, pas maintenant. Ils devaient être forts... comme ils l'avaient toujours été.

- "Je ne sais pas comment j'avais pu oublié cet ouvrage… je l'avais déjà feuilleté avant mais je n'avais pas repensé à le regarder à nouveau," fit Giles en s'approchant du couple. Il leva enfin les yeux et leur sourit gentiment. "Bonjour. Comment allez-vous?"

- "Ca pourrait aller mieux," répondit simplement Buffy. En croisant de nouveau le regard de Willow, puis celui de Giles, Buffy se sentit de nouveau mal à l'aise. Comment est ce qu'elle allait pouvoir leur dire que ce bébé n'était pas d'Angel? *N'y pense pas. Ne pense pas à Sean...* Elle essaya de prendre l'air enthousiaste. "Qu'est ce que vous avez trouvé d'extraordinaire dans votre bouquin?"

- "Plein de choses," commença Tara qui s'était approchée du groupe, et qui avait pris la main de Willow. "Par exemple, on sait que tu n'es pas la 1ère Tueuse à être tombée enceinte."

- "Ah bon?" fit Buffy, sincèrement étonnée. "Je croyais que j'étais la seule Tueuse à avoir exigé d'avoir le droit à une vie normale à coté du devoir de Tueuse…"

- "En tout cas, c'est déjà arrivé deux fois auparavant," fit Willow.

- "Il y a très peu de détails sur le père de l'enfant à chaque fois," expliqua Giles en s'installant à la table, imité ensuite par tous les autres. "Tellement peu en fait, que je me demande s'il y en a un."

- "Il ne vous font pas des cours de biologie en Angleterre?" fit Buffy. "Parce que sans père, c'est comme qui dirait 'biologiquement impossible', vous savez."

- "Ce serait comme l'immaculé conception?" demanda Angel.

Ne plus penser à la visite chez les médecins... se concentrer sur les trouvailles de Giles, Tara et Willow était la meilleure façon pour y arriver. Buffy s'en servait pour essayer de plaisanter, comme si ça avait pu la rassurer, effacer les heures passées et ses mauvaises nouvelles, alors qu'Angel s'obligeait à y réfléchir, à occuper ses cellules grises à quelque chose pour qu'elles ne dérivent vers le sujet du bébé. Il ne pouvait déjà plus poser son regard sur le ventre de Buffy sans avoir l'impression que sa poitrine allait éclater de douleur, et le seul moyen de ne pas y penser, c'était de raisonner.

- "C'est à ça qu'on a pensé en premier," approuva Tara.

- "Mais on pense pas que ce soit très probable," continua Willow, "en tout cas y a peu de chance, tu sais, parce qu'apparemment le Conseil s'est opposé à ces grossesses, comme Travers s'est opposé à la tienne, tu sais. Si c'était quelque chose comme l'immaculé conception, quelque chose dont la Tueuse ne serait que victime, ça n'aurait servi à rien de l'accuser."

- "De plus, il paraît très improbable que ce soit les Powers-That-Be qui ait cherché à mettre la Tueuse en danger comme ça. En tout cas, si le livre ne parle pas beaucoup des pères, ils sont précis au niveau des dates. La première Tueuse à avoir porté la vie vivait en 1780, et la deuxième… c'était il y a deux générations," expliqua Giles, en se tournant vers Buffy.

- "Celle… celle dont la mort a provoqué l'appel de la Tueuse qui précédait Buffy?" demanda Angel.

- "Précisément," répondit Giles.

- "Et… qu'est ce que son bébé est devenu à sa mort?" Buffy redoutait la réponse, mais il fallait qu'elle pose la question. Brusquement à cette idée, sa conscience semblait avoir oublié que la question ne se poserait plus pour elle. "Il… il n'est jamais né, hein?"

Giles enleva ses lunettes.

- "Si, il est né," répondit Willow doucement. "En un sens, c'est déjà bien, parce que ça n'a pas été le cas du premier bébé. La Tueuse de 1780 est morte avant sa naissance."

- "Il y avait une prophétie sur l'enfant de la Tueuse. Celle d'il y a deux générations. Son enfant s'appelait Ilian, et aurait du être un des Guerriers les plus puissants à notre époque, plus robuste encore que la Tueuse, plus fort encore que le vampire avec une âme... Mais il est mort avant de souffler sa première bougie."

- "Il avait été mis sous la protection de l'Observateur quand sa mère est morte, mais quelques jours plus tard ils ont été massacrés à leur tour, par des démons qui avaient retrouvé sa trace et qui connaissaient la prophétie," finit Tara.

- "Tout ça c'est pas terrible, hein?" constata Buffy d'une petite voix. "Que le bébé meurt avant ou après la naissance, on en arrive au même point."

- "Oui, mais tu as un avantage," nota Willow. "Les autres Tueuses étaient solitaires. Toi, tu nous as nous."

- "Et je serais là pour te protéger," finit Angel.

Elle tourna son regard vers lui, surprise quelque part, et comprit qu'il parlait d'une façon générale, pas du cas précis dans lequel ils étaient... elle aurait voulu dire quelque chose, faire un geste, mais n'y arriva pas.

- "Angel et Willow ont raison," reprit Giles, et Buffy reporta son attention sur son Observateur. "Et maintenant que nous savons ce qui est arrivé aux autres, nous allons pouvoir agir en fonction de ça. On ne relâchera pas notre vigilance après la naissance, et on fera attention à tous les démons susceptibles de s'attaquer à l'enfant."

- "Ca n'inclut pas tous les démons, ça?" fit Buffy.

- "Il y a certains démons qui réfléchissent plus que d'autres, qui peuvent être au courant de la présence du bébé, qui peuvent vouloir s'en servir, ce sont de ceux-là dont il faut se méfier," expliqua Tara.

- "Bien sûr, ce sera plus facile quand on saura si ton bébé est l'objet d'une prophétie ou s'il possède des attributs spéciaux. En attendant, mieux vaut considérer que oui et être prudent."

- "D'accord," approuva Buffy, enregistrant doucement chaque information.

- "On a aussi appris quelque chose d'autre," reprit Tara, et les regards de Buffy et Angel se tournèrent vers elle. "Votre bébé n'est pas tout à fait normal."

- "Hein?" fit Buffy, qui se sentait tout à coup attaquée. A entendre tout le monde parler comme si rien n'était différent, elle finissait par croire ce qu'elle souhaitait de tout son cœur: que rien n'avait changé, et elle se rendit compte avec douleur qu'elle ne supportait pas l'idée que le bébé ait quelque chose d'anormal. *Pourquoi est ce que je t'aime tant déjà, petit bout?* "Mais le médecin a dit qu'il avait l'air en bonne-"

- "Oh, non, il se porte sans doute très bien," la rassura Giles. "C'est juste qu'il est en hyper développement."

- "Hyper développement?" répéta Buffy, incrédule. Tout se brouillait de nouveau dans son esprit.

- "Ca veut bien dire qu'il se développe plus vite que la moyenne, n'est ce pas Giles?" fit Angel sur le coté. Les connections dans son cerveau se faisaient plus vite qu'il n'était capable de suivre.

- "Voilà."

- "Ca veut dire que la grossesse est accélérée?" continua Angel, une trace d'emballement dans la voix. Il comprenait, il comprenait...! Et pourtant une partie de lui n'osait pas y croire, une partie de lui n'osait pas dire ce qu'il pensait, n'osait même pas regarder Buffy.

- "Oui, c'est la conséquence directe pour l'instant," confirma Giles, en rehaussant ses lunettes, sans comprendre pourquoi Angel montrait subitement un fond d'enthousiasme.

Buffy avait compris à son tour, et ses yeux s'agrandirent d'espoir.

- "Donc, ça veut dire que si je suis enceinte depuis seulement un peu plus d'un mois, le bébé aurait l'air plus vieux que ça," fit-elle, la voix rapide et les yeux posés sur Giles, à la recherche d'un appui de sa part.

- "C'est ça," approuva l'ex-bibliothécaire, sans comprendre pourquoi ils insistaient tellement.

Buffy et Angel se sourirent, et Angel s'approcha pour entourer Buffy de ses bras depuis derrière, et embrassa doucement son cou. Elle ferma un instant les yeux, soulagée, incapable de croire à ce qu'ils lui annonçaient. *Tout va bien... Petit bout, tout va bien...* La peur tout à coup envolée. Buffy porta une main à son ventre, alors que les autres les regardaient avec un sourire, sans réellement comprendre leur attitude. *C'est bon...* pensa Angel. *Tout va bien... c'est mon enfant... oh mon dieu, c'est bon...* Il posa sa main sur celle de Buffy, entrelaçant leurs doigts. Puis ils se jetèrent un coup d'œil rasséréné, avant de relever les yeux sur Giles qui continuait.

- "Je n'ai pas encore réussi à déterminer si c'est le bébé lui-même qui est en hyper développement, ou si c'est le fait que tu sois la Tueuse qui enclenche ce phénomène, ce qui pourrait devenir primordial à la naissance. Si c'est le bébé aussi, cela voudrait dire qu'il y a plus de chance pour qu'il soit spécial, comme Ilian l'était."

- "D'ailleurs on a essayé de le savoir en regardant les quelques documents qu'on a pu trouver sur Ilian, mais... Ilian est mort trop tôt," dit Willow. "Il avait apparemment plus de capacités que les autres bébés, mais personne n'a clairement déterminé si c'était parce qu'il était très intelligent, surdoué, ou parce qu'il avait une croissance accélérée..."

- "Visiblement la Tueuse et l'Observateur de l'époque ont limité le plus possible les visites chez le docteur. On ne sait pas trop pourquoi, peut-être pour ne pas attirer l'attention sur eux... mais du coup, on n'a pas d'informations médicales sur ce bébé, parce qu'ils ne s'y connaissaient pas vraiment..."

- "Qu'est ce que ça changerait, concrètement, que ce soit parce que c'est moi, ou parce que c'est lui?" demanda Buffy, de nouveau attentive à la conversation, et se sentant tout à coup beaucoup moins vulnérable, serrée dans les bras d'Angel et de nouveau la vague de bien-être qui se balançait en elle.

- "Si c'est lé bébé la cause," expliqua Tara, "il y a de grandes chances pour qu'il continue à se développer plus vite que la moyenne à sa naissance. Si c'est parce qu'il est porté par toi, par la Tueuse, alors il reprendra une croissance normale à la naissance, un-un peu comme dans le mythe des Hypolites dans la dimension du 4ème roi." Elle remarqua que les regards s'étaient posés sur elle et rougit insensiblement. "J'ai beaucoup étudié les dimensions parallèles."

- "En tout cas," fit Willow, "le taux d'accélération est de 2. Donc ta grossesse ne durera que 4 mois et demi au lieu de 9. Ca précipite drôlement les choses."

- "C'est plutôt une bonne chose, non?" dit Angel. "Ca veut dire que le danger que tu sois vulnérable sera beaucoup moins long."

- "Oui, c'est l'intérêt principal," acquiesça Giles. "A combien de semaines est ce que tu en es, Buffy?"

- "Je ne sais pas exactement. Je veux dire, officiellement, 6, je crois... Mais le docteur a dit que le bébé est formé comme un bébé de plus de 11 semaines."

- "A peu près trois mois, ça collerait," fit Willow.

- "Ca veut dire que tu as déjà passé presque un tiers de ta grossesse, sans problème majeur, c'est quelque chose de très bien. Mais maintenant il va falloir commencer à être plus prudent," remarqua Giles.

- "Mais ça risque de poser un problème pour les médecins, non?" réalisa Buffy. "Je veux dire, ils vont se rendre compte de quelque chose… aujourd'hui le docteur a juste mis la date de conception deux mois trop tôt, mais après…"

- "Après tout les médecins c'est pas très important," nota Willow. "Je veux dire, ils vont trouver ça étonnant que tu donnes naissance à un bout de chou, euh à un bébé, de 6 mois et demi sans qu'il n'est aucun problème de prématuré, mais après tout on voit un peu de tout de nos jours… Quoique, un bébé de 6 mois et demi bien formé..."

- "Le plus important, c'est que tu recalcules toutes les dates importantes," continua Tara, "celles des échographies et des examens médicaux à passer, et bien sûr celle de l'accouchement pour ne pas être surprise."

- "Et il faudra peut-être que tu essayes d'aborder la question de l'hyper développement avec ton médecin," finit Giles. "J'ignore si c'est quelque chose qui peut vraiment arriver à un bébé, mais ce serait intéressant d'avoir son avis. De plus ça nous permettra de réfléchir à la position qu'il faudra prendre devant le monde médical à la naissance de ce bébé qui leur semblera prématuré."

Buffy sourit, les bras d'Angel toujours autour d'elle, touchée par l'attention qu'ils lui portaient tous.

- "Depuis combien de temps est ce que vous réfléchissez à tout ça?" demanda-t-elle avec un sourire. "En tout cas, je recalculerais. Enfin, tu m'aideras, hein," ajouta-t-elle en se levant la tête vers l'ex-vampire. "Déjà que le docteur me perd un peu avec tous ses examens et ses rendez-vous prévus et possibles, alors si en plus il ne faut pas y aller le jour qu'il a dit, je vais être complètement perdue. Comme au lycée quand le cours de maths portait sur les suites arithmétiques."

- "Estimes-toi heureuse," fit Willow avec un grand sourire. "Xander était *toujours* perdu en maths. Il n'a jamais été très doué avec les maths dans leur totalité, il bat tous les records de nullité."

- "Il a entendu!" fit Xander en entrant dans le magasin, sourire aux lèvres. "J'ai fini pour aujourd'hui avec les petits monstres et les histoires de méchants magicien. Salut tout le monde, comment allez-vous?"


***********


D'un coup d'épée, le chevalier en chemise blanche fit tomber le démon cornu, puis lui sauta dessus à pieds joints pour l'achever.

Fabrizio considéra un instant les deux figurines, puis releva le méchant doucement. Lindsey était parti 'faire quelque chose pour le travail, tu ne peux pas venir, Brizio'. Le petit garçon serra les dents en repensant à la scène. Il avait tout fait pour que son père l'emmène avec lui… Ce n'était pas beaucoup lui demander, non? Ne pas le laisser une soirée de plus tout seul avec sa mère alors que lui allait faire quelque chose d'autre. Pour le travail? Quel genre de travail vous embêtait juste lors d'une balade sur le port, en pleine matinée? Quel genre de travail vous obligeait à travailler plus tard que huit heures le soir? Fabrizio ne comprenait tout simplement pas. Il voulait que son père s'occupe plus de lui, il aurait même été assisté à une réunion entre avocats si ça avait pu lui permettre d'être assis avec son père. Mais Lindsey n'avait rien voulu entendre. Alors Fabrizio avait un peu crié, et il était monté dans sa chambre. Il n'avait pas allumé la lumière, il s'était juste assis dans la pénombre. C'était stupide, parce que son père n'en avait sûrement rien à faire d'avoir gâché sa soirée, et sa mère était toute seule en bas du coup, mais il ne se sentait pas d'humeur à faire la conversation de toute façon.

Il posa les yeux sur ses figurines par terre. Ses deux favorites. La première était un guerrier en chemise blanche et en pantalon noir, qui tenait une grande épée au pommeau d'argent, que Fabrizio avait fièrement nommé Lindsey. *Fièrement, tu parles.* On lui avait offert à son dernier anniversaire, en Août, alors que sa mère avait commencé à lui parler régulièrement de son père. Parce qu'il le voulait... Et puis, coïncidence de la vie, c'était quelques mois plus tard qu'Amanda avait retrouvé la trace de Lindsey. Fabrizio pouvait encore se souvenir de tous les rêves qu'il avait fait sur son père à l'époque. Il l'avait imaginé grand, fort, et toujours gentil, toujours là pour eux, comme si tous leurs ennuis avaient pu s'effacer par la simple arrivée de cet homme dans leur vie... Et puis il était là maintenant, tout seul dans sa chambre, à regarder la figurine qui portait le nom de son père avec amertume. Lindsey n'était ni grand, ni fort, ni là pour lui. Il n'était pas méchant, il n'avait rien de désagréable, si ce n'était le fait que son travail comptait plus que sa famille, mais il n'était en aucun cas le père extraordinaire que Fabrizio avait rêvé en regardant les quelques photos de Lindsey sur un voilier qu'Amanda avait bien voulu lui montrer.

Le petit garçon reporta son attention sur les figurines. Celle que 'Lindsey' combattait régulièrement était une sorte de monstre, un démon orange avec quatre cornes sur le devant de la tête ; ses mains -peut-être aurait-on du dire pattes- se prolongeaient en de longues griffes, et sa bouche entrouverte laissait entrevoir deux canines pointues. Fabrizio s'était toujours demandé quel genre de monstre sa figurine était. Après que Ben lui ait raconté qu'il existait des bêtes avec des dents énormes qui mordaient les gens, les vampires, Fabrizio avait été demandé à sa mère si sa figurine était un vampire. Amanda n'ayant pas su répondre, il avait déclaré que sa figurine devait être un vampire, et c'était maintenant comme ça qu'il l'appelait chaque fois qu'il la faisait combattre. Le 'vampire' était très fort, comme un super héros -mais chez les monstres- et 'Lindsey' était le seul à pouvoir le vaincre. Bien sûr 'Lindsey' ressortait toujours victorieux de la bataille, mais des fois il arrivait que le 'vampire' morde Lindsey. Aujourd'hui le combat avait été difficile, 'Lindsey' saignait et il était passé très près de la mort. Au dernier moment pourtant, Fabrizio avait décidé de faire gagner 'Lindsey'. Il ne savait pas pourquoi. Il voulait qu'il arrive quelque chose à son père, quelque chose qui le fasse changer, qui le fasse s'occuper de lui...

Il se leva, prit les figurines et alla les remettre sur son étagère, 'Lindsey' juste à coté de son lit. Combien de fois avait-il rêvé de voir son père combattre des vrais monstres comme ça? Combien de fois avait-il rêvé de le voir super héros, quand il n'était qu'un avocat bien habillé, élégant et droit dans son costume?


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ATTENTION: la scène suivante est une scène classé R, "pouvant contenir des éléments adultes, comme une scène à caractère sexuel explicite." (cela dit, on est encore loin du NC-17; pour plus d'information, consultez www.filmratings.com) Vous aurez été prévenu. Si vous souhaitez passer cette scène, cliquez ici.

Angel tourna doucement la poignée, et entra dans la salle de bains. Il l'avait vu y rentrer quelques minutes plus tôt… Buffy se retourna en l'entendant, surprise, et lui sourit. Elle portait toujours sa longue robe bleu primevère, elle n'avait pas changé depuis le moment où ils étaient rentrés, mais il y avait quelque chose dans l'atmosphère, dans son attitude qui la rendait encore plus belle. Peut-être un scintillement dans les yeux, ou peut-être la lumière de la salle de bains, ou encore le contour en mosaïque du miroir qui répondait au bleu de la robe… Angel l'ignorait, mais il se sentait submergé par sa beauté. Lentement, sans un mot, il s'approcha d'elle et l'embrassa. C'était leur premier baiser depuis le rendez-vous du médecin. En sortant de chez Giles, la tête encore pleine de toutes les nouvelles informations, ils s'étaient contenté de se serrer longuement dans les bras l'un de l'autre. C'était tout ce dont ils avaient eu besoin. Se rassurer l'un l'autre, être près l'un de l'autre. Maintenant c'était différent…

Il l'embrassa longuement, l'entourant de ses bras, effleurant de la langue son palais, s'imprégnant de son goût, caressant sa langue avec la sienne. Elle se laissa faire, le serrant contre elle comme si elle avait pu ne faire plus qu'un avec lui.

- "Qu'est ce que tu faisais?" finit-il par lui demander, le visage à quelques centimètres du sien.

Mais sa voix n'était qu'un chuchotement, comme s'il avait craint de briser quelque chose, ce silence intime.

- "J'allais me changer pour aller patrouiller. Je pensais récupérer mon haut blanc que j'avais mis à laver, et puis je..." Elle s'arrêta, et considéra son reflet dans le grand miroir. Angel leva aussi les yeux sur la glace, et passa doucement la main sur le ventre de Buffy, qui esquissa un sourire. "Justement, je trouvais... enfin, j'avais l'impression que..."

- "Ton ventre commence à s'arrondir," murmura Angel. Il était passé derrière elle maintenant, et embrassa son cou.

Buffy n'ajouta rien, se contentant de baisser les yeux sur la courbe de son ventre, en souriant légèrement. Angel caressait doucement son ventre, et elle ressentit soudain le besoin de retrouver ses lèvres. Elle se retourna pour lui faire face et l'embrassa dans le silence de la pièce, avec plus de ferveur encore que la première fois. Elle glissa ses mains sous son pull, puis sous son pantalon, le rapprochant d'elle plus encore, incapable de contenir la passion qui s'était emparée d'elle. La tension montait lentement dans la pièce, et Angel descendit sa main qui caressait le dos de Buffy à sa cuisse, dans un lent mouvement.

- "La patrouille peut attendre," déclara Buffy hâtivement, dans un murmure, brisant le baiser.

- "Où est Danny?" interrogea précipitamment Angel dans un dernier effort de lucidité.

- "En bas, il regardait la télé," répondit Buffy aussitôt.

Il ne leur en fallut pas plus. En continuant de s'embrasser, ils sortirent de la salle de bains, riant quand Angel tenta d'éteindre la lumière et qu'il fit tomber trois tubes de shampoing, qu'il essaya de les ranger le plus vite possible et qu'il n'arriva qu'à faire tomber deux serviettes en plus, et finirent par atteindre leur chambre, qui était plongée dans l'obscurité. Buffy ferma la porte, et à peine se retournait-elle que déjà Angel l'embrassait de nouveau. Elle répondit au baiser, plus désireuse encore de le sentir près d'elle. Le début d'après-midi avait été bien trop chargé en émotion, pour elle qui se sentait déjà d'humeur très changeante ces derniers jours, et la simple pensée que tout aurait pu être brisé si le médecin avait eu raison rendait les caresses d'Angel encore plus précieuses et agréables... Elle avait envie de lui plus que jamais. Elle voulait sentir la chaleur de son corps contre le sien, le sentir en elle, danser avec lui dans cette chambre, et pouvoir le garder près d'elle à jamais... Elle laissa glisser ses mains jusqu'à son pantalon, et commença à le déboutonner tout en continuant à l'embrasser. A ce moment, Angel cessa doucement le baiser.

- "Buffy, tu es sûre que... je veux dire, comme tu es-"

Buffy posa un doigt sur sa bouche, l'empêchant de terminer, puis le regarda dans les yeux.

- "Angel, fais moi l'amour," murmura-t-elle, les yeux toujours levés sur lui.

Ils se fixèrent du regard quelques secondes, puis il souleva délicatement son menton et l'embrassa, un baiser doux et passionné à la fois, et tout en portant de nouveau ses mains au niveau de la braguette du pantalon, elle se laissa presser contre le mur, s'abandonnant à la sensation de bien-être qui l'envahissait.

Les mains d'Angel caressaient lentement son dos, et bientôt il fit descendre la fermeture éclair de la robe, enlevant ensuite d'un geste tendre les bretelles de ses épaules. La robe glissa sans bruit jusqu'au sol, alors que les lèvres d'Angel embrassait maintenant la naissance de son cou, là où il l'avait un jour mordue. Alors qu'il traçait avec ses lèvres le contour tenace de la cicatrice, les souvenirs revinrent à Buffy, et l'envie de se donner à lui se fit de plus en plus insistante. Elle dénuda son torse en lui retirant son pull, le faisant passer par dessus sa tête, et embrassa sa peau nu, avant que leurs lèvres ne se rejoignent à nouveau. Une fois que le pantalon d'Angel eut rejoint la robe et le pull, ils se dirigèrent vers le lit. Angel dégrafa le soutien-gorge de Buffy, lentement et sûr de lui, parfaitement conscient de l'effet que ses caresses avaient sur elle, puis l'allongea sur le lit et se pencha pour l'embrasser, se couchant sur elle.

La caresse des doigts de Buffy était inoubliable ; chacun de ses baisers le plongeait un peu plus dans un nuage de sérénité, chacune de ses étreintes lui faisait croire en un paradis ; le toucher de ses mains était doux et délicat, et il adorait la sentir jouer avec les mèches de sa nuque ; il embrassa son nez, son front, son oreille, et ses lèvres de nouveau ; ses seins étaient doucement pressés contre sa poitrine, sensation euphorique de la sentir sous lui. Et pour Buffy, les sensations était plus ineffables encore... Sentir Angel caresser sa poitrine, prendre doucement ses seins dans ses mains ; le laisser embrasser chaque partie de son visage et de son corps comme s'il n'y avait pas de lendemain ; respirer son parfum ; sentir sa peau contre la sienne, ses muscles se contracter ou se détendre à son toucher ; céder à sa douceur et laisser le plaisir prendre toute la place dans son esprit ; enfin abandonner le monde, la peur et le doute, pour s'oublier dans ses bras, c'était se noyer dans un océan qui ne pouvait la tuer.

Angel quitta son caleçon, et Buffy ne put s'empêcher de gémir de plaisir en sentant le sexe dur contre ses cuisses. *Oh mon dieu, et dire qu'il y a une époque où on aurait jamais du aller si loin...* D'un geste fébrile, il enleva la petite culotte qui restait, et elle entoura sa taille de ses jambes alors qu'il remontait ses mains pour lui caresser les seins, Il laissa sa main droite glisser le long du bras gauche qu'elle avait étendu, entrelaçant ses doigts avec ceux de la main gauche de Buffy. Elle soupira de délectation alors qu'il embrassait son omoplate, gémissant de nouveau quand il redescendit sa main vers le bas-ventre, pendant qu'il souriait de contentement, ses lèvres sur les siennes. Il était incapable de décrire la jouissance qu'il avait de l'entendre satisfaite, mais il savait que c'était pour ça qu'il accordait de l'importance aux préliminaires... Il gémit à son tour alors que les caresses de Buffy se faisaient plus enhardies et qu'elle l'embrassait, lui mordant doucement la lèvre.

- "Angel... oh, Angel...maintenant..." murmura-t-elle dans un souffle.

Elle l'embrassa de nouveau, leurs deux langues se caressèrent, alors que les doigts s'entrelaçaient toujours. Avec une douceur inimitable, sans pour autant refreiner la vague de désir qui le prenait au plus profond de lui, il la pénétra, alors qu'un sourire se dessinait sur les lèvres de celle qu'il aimait, et qu'elle soupirait de plaisir de le sentir enfin en elle.


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En bas, Danny regardait avec attention la télévision, captivé par les images du documentaire sur le développement des sources d'énergie non-polluantes en Europe. Bien sûr la télévision n'était pas une grande découverte pour lui, son foyer en avait toujours eu une, et celle-ci était celle qu'Angel avait à l'Hyperion Hotel, mais c'était la première fois qu'il pouvait autant la regarder. Au foyer, autant qu'il se souvienne, elle était allumée en permanence, mais c'était impossible de s'intéresser à une autre chaîne que Cartoon Network (non pas que Danny ait quelque chose contre Scooby Doo, mais c'était juste qu'il avait très vite compris le principe du dessin animé et qu'il n'avait jamais trouvé que les personnages soient très profonds) ou MTV, ce qui pour Danny était pire parce qu'il n'avait vraiment jamais compris l'intérêt de types qui chantent en utilisant plus de gros mots que de vocabulaire courant. Bref, Planet ou CNN étaient à proscrire à l'intérieur du foyer, à moins d'être suicidaire... Quant à l'époque de l'Hyperion, Wesley et Angel avaient souvent été trop occupés à lui apprendre toutes sortes de choses pour lui laisser le temps d'allumer le poste... ici, il était plus libre. Bon, il allait devoir aller à l'école en Septembre, mais en attendant on le laissait relativement tranquille. Même s'il n'y avait que Xander à le laisser se balader complètement seul à Sunnydale, tous les autres prétendant que la ville était trop dangereuse.

Quand les dernières images apparurent à l'écran, Danny quitta le canapé sur lequel il s'était affalé et éteint l'écran, faisant régner dans la pièce un silence seulement troublé par le ventilateur. Il bailla, en pensant qu'il parlerait du documentaire à Jaime le lendemain. Le sommeil commençait à le gagner... Aller nager tous les jours était fatiguant, mais il adorait ça, et après tout, c'était aussi efficace pour se muscler qu'un autre sport. En souriant, Danny releva son T-shirt et se donna un coup de poing dans les abdominaux, et constata avec enthousiasme qu'ils s'étaient effectivement beaucoup endurcis ces derniers temps. Ca ne faisait aucun doute qu'il continuerait d'aller à la piscine. Il y avait quelque chose dans l'eau qu'il adorait, qui le fascinait, même s'il n'arrivait toujours pas à dire quoi, et la présence de ses amis ne rendait que l'endroit plus agréable. Depuis quand est ce qu'il ne s'était pas autant amusé avec des enfants normaux?

D'ailleurs, il savait que Fabrizio, Ben et Jaime étaient tous les trois censés bientôt partir en camp de vacances, et il était un peu triste à l'idée de se retrouver encore tout seul. Bien sûr il restait Dawn, et Willow et Tara et Xander, et puis aussi son futur frère ou sa future sœur, mais il avait des doutes quant aux interactions possibles avec un bébé dans le ventre de sa mère. Dans tous les cas, ça ne devait pas être très passionnant... Peut-être qu'il pourrait demander à aller en camp de vacances? Danny tenait tellement à ses nouveaux copains. Il avait découvert ce que c'était que d'avoir des amis normaux, et même si une partie de lui restait persuadée qu'il n'allait pas à la piscine par hasard, il avait aussi une activité d'humain normal, et ça lui suffisait à être heureux. Et en plus il avait appris à gérer complètement l'omniprésence des démons à Sunnydale, il n'en était presque plus gêné...
Quittant le salon, il commença à grimper les escaliers, et s'arrêta à quelques marches du palier du premier étage, les yeux fixés sur la partie droite du couloir. Atténués par la distance et la porte fermée, des bruits de draps froissés et de ce que Danny identifiait comme des gémissements (*de douleur? De joie?* Il n'arrivait pas à se décider) parvenaient jusqu'au petit garçon. Il resta immobile dans l'escalier, partagé entre la honte (*de quoi?*), une sorte de appréhension (*stupide*), et un sourire malicieux. Un instant il fronça un sourcil, considérant l'option de s'approcher de la chambre pour comprendre ce qu'il se passait vraiment. 'Ils prennent leur pied quand ils sont ensemble.' Danny se souvenait avoir entendu cette phrase dans la bouche Xander, mais la phrase s'adressait à Willow, et il n'était probablement pas censé avoir écouté. A la réflexion, il n'était pas sûr de savoir ce que 'prendre son pied' voulait dire. Bien sûr il avait compris que ce n'était pas à prendre au pied de la lettre (si ça avait été le cas, il ne voyait pas pourquoi Xander l'avait chuchoté à Willow pour ne pas qu'il entende. Quel mal pouvait-il y avoir à prendre son propre pied? Ou à prendre le pied de quelqu'un d'autre?), mais... *et la vraie signification?* A juger par les différents éléments qu'il possédait, cela voulait sûrement dire que Buffy et Angel étaient heureux ensemble, et ça correspondait à l'image qu'il avait d'eux. Mais si ça avait un sens plus particulier... A quelques secondes de réflexion, Danny décida que 'prendre son pied' était sans doute un synonyme de 'être très très heureux'. Ou alors un équivalent à 'faire l'amour', une autre expression qui restait obscure. *Faire l'amour, c'est peut-être une métaphore pour faire le bien? L'amour c'est bien, faire l'amour c'est peut-être quelque chose dans la Bible, comme répandre l'amour autour de soi, quelque chose comme ça. Angel n'aime pas trop la religion pourtant.* Danny se promit de vérifier auprès de Xander toutes les significations, ou alors auprès de Dawn si Xander esquivait la question comme les adultes (même jeunes) savent parfois si bien le faire.

Il finit de monter les escaliers sur la pointe de pieds, et une fois qu'il fut dans le couloir, il se surprit à être pris d'une peur terrible et il courut jusqu'à sa chambre à l'autre bout. Comme si tout à coup il avait craint ce qui se passait dans la chambre, ou craint que la porte s'ouvre à grande volée, et qu'on l'accuse de se mêler de ce qui ne le regardait pas. Il ferma vite la porte derrière lui, et alla prendre le walkman de Dawn pour écouter la cassette de musique que Gunn lui avait offert. Il s'installa sur son lit et prit un livre en français prêté par Angel pour 'améliorer sa compréhension écrite', les écouteurs sur les oreilles. Un instant il crut entendre quelque chose (*un cri?*) dans la maison, et il enleva ses écouteurs, mais un quasi-silence était de retour. Mal à l'aise sans savoir pourquoi, il reprit sa lecture.


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Une fois les Chroniques Noires en main, Lindsey n'avait pas eu de mal à trouver la formule dont il avait besoin. Décidé à régler le problème d'Angel le plus vite possible, il s'était excusé auprès d'Amanda et s'était esquivé vers un cimetière, loin de son fils qui avait subitement décidé qu'il voulait absolument le suivre. Lindsey avait du mal à comprendre le raisonnement de Fabrizio, et il avait l'esprit ailleurs. Il n'avait pas vraiment de pitié pour le petit garçon, loin de là. On l'avait toujours élevé en lui apprenant à respecter ses parents, à toujours obéir aux ordres, à ne jamais les embêter, et voilà que la nature lui donnait un fils rebel. C'était surtout cette impression de caprice que Fabrizio avait donné qui permettait à Lindsey de ne pas se sentir coupable. C'était une crise, ça allait lui passer. Après tout, il n'avait que dix ans, il n'était encore rien, il ne comprenait encore rien.

Sur le chemin du cimetière qui hébergeait une crypte adéquate à l'incantation, Lindsey avait aussi appelé Holland pour lui parler de la rencontre de la veille avec les deux anglais, et pour lui faire part de la réflexion qu'il avait mené sur le petit futur Guerrier. Il était maintenant persuadé qu'il aurait grand intérêt et honneur à gagner dans le fait de récupérer Danny quand Angel serait hors de jeu... et Holland le lui avait confirmé. Lindsey sourit en y repensant. Enfin quelque chose qui allait le remonter dans l'estime des grands patrons de Wolfram & Hart... et à laquelle Luis n'avait pas pensé. *Et c'est peut être le mieux...* Par contre, le coup de fil lui avait fait réalisé quelque chose: le partenariat avec les anglais n'était qu'un leurre. 'Un leurre pour eux, évidemment', avait expliqué Holland. 'Le but n'est pas qu'ils nous aident, nous n'avons en aucun cas besoin d'eux. Il s'agit de leur mettre de notre coté pour nous éviter des complications, pour qu'ils ne deviennent pas, aux moments cruciaux, des ennemis inattendus, tu saisis la nuance? En scellant cette alliance, ils se sont mis à notre botte sans s'en douter... et de plus, nous sommes ainsi de nouveau les seuls sur le plan que nous avons pour tu-sais-qui.' *Bien sûr.* Lindsey s'en voulait de n'y avoir même pas songé avant...

Il arriva devant la crypte, et entreprit d'ouvrir le livre à la page prévue. Il relut rapidement la passage concernant l'incantation, qui se trouvait dans la partie 'Forces Supérieures et leur Opposés' (il avait rapidement sauté les longues explications sur les Pouvoirs Supérieurs). "Incantation d'appel d'un Elcaro. Tout comme les diverses formules destinées à entrer en contact avec des éléments liés aux Powers-That-Be, celle-ci requiert un statut spécial. Tout être souhaitant accéder à un Elcaro doit être reconnu comme un Guerrier des Forces du Mal, ou posséder un laisser-passer.' Lindsey buta contre la dernière phrase. Mince, il avait loupé ça la première fois. Il ne pensait pas pouvoir se désigner comme un Guerrier, et comment aurait-il pu avoir un laisser-passer? Il s'arrêta un instant, puis décida qu'il tenterait quand même. La solution à tous ses problèmes se trouvait peut-être ici, il n'allait pas la laisser s'échapper sous prétexte qu'il pourrait lui manquer un élément.

Il s'installa, et sortit tous les ingrédients nécessaires de son sac, en remerciant le ciel que le sort puisse se réaliser seul. *Au moins, comme ça je n'ai pas Luis sur les bras... et j'aurais tout le crédit pour avoir fait ça.* Alors qu'il disposait les trois feuilles de laurier dans une urne de terre cuite, il réalise que c'était sa première incantation seul... D'habitude, il avait toujours eu quelqu'un à ses cotés, que ce soit Holland ou simplement Lilah... Il frissonna un instant, mais s'empêcha d'y penser. *Après tout, pourquoi est ce que je n'y arriverais pas? Ce n'est pas plus dangereux que d'habitude.* Il reporta ses pensées sur son futur qui s'annonçait brillant, et rassuré, il commença à réciter la formule, après avoir enflammé les lauriers.

- "Toi de l'Ombre, je t'implore. Viens jusqu'à moi pour me guider vers l'Obscurité. J'implore ton savoir..."

Il y eut un flash de lumière qui éblouit Lindsey, et quand il ouvrit de nouveau les yeux, il découvrit Stender debout devant lui, ce qui le fit imperceptiblement sursauter. *J'ai réussi.* Stender n'avait pas changé, et il jeta un coup d'œil autour de lui, la toge rouge toujours enroulé autour de lui. Derrière, Lindsey eut juste le temps d'apercevoir la porte de la crypte, qui s'était illuminée, reprendre sa teinte normale.

- "C'est toi, Etre Inférieur.." fit Stender. Sa voix semblait encore plus froide que la première fois. "Je finissais par croire que tu m'avais oublié, Lindsey." Il eut un sourire amusé en constatant que le changement de 'Etre Inférieur' à 'Lindsey' avait étonné ce dernier. "Excuse moi pour la langage, mes origines me reprennent des fois..."

- "Comment -comment est ce que j'ai pu vous contacter?" Lindsey essayait d'avoir l'air sûr de lui, mais il restait effaré d'avoir réussi à faire apparaître un démon d'un claquement de doigts. "Est ce que j'ai un laisser-passer?"

- "Bien sûr," répondit Stender, déjà ennuyé par la conversation. "Je t'en ai laissé un la dernière fois. Pourquoi m'appelles-tu, alors?"

- "Vous m'en avez laissé un?" répéta Lindsey. "Mais je n'ai rien-"

- "Il ne s'agit pas d'un laisser-passer matériel," fit un Stender agacé. "Pourquoi m'as-tu appelé?"

- "J'ai retrouvé Angel," répondit Lindsey avec un sourire vainqueur. Il gagnait en assurance.

- "Ici? Dans cette ville?" demanda Stender en jetant de nouveau un coup d'œil aux alentours.

- "Oui," confirma Lindsey, quelque part déçu de ne pas voir d'étonnement traverser le visage du démon.

- "Il est avec la Tueuse." La phrase sonnait plus comme une affirmation, et Lindsey décida de ne pas répondre. "J'aurais du m'en douter," continua Stender. "C'est pour ça que mes émissaires ne reviennent pas... Ils le trouvent, mais ils se font tuer. Bien sûr. J'avais entendu dire que la Tueuse avait donné du fil à retordre à plus d'un..."

- "Vous allez l'éliminer maintenant?" demanda Lindsey. "J'ai quelques conditions à faire valoir."

- "Je vais probablement rassembler quelques sbires. Ca ne prendra pas plus de deux jours... Après-demain, je pourrais m'occuper du cas d'Angel... Tu as des informations sur lui?"

- "Oui, j'ai tout rassemblé. Je sais où il habite, je connais le code d'entrée. Je peux vous donner ce que vous voulez."

Stender eut un sourire méchant, qui mit Lindsey légèrement mal à l'aise.

- "Je ne pensais pas qu'un humain pourrait me servir aussi bien."

- "Je ne vous sers pas. Je tiens à m'en débarrasser, c'est pour ça," se défendit Lindsey. "D'ailleurs, je voudrais vous faire part de quelque chose. Il vit avec un enfant. Un jeune garçon, que je voudrais récupérer. S'il est dans l'appartement quand vous y irez... je souhaiterais que vous ne le blessiez pas. Je veux récupérer sa tutelle."

- "Tu veux te charger de l'Enfant Lien... comme c'est touchant," ironisa Stender, et de nouveau Lindsey fut étonné qu'il sache aussitôt de quoi il parlait. "Mais je veux bien t'accorder cela. Si tu me donnes réellement l'opportunité de faire enfin face à Angel, je peux bien te laisser la vie et le pouvoir de l'Enfant... je n'en serais plus à ça près."

Lindsey fronça un instant les sourcils, pas certain de comprendre les sous-entendus, et de nouveau un trouble le reprit. *Dans quoi est ce que je m'aventure?*

- "Donc... est ce qu'on se revoit avant que vous ne lanciez l'attaque?"

- "Oui. Je viendrais te voir dimanche matin, pour te faire part de l'avancée des choses... et te dire avec exactitude quand est ce que je lancerais l'attaque. Au revoir, Lindsey."

Un autre éclair éblouit Lindsey, le projetant à terre, et dès qu'il réussit à ouvrir les yeux, il était de nouveau seul dans le cimetière, allongé dans l'herbe froide de la nuit.

Partie 6